Et lilas et or était la couleur de son costume…

 

C’est fini.

 

Il était 19h35.

Quand ce dimanche 12 octobre 2025, au centre de la piste de La Ventas.

Seul, en larmes.

José Antonio Morante Camacho «Morante de la Puebla».

Le plus grand torero de toute l’histoire de la tauromachie.

S’est coupé la coleta.

 

Et lilas et or.

Était la couleur de son costume.

 

C’est fini.

 

« Ce vertige de soleil ! cette couleur

Des Goya qui bougent et chantent – ce que jette

L’éclat des éventails, des fleurs,

Des lèvres et des yeux sur les plazas en fête

À Séville, à Madrid, partout où l’on entend

Des grelots et des castagnettes… »

 

C’est fini.

 

« Pardonnez-moi de ne plus voir que la beauté

Du poème barbare, et d’oublier l’épée

Sous la cape écarlate…

Il faudrait moins d’été,

Moins de soleil peut-être et de roses coupées,

Moins d’éventails ouverts et de gens qui se hâtent,

Pour dire – le pensant – : Je ne veux plus vous voir,

Ô corridas de muerte »

 

C’est fini.

 

« Le soleil de vingt cieux a mûri votre vie.

Partout où vous mena votre inconstante envie,

Jetant et ramassant,

Pareil au laboureur qui récolte et qui sème,

Vous avez pris des lieux et laissé de vous-même

Quelque chose en passant ! »

 

C’est fini.

 

« On avait compté sans la dispersion souveraine.

Comment feindre

Et même oublier,

Le vertige secoue les miettes après le banquet ».

 

C’est fini.

 

Un coup de tonnerre.

Un terremoto.

Une déchirure.

Une chaise vide.

 

C’est fini.

 

Et la foule.

Immense.

Grandiose.

Ivre d’émotion.

Presque comme une autre le 1er juin 1885.

Celle suivant le corbillard des pauvres où reposait Hugo.

 

C’est fini.

 

Et loin et près à la fois.

Ne sachant sans lui que maintenant faire.

Les empresas apeurées.

Du pognon risquant de se perdre.

Se tordant les mains de désespoir.

 

C’est fini.

 

Il était 19h35.

Quand ce dimanche 12 octobre 2025, au centre de la piste de La Ventas.

Seul, en larmes.

José Antonio Morante Camacho «Morante de la Puebla».

Le plus grand torero de toute l’histoire de la tauromachie.

S’est coupé la coleta.

 

Et lilas et or.

Était la couleur de son costume…

 

Photo : Plaza1

Patrice Quiot