Dix aphorismes taurins ibères qu’il est utile d’avoir en poche…
(Ou comment faire le beau à Paris quand est évoquée la corrida)…
« La corrida ne commence pas à cinq heures ; à cinq heures, c’est le paseo ».
« Payer votre billet ne vous donne droit qu’à une seule chose : Vous asseoir. »
(Bernard Salignon)*.
Ce n’est pas trop difficile à retenir et, à raison d’une paire par jour, en une petite semaine l’affaire est entendue.
Quelques conseils sur les bonnes pratiques en la matière.
Ne vous prenez pas la tête pour la prononciation dans la mesure où votre public n’y comprendra rien ; pareil pour le sens qui, bien évidemment, sera intraduisible.
Essayez plutôt de vous concentrer sur la mise en scène.
Choisissez l’endroit ; un dîner dans un restaurant vegan du Marais, un thé au «Deux Magots» ou un brunch dans un hôtel particulier de la rue de Bièvre par exemple.
Choisissez également vos interlocuteurs. Une paire de DRH à la barbe naissante, un nombre égal d’influenceuses french manucurées, un attaché parlementaire écologiste de La Charité sur Loire en catogan, allergique au gluten et friand de tofu, ainsi qu’un avocat spécialiste du droit des animaux en costard Smalto et aux lunettes en écaille représenteraient l’échantillon parfait.
Restez discret, ne vous espoussez pas ; parlez peu, suscitant ainsi des interrogations ; ne vous goinfrez pas de sushis ou de rāmens ; considérez discrètement le pinard avec l’affectueuse attention d’un fin connaisseur ; évitez les signes ostentatoires d’une appartenance, chemise Souleiado, bottes gardianes, cigalon au revers de la veste ou double Ricard dans une momie.
Soyez mystérieux en faisant allusion à la poésie langagière de Pauline ou à la philosophie du monde de Masson ; privilégiez un faux naturel et une naturelle inspiration. Prenez exemple sur les interviews de ces actrices grandes et blondes qui, sur un plateau télé, disent n’avoir eu aucune difficulté à entrer dans la peau d’une vieille pygmée.
Ecarquillez bien les yeux qui doivent obligatoirement farfélèger ; mettez les lèvres bien en avant façon Emmanuelle Béart ; regardez le ciel et joignez les mains en laissant entrevoir un léger bracelet brésilien en laine de couleur et faites en sorte d’avoir la paupière humide quand vous en aurez terminé.
Placez l’aphorisme au bon moment ; incantatoire et complètement décalé par rapport au sujet de la discussion, il n’en prendra que plus de saveur.
Un entraînement quotidien devant le miroir de la salle de bains en guise de toreo de salon est certes recommandé, mais vous verrez que ça ne mange pas de pain, que ça marche à tous les coups et que vous sortirez de la chose con los trofeos máximos..
Dans cet esprit et dans ce corte, ci-dessous les dix qui devraient le faire:
“Los toros son la fiesta más culta que hay hoy en el mundo”. Federico García Lorca.
« Cuando uno elige jugarse la vida, también tiene el derecho de elegir otras cosas« . José Tomás.
« Se torea a compás, como se baila y se canta, a compás, pero también como se vive, o ha de vivirse, a compás« . Rafael de Paula.
« Es moral lo que hace que uno se sienta bien, inmoral lo que hace que uno se sienta mal ». Ernest Hemingway.
« Las broncas se las lleva el viento y las cornadas se las queda uno.». Rafael “El Gallo”.
“Cualquier grano de arena servirá para que la Fiesta siga creciendo y enamorando en todo el mundo. Con ayuda de todos, así seguirá siendo”. Sebastián Castella.
« Si yo fuese dictador en España, prohibiría las corridas de toros; como no lo soy, no me pierdo ni una ». Ramón Pérez de Ayala.
« El único músculo importante en el toreo es el corazón ». Victoriano de la Serna.
« No será necesario que apruebes las corridas de toros. Sea lo que sea, recuerda que puedes estar a favor y nadie pensará menos de ti ». Orson Welles.
Datos
L’aphorisme, en grec aphorismos, du verbe ἀφορίζειν («définir, délimiter»), est une sentence énoncée en peu de mots — et par extension une phrase — qui résume un principe ou cherche à caractériser un mot, une situation sous un aspect singulier.
Par certains aspects, il peut se présenter comme une figure de style lorsque son utilisation vise des effets rhétoriques.
* Bernard Salignon, né en 1948 à Fournès (Gard) est un philosophe et psychanalyste français.
Bernard Salignon fait ses études secondaires au lycée Daudet de Nîmes, puis supérieures aux universités Montpellier-III et de Vincennes où il fréquente assidûment le cours de Gilles Deleuze. Il soutient en 1990 une thèse de doctorat en philosophie sous la direction d’Alain Gouhier.
Il a enseigné à l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier avant de devenir professeur d’esthétique et directeur du département de psychanalyse de l’université Montpellier-III…
Patrice Quiot
