Parfait…

 

Parfaitement centré.

Et statique.

Parfaitement comme il convient.

 

Parfaitement droit.

Et ajusté.

Parfaitement dans la règle.

 

Parfaitement volontaire.

Et engagé.

Parfaitement sincère.

 

Dans le sitio.

Exposant comme il convient de le faire.

Avançant la jambe.

 

Andant bien au capote.

Andant bien à la muleta.

Tuant parfaitement.

 

Parfaitement assuré.

Et efficace.

Parfaitement dans le rôle.

 

Parfaitement ici.

Et là.

Parfaitement partout.

 

Célébré.

Œcuménique.

Inéluctable.

 

Parfaitement impeccable.

Et irréprochable.

Parfaitement parfait dans l’air du temps.

 

Rien ne coince.

Rien ne crisse.

Rien ne dérape.

 

Pas de scories.

Pas d’écarts.

Pas d’épines.

 

Du poli.

Du lisse.

Du sans défaut.

 

Du joli.

De l’agréable.

Du sans tâche.

 

Mécanique parfaite.

De machine parfaite.

Moissonneuse d’oreilles.

 

Avec.

Des centaines de milliers de followers.

Sur Instagram.

 

En un toreo parfait de Prix Goncourt.

Tiré.

Sur papier vélin.

 

Etiqueté avec jaquette.

Médiatisé par les canaux de complaisance.

Vendu avec le copyright des empresas.

 

Toreo parfait.

De merchandising.

De séduction.

 

Toreo parfait.

En littérature de gondoles.

Et de best-sellers.

 

Et.

Qu’on feuillète sans réel émoi.

Dans le confort parfait d’un tendido en fauteuil club.

Patrice Quiot