Los del montón…

 

Déjetés.

Au hasard du vrac de leur errance.

 

Et de leurs souvenirs.

Linceuls des maudits.

 

Où se mêlent.

Le cristal d’une unique tarde de gloire et la misère de toutes les autres.

 

Quelques reseñas jaunies.

Et des photos où ils se voient grands.

 

Dans le cajón de carton.

Rangé au fond de l’armoire de la chambre.

 

Dont la douche.

A l’étage est facturée en plus.

 

Cicatrices de regrets.

Sous le pantalon sans ceinture.

 

Nuits de tourments.

Des cornes toujours si proches.

 

Et la barbe mal rasée.

Devant le miroir des petits matins de givre.

 

Qui dit les rides pas soignées.

Des malades d’un vieil orgueil.

 

Fin de vie fanée.

Semblable aux fleurs flétries dans les bennes.

 

Arène.

De la déchéance.

 

Piso.

De la ruine.

 

Ruedo.

Du désespoir.

 

De ceux qui.

Une seule fois applaudis par ceux qui ne regardaient pas.

 

Et.

Toujours raillés par ceux qui regardaient.

 

Ne connaîtront jamais.

L’honneur d’une ultime vuelta al ruedo.

 

Et le chemin d’immortalité.

Des cèdres de La Almudena et des cyprès de San Fernando.

 

Ombres.

Des cantines.

 

Fantômes

De l’andanada.

 

Silhouettes

Des bars à putes.

 

Ils sourient rarement.

De leurs dents jaunies du mauvais tabac de la déchirure.

 

La faim qui les ronge.

N’est pas celle de l’estomac.

 

Mais celle de pouvoir.

Enfin répondre.

 

Au clin d’œil aguichant.

Des carteles sur les murs de chaux.

 

Au regard ironique.

Des méchants.

 

Et à celui cruel des filles.

Qui se moquent sous cape.

 

Quand ils marchent.

Lentement dans la rue du pueblo où ils naquirent.

 

Portant sur l’épaule.

En guise de capote de paseo leur veste rapiécée.

 

Los del montón.

Ça s’appelle dans la langue cruelle des autres…

Patrice Quiot