Pour commencer, je vous ai mis sa photo.
Elle faisait partie du paysage taurin.
Je l’avais croisée dans un des rades en bois qui fleurissent dans les couloirs de la Maestranza.
Elle buvait une canette de «Mahou».
Au goulot.
Cayetana Fitz-James Stuart y de Silva Rivera y Martínez de Irujo était l’héritière de la dix-huitième génération d’une famille aristocrate castillane.
Sûr qu’avec un blaze pareil, elle ne travaillait pas comme embouteilleuse à la Source Perrier ou comme coiffeuse au «Beauty Africa» du 14 rue Roussy !
Tu t’imagines bien aussi que personne ne l’appelait «Cayé », encore moins «Mamie» ou «Bouclettes», mais Votre Altesse la Duchesse d’Albe.
Pour suivre, té, vé, je te file ses titres de noblesse (fais méfi, papa, parce qu’il y en a plus que de curés en Lozère !) :
Quatre de duchesse :
– XIème duchesse de Berwick
– IIème duchesse de Arjona
– XVIIème duchesse de Híjar
– XVIII ème duchesse de Alba de Tormes
Un de duchesse comtesse:
– XIVème comtesse-duchesse de Olivares
Dix-neuf de comtesse:
– XVII ème comtesse de Aranda
– XXII ème comtesse de Lemos
– XIX ème comtesse de Lerín-condestablesa de Navarra y de Éibar
– XX ème comtesse de Miranda del Castañar
– XVI ème comtesse de Monterrey
– XX ème comtesse de Osorno
– XVIII ème comtesse de Palma del Río
– XX ème comtesse de Villalba
– XXV ème comtesse de San Esteban de Gormaz
– X ème comtesse de Santa Cruz de la Sierra
– XVIII ème comtesse de Andrade
– XV ème comtesse de Ayala
– XIV ème comtesse de Casarrubios del Monte
– XIV ème comtesse de Fuentes de Valdepero
– X ème comtesse de Fuentidueña
– XVI ème comtesse de Galve
– XVII ème comtesse de Gelves
– XIX ème comtesse de Guimerá
– XXV ème comtesse de Ribadeo
Dix-sept de marquise :
– XII ème marquise de La Algaba
– XII ème marquise de Almenara
– XXI ème marquise de Bancarrota
– XVI ème marquise de Castañeda
– XIX ème marquise de Coria
– XII ème marquise de Eliche
– XVIII ème marquise de Mirallo
– XX ème marquise de la Mota
– XX ème marquise de Moya
– XVII ème marquise de Orani
– XI ème marquise de Osera
– XVI ème marquise de San Leonardo
– XIX ème marquise de Sarria
– XII ème marquise de Tarazona
– XVII ème marquise de Valdunquillo
– XXI ème marquise de Villanueva del Fresno
– XVI ème marquise de Villanueva del Río
Un de damoiselle:
– XXIX ème damoiselle de Moguer.
Quand elle faisait refaire ses cartes de visite chez Marceau, l’imprimeur prenait peur !
Elle possédait deux palais à Séville, quatre à Madrid et plein d’autres un peu partout.
Elle avait une collection d’art plus belle que celle du papa d’Anne Sinclair ou de Pierre-Jean Chalençon, le chevelu de cette émission imbécile qu’est «Affaire conclue» qui est à l’audiovisuel ce qu’est BHL à la philosophie ou ce que Pepe Calabuig était à l’apoderamiento.
Entre autres : La première édition de Don Quichotte, la première carte de l’Amérique de Christophe Colomb, le testament de Ferdinand le Catholique, un autographe de Simon, un autre de Pauline, des œuvres de Goya, Velázquez, Rubens, Rembrandt, Picasso, Renoir ou du Titien, un menu dédicacé par Etiennette Martin, une fougassette avec l’empreinte des dents de Toñete… y pico.
Quant à ses bijoux à la Cayetana, en comparaison ceux des familles Crégut, Colomb de Daunant et Dufoix réunies sembleraient être sortis d’un vide grenier à Mus !
Enfin, vous avez compris….
La fortune de Mémère était estimée entre 600 millions et 3,5 milliards d’euros.
Más o menos.
Voilà la duchesse qui, d’après ce que j’imagine, ne votait pas communiste…
Aussi, si tu l’avais rencontrée aux Halles ou en achetant «Aplausos» avec les photos exclusives de la hernie hiatale de Ponce, quatre tickets de «Fétiche», un de « Morpion », « L’écho du Vidourle », Télé 7 jours » et tes clopes au tabac de la rue St Antoine, je crois qu’elle aurait eu de quoi te payer un café !
Il ne fallait pas hésiter, même si moi, tout bien pesé et outre le fait que je la trouvais très sympa la mamie, bien qu’elle n’ait jamais voulu sponsoriser Nîmes Olympique ou apodérer un torero français, j’aurais préféré boire un coup avec les autres.
La duquesa con pelo rizado murió le 20/11/2014, soixante et un jours après la corrida de Daniel Ruiz du dimanche des vendanges nîmoises que tuèrent les ci-devant Juan Bautista, Alejandro Talavante et Daniel Luque.
J’ai appris sa mort deux mois après.
Son entourage immédiat ne m’en a pas informé.
Ça, ce n’est pas normal !
La suite… demain.
Patrice Quiot