Entretien avec le matador Marcos Linares que l’on retrouvera samedi prochain à La Paluna, à l’invitation des Chicuelitos…

 

Samedi prochain, Marcos Linares viendra à La Paluna, ainsi que Dorian Canton, pour lidier un toro de Roland Durand à l’invitation du Club Taurin « Los Chicuelitos ». A ce propos, Marcos n’est pas tout à fait un inconnu puisqu’en 2021, il s’était illustré en remportant à Bellegarde le Trophée Sébastien Castella, les aficionados du Sud-Ouest ayant pu aussi le découvrir à l’occasion de quelques incursions. Autres hauts faits d’armes, Marcos a remporté la même année l’Alfarero de Plata de Villaseca de la Sagra. En 2023, il a été déclaré vainqueur du Circuit des Novilladas Andalouses lors de la finale dans la Maestranza de Séville…

Apodéré par Juan Ruiz Palomares, longtemps apoderado d’Enrique Ponce, une référence s’il en est, puis par Alberto Aguilar, Marcos cherche actuellement un nouveau mentor…

 

Linares… Est-ce ton véritable nom ou simplement un nom d’emprunt pour le toreo ?

Effectivement, beaucoup de gens me demandent si c’est mon véritable patronyme, mais non, c’est mon nom de torero.

 

C’est vrai que de nombreux toreros, et non des moindres, sont nés à Linares, cité taurine du nord de l’Andalousie. Est-ce ta famille qui t’a inculqué le virus du toreo ?

Mon grand-père m’a emmené voir une corrida à Linares pour la première fois à l’âge de trois ans, où se produisaient José Tomás, Finito de Córdoba et Curro Díaz. Dès lors, raconte mon grand-père, je n’ai plus rêvé que de corridas et de devenir torero moi-même !

 

Comment se sont déroulées les premières étapes de ta trajectoire : école taurine, appui de professionnels… ?

À neuf ans, je me suis retrouvé pour la première fois devant un veau, mais mes parents ont refusé de m’inscrire à l’école de tauromachie avant mes onze ans, me jugeant trop jeune. J’y suis resté jusqu’à mes seize ans. C’est là que j’ai rencontré María Jesús Gualda, propriétaire de l’élevage El Añadío, et j’y ai poursuivi ma formation, toujours accompagné de professionnels de la tauromachie.

 

La suite… ?

Ma première participation dans une arène a eu lieu une semaine après mon entrée à l’école taurine. Mes professeurs avaient remarqué mon enthousiasme pour la tauromachie et le fait que je m’entraînais déjà à la maison. J’ai tout fait pour ne pas les à décevoir, et cela s’est très bien passé : je me suis alors illustré face un veau.

Puis en novillada non piquée ?

J’ai fait mes débuts avec les picadors à dix-sept ans, à Morón de la Frontera. C’était un jour que j’attendais avec impatience et que je désirais ardemment, car il marquait une étape importante dans ce métier, qui est ma vie. J’ai pu couper deux oreilles.

 

Quand as-tu commencé à penser à l’alternative ?

Depuis mon plus jeune âge, je rêvais de devenir torero professionnel. Un jour, mes managers décidèrent que c’était la meilleure chose à faire… C’était un jour que j’attendais depuis longtemps, car je réalisais enfin mon rêve de toujours, même si les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu… Le jour J, le 14 octobre 2023, mon alternative a eu lieu dans les arènes de Jaén, avec Emilio de Justo comme parrain et Juan Ortega comme témoin.

 

Après cette première corrida, comment ça s’est passé pour toi ?

Ce n’est pas à moi d’en juger, mais il est vrai que depuis que je suis devenu torero à part entière, je n’ai pas eu l’occasion de porter le traje de luces.

Comment peux-tu qualifier ton style ?

Je qualifierais mon style de tauromachie de très personnel ; je laisse chacun le décrire selon ce qu’il ressent en me voyant dans l’arène.

 

Quelles sont tes suertes favorites ?

Mes passes préférées sont les véroniques et les passes de la gauche, et même si elles ne sont pas toujours très efficaces, j’apprécie vraiment les mises à mort.

 

As-tu des modèles parmi les toreros actuels ou retirés ?

Parmi les plus importants, je retiens Enrique Ponce, Morante de la Puebla, Roca Rey, Curro Díaz, Pablo Aguado, Manzanares Sr., Rafael de Paula et Curro Romero. J’admire toujours les toreros, mais ceux-ci, présents ou passés, sont actuellement mes modèles.

 

Et les toros, as-tu des encastes ou des élevages favoris ?

J’aime toutes les races. Je pense que le meilleur torero est celui qui peut affronter le plus grand nombre de races différentes, même si, de par mon lien avec El Añadío, je me sens particulièrement attaché à l’encaste Santa Coloma.

Où vis-tu actuellement et comment et avec qui t’entraines-tu ?

Je vis à Linares et je m’entraîne avec mon coach personnel, principalement en salle ces derniers temps. Je vais parfois au campo quand l’occasion se présente.

 

Vois-tu la France comme un élément important pour l’éventuel avancement de ta carrière professionnelle ?

J’ai toujours admiré et respecté la France pour sa juste reconnaissance des toreros qui le méritent et le gagnent dans l’arène. Depuis que cette opportunité s’est présentée à moi, je pense qu’après être devenu matador à part entière, c’est ce que j’ai de plus précieux. Je vais saisir cette chance au maximum, et advienne que pourra…

As-tu une arène préférée ?

Mes arènes préférées sont les arènes royales de la Maestranza de Séville.

Quel est ton objectif pour la temporada 2026 ?

Mon rêve pour 2026 est de pouvoir combattre à nouveau. La tauromachie a toujours été ma vie ; vivre sans combattre les taureaux, pour moi ce n’est ne pas vivre ! Je veux donner le meilleur de moi-même à chaque occasion qui se présente, pour ne jamais avoir à renoncer à la tauromachie.

 

Tu t’es bien préparé par rapport à ton rendez-vous de samedi prochain ?

Comme je l’ai dit, c’est une occasion unique, la plus importante pour moi depuis mon remplacement. Je vais tout donner. Bien sûr, je suis reconnaissant à mon ami Rafael Coulomb et aux Chicuelitos pour m’avoir offert cette formidable opportunité.

Je garde un souvenir impérissable de cet après-midi d’août à Bellegarde, où j’ai été porté en triomphe par la foule et où j’ai démontré mes talents de tauromachie devant un public si respectueux et distingué. Et quelle victoire au Trophée Sébastien Castella ! J’espère revenir très souvent dans votre pays. Ojalá…

 

C’est évidemment tout le mal qu’on lui souhaite. Suerte pour lui, tout comme son compañero Dorian Canton…