Venin…

 

Une langue.

Celle des toros.

 

Une religion.

La même.

 

Une patrie.

Les plazas de las cinco de la tarde.

 

Un drapeau.

La muleta.

 

Une fête nationale.

Celle de son pueblo.

 

Un monument

La naturelle au centre.

 

Un hymne.

Los clarines qui annoncent el toro del verano.

 

Une capitale.

Madrid ou Séville.

 

Mais aussi.

Torremocha ou Brocas.

 

Un passeport.

L’aficion.

 

Une valeur.

La caste.

 

Une morale.

La noblesse.

 

Un même sang.

Le toreo.

 

Une histoire.

Qui naît au bord du ravin de Ronda.

 

Avec les Maures.

Comme ancêtres.

 

Avec le venin.

Qui court dans ses veines.

 

Il parcourt l’univers.

Des ferias de cajao.

 

Et celui.

Des fêtes de village.

 

Les deux.

Sont ses cartes d’état major.

 

Il suit son torero.

Comme les mobiles homes du Tour de France.

 

Et son encaste de prédilection.

Comme les Rois Mages l’étoile de Bethléem.

 

Autopistas et carreteras.

Sont ses sentiers de guérilla.

 

Noir, blanc.

Ou jaune.

 

Gros, maigre.

Ou mesclaito.

 

Bien vestido.

Ou de payaso.

 

Braillard.

Ou taiseux.

 

Pro.

Ou anti Simon.

 

Médecin, plombier.

Ou chômeur.

 

Pro Vic ou Céret.Par voie de conséquence, anti Dax et Nîmes.

 

Et.

L’inverse.

 

Avec le venin.

Qui court dans ses veines.

 

Beau, laid.

Bête ou intelligent.

 

Cultivé.

Ou ignare.

 

De bonne compagnie.

Ou pesado.

 

Il aime.

Les ventas des bords de route.

 

Les abrazos de soleil.

Des amis.

 

Et les arrivées de nuit.

La veille dans les villes en fête.

 

Il ne connaît de la guerre.

Que celle des opinions.

 

Des bombes.

Que celles des cohetes ou des abrivados.

 

Des prisons.

Que celles de la peur.

 

Et des dévotions.

Que celles des chapelles blanchies de chaux.

 

Une langue.

Celle des toros.

 

Une religion.

La même.

 

Aficionado a los toros.

Il est.

 

Avec le venin.

Qui court dans ses veines.

 Patrice Quiot