« Se acabó el toreo»…

C’est par ces mots que Guerrita, en apprenant la mort de Joselito, envoya ses condoléances à El Gallo. Morante est parti à la surprise générale en ouvrant la grande porte de Madrid. Un départ qui laisse les aficionados orphelins. Dans une interview donnée à El Mundo le matin même de ce 12 octobre, Curro Vázquez déclarait « la tauromachie ne peut pas perdre son côté bohème » ; une déclaration qui sonne ce matin comme une prédiction. Le dernier dépositaire du toreo bohème était Morante. Morante, comme l’affirme Domingo Delgado de la Cámara, est sans nul doute le plus grand torero de l’histoire, un génie, un créateur, un visiteur du soir qui réécrit l’histoire en feuilletant les gravures de la lidia et dépoussière le toreo de toujours. A cela, il faudrait ajouter la régularité qui n’est pas l’apanage des artistes.

Morante est parti au bon moment. Après une temporada dessinée sur les sommets de la torería. « Partir c’est mourir un peu, mais rester trop longtemps, c’est mourir tout à fait » écrivait Musset. Morante aurait pu trainer ses zapatillas sur le sable des arènes un peu plus longtemps, mais comme le dit le dicton « Entre la folie et la bohème, il n’y a que le cœur d’un artiste qui bat trop fort .» Hier soir la grande porte de Madrid, malgré les multitudes, était la plus triste de son histoire.

Adíos Morante…

Texte et photo de Jean-Charles Roux