Cette « Equation pascalienne » extraite de « LOCOS » (Feria des Vendanges 1996), gentil piratage de la revue « TOROS » et amical clin d’œil pour un affectueux hommage aux 20 ans d’alternative de Frédéric Pascal.

Avaient participé à ce fake canaille : Jacques Durand ; Bernard Salignon ; Nicole Lutchmaya ; Jean Rossi ; Serge Navel ; Rodolfo Arias ; Bernard Deliane ; Margaret Quevedo ; Eddie Pons, Laurence Delon y yo.

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L’équation pascalienne

De l’ingénieur breton, Frédéric Pascal possède la logique du raisonnement, la rigueur d’analyse, le souci du détail.

Du gamin méditerranéen, il a la rage sauvage, l’ironie mordante, l’immodération magnifique.

Une mathématique commerciale se serait délectée à rendre complémentaires de tels facteurs contradictoires ; cet assemblage aurait ainsi permis de laisser croire que pour le bien d’une économie des contraires peuvent naturellement se réunir.

Une mathématique politique aurait également pris plaisir dans cette équation paradoxale en concluant que la réalité sociale se situe dans le ventre mou du consensus.

Mais la mathématique tauromachique relève d’un ordre dans lequel poser le problème ne veut pas dire le résoudre d’autant, qu’en ce qui concerne notre ami, de multiples excentriques viennent biaiser le raisonnement.

En effet, quand Frédéric torée, ses capotazos géométriques sentent vite le soufre ; quand il parle, ses mots calibrés allument aussitôt des incendies et quand il accuse ses analyses millimétrées claquent comme des drapeaux rouges.

Ce côté antagoniste de Frédéric fait peur :

Pour les caciques de l’aficion, son intelligence sèche est la marque indélébile de l’hérésie, pour les ayatollahs de la chose taurine ses lunettes de myope le stigmate d’une punition divine, pour la plupart, sa coupe de cheveux la preuve irréfragable d’un attouchement du malin.

En plus, étrange vibrion libre dont les cils vibratiles captent tout, le professionnel ingère, dissèque, réagit à la moindre information et, merveilleux franc-tireur ou permanent embusqué, il tire aussitôt à boulets rouges sur tout ce qui entrave le combat qu’il mène depuis près de cinquante ans.

Cette constante dans la démarche, cette rémanence de l’attitude pourraient être les bases de la solution de notre problème.

Mais, dès qu’on pense tenir le fil conducteur de la variable pascalienne, voilà soudain que la formule se complique.

Car Frédéric sait aussi sourire à l’édenté, charmer le sans grâce, être élégant avec le cuistre, généreux avec le rance, courtois avec le vulgaire, affectueux avec le sans cœur et, bien entendu, détestable avec l’ami.

Aussi, pour ne pas m’y retrouver, pour faire perdre leurs papiers aux grands explicateurs et faire fracasser les catégoriques imbéciles, je compliquerai une arithmétique humaine unique en y ajoutant deux facteurs supplémentaires de distorsion :

Un Pascal qui a fait un jour le paseo avec sa montre au poignet et ce même Frédéric qui, il y a bien longtemps, logea dans une sorte de poulailler, là-bas, près du Puerto de Santa María…

Patrice Quiot