D’Arthur à Conrado…
Ceux de la poussière des routes.
Des chemins de traverse.
De la faim d’écrire.
Et des baluchons à l’épaule.
Guenilles.
De l’errance vers la renommée.
A la porte des libraires.
Et à l’entrée des fincas.
Plaisirs furtifs.
D’une passe volée.
Et d’une fille prise.
Dans l’encoignure d’une phrase.
Nuits.
De cauchemars d’absinthe.
Et de fossés de menthe sauvage.
Avec les mêmes grillons qui chantent.
Ensemble ils vont.
Dans la mélodie creuse.
D’un rêve déconcertant.
D’alexandrins et de passes de poitrine.
Suceurs de cailloux.
Et nourris d’herbe.
Leur destinée.
Est belle.
Les coups de poing.
Les refus.
La poule chapardée et les vers griffonnés.
Font leur quotidien.
Avec le gas-oil.
Des autoroutes.
Et les poèmes.
Jetés à la portière des fiacres.
Avec les pierres.
Des frondes sur les fenêtres des salons.
Et les zapatillas.
En baskets troués des huelgas de hambre.
Ils ne connaissent.
Des autres.
Que les miettes.
Que ceux-là leur jettent.
Deux strophes.
Dans un journal de province.
Et trois muletazos.
A une vache dix fois passée.
Ils ne connaissent.
De Dieu.
Que celui du calvaire.
En haut de la colline.
Mains tremblantes de l’écriture
Jambes meurtries de cicatrices.
Tête penchée sur la feuille blanche.
La couronne d’épines comme seul salut.
Mais ils ont dans leurs poches enfouis.
Roulés en boules de rage.
Des écrits de lumière.
Et des naturelles en lettres cunéiformes.
Des mots
Nouveaux.
Des gestes.
Inconnus.
Qui disent le mépris.
Du facile.
Et la grandeur.
De leur pauvre sort.
Impies
Ils paraissent.
A la vue du monde docte.
Et de celui des barreras.
Bannis.
Exclus.
Chassés.
Mis au ban.
Des soupers d’ortolans.
Sous la serviette.
Et des salones.
De serrano et de manzanilla.
Clochards aux étoiles du style.
Vagabonds brûlés de soleil.
Trimardeurs des murets de Salamanque.
Chemineaux de l’écriture.
De Rimbaud à la jambe de bois*.
A Conrado Abad au visage de marbre.
Ils vont ensemble.
Sur les routes.de l’éternité.
Datos
Conrado Abad Gullón.(28 de octubre de 1926 Castrocontrigo, León/ 9 de noviembre de 2024 Ciudad Rodrigo, Salamanca).
Conrado forjó su identidad como torero desde joven, impulsado por un deseo irrefrenable de ser parte del arte del toreo, aunque en sus primeros años las circunstancias de su familia no apoyaron sus sueños. Desde muy joven se trasladó a Molezuelas de la Carballeda, en Zamora, y a los 16 años decidió emprender su vida bohemia en busca de su pasión: el toreo. Su destino le llevó hasta la provincia salmantina, donde se asentó en Ciudad Rodrigo, una tierra que lo adoptó y lo vio crecer como maletilla.
La figura de Conrado “El Maletilla” pronto se convirtió en un emblema del toreo popular en la comarca mirobrigense y más allá. Su imagen, con el petate a cuestas, la muleta y el cartón de tabaco de contrabando, recorría las carreteras de la región, entre capeas y festejos menores, donde se ganaba el cariño de quienes lo conocían. Aunque nunca alcanzó el estatus de las grandes figuras del toreo, el respeto y la admiración que despertaba entre los aficionados al toreo más humilde y auténtico fueron incuestionables. En cada plaza, en cada fiesta taurina de los rincones más recónditos de la península, Conrado dejaba su huella: la del toreo sin adornos, directo, visceral.
Arthur Rimbaud (20 octobre 1854/ Charleville /10 novembre 1891/ Marseille).
*Les registres de l’hôpital de la Conception accusent un premier séjour de Rimbaud dans cet établissement du 20 mai au 15 juillet 1891. Il y entra une seconde fois le 24 août et y resta jusqu’au 10 novembre, jour de sa mort. Lors de son premier séjour, il subit une amputation de cuisse pour une tumeur au genou. Il n’est fait mention du diagnostic d’un cancer généralisé que lors du second séjour. L’amputation n’avait donc pas pu empêcher la généralisation de l’affection initiale qui était vraisemblablement un ostéosarcome du genou. Que l’affection ait pris naissance à la suite d’un traumatisme (une chute de cheval) est plus que probable. Ce qui est certain, c’est que son évolution fut rapide et que l’intervention chirurgicale ne suffit pas à l’enrayer.
Patrice Quiot
