Aimer les toros, c’est chaque après-midi vers les cinq heures croire au Père Noël et aller à ses rendez-vous…
Ainsi s’exprimait Jean Cau à propos des aficionados et s’il fallait un exemple pour étayer son propos, ce serait incontestablement cette dernière feria de San Miguel sévillane. En effet, trois corridas de « no hay billetes » sur trois… pour en fin de compte trois déceptions !
La corrida de clôture n’a pas hélas échappé à la règle, à l’image du premier adversaire de Morante dont il eut la bonne idée de se débarrasser bien vite ! Quant aux autres, s’il y eut un peu de tout, la plupart n’ont pas donné le jeu escompté, sauf en de trop rares moments, pour relever une sauce bien fade. Bref, on a souvent cherché la caste…
Morante de la Puebla : silence puis saluts.
Andrés Roca Rey : silence aux deux.
Javier Zulueta : saluts et applaudissements.
Cette corrida a été surtout marquée, outre la piètre qualité du jeu des toros de Núñez del Cuvillo, par l’actuation de Morante à son second pour quelques gestes de grande musique, ainsi que par l’alternative du torero local Javier Zulueta.
C’est donc avec le cuarto que celui de La Puebla allait enchanter le cirque sur quelques gestes précieux au capote avant une faena comprenant plusieurs séquences brodées dans le meilleur tissu, notamment à gauche, dans un ensemble toutefois irrégulier à cause d’un opposant qui ne dura guère. Mais ce n’était déjà pas si mal…
Bien entendu, Zulueta n’a pas manqué d’encouragements dans une arène toute acquise à sa cause.
Il brinda le toro de la cérémonie à son alguazil de père puis face à l’exemplaire le plus propice de l’envoi, le toricantano étala son savoir-faire par bribes face à un public visiblement ravi. Las, la ferraille le priva du succès, sans toutefois complètement gommer la bonne impression laissée avant. Avec l’ultime, il ne retrouva pas les mêmes possibilités éventuelles de triomphe et après un brindis à mère et sœur, il dut se contenter malgré son évidente envie de quelques mouvements aussi méritoires que sporadiques. Mais au final, l’impression laissée par Javier semble prometteuse pour la suite. A condition de tomber sur un bétail plus enracé… On notera au passage un geste de réconciliation sous forme d’abrazo entre Morante et Roca Rey, le calumet de la paix étant fumé sous l’ovation, comme il se devait dans cet antre…
Andrés Roca Rey n’a pas connu un après-midi de rêve, sans qu’il soit peu difficile d’en trouver la cause. Son premier a été renvoyé aux corrales après la pique et remplacé par un sobrero de la même maison qui se signala à l’épreuve des piques. A la muleta, il se montra peu à son avantage et tua mal. Avec le manso sorti en cinquième position, le Péruvien ne put réussir le desquite, se faisant de surcroît » bachoucher », sans toutefois de fâcheuses conséquences. Et ce fut à peu près tout…
Photos : Ferdinand De Marchi