Les plazas insolites de la province mexicaine du Yucatan…

A l’évocation du Yucatan, au Mexique on pense souvent plages, sites archéologiques et tourisme. L’aficionado a los Toros ne choisira sans doute pas cette destination pour assouvir sa passion des toros et optera pour des régions plus réputées en férias d’importance comme Guadalajara, Monterrey, Aguascalientes, León qui se trouvent toutes au Nord de Mexico.

Le Yucatan, après les années fastes de la plaza de toros Silverio Perez de Cancún, qui durant presque 15 ans (1976 à 1989) offrait une programmation régulière digne de la Monumental de Barcelone avec tous les dimanches une corrida, ne peut plus aujourd’hui que se contenter par la programmation très occasionnelle des arènes de la monumental de Mérida, malgré son presque centenaire anniversaire. C’est dans cette plaza que Manolete toréa sa dernière corrida en Amérique le 9 février 1947.

Ce n’est pas pour autant que cette région n’offre pas de spectacles taurins. Des arènes en dur ou portatives accueillent de novembre à février bon nombre de spectacles.

De nombreux villages possèdent des arènes éphémères, montées sur les places, qui sont de véritables joyaux. Si l’arène la plus connue du Mexique, conçue en bois et palme est la « Patatera » dans le village de Villa Álvarez (situé au Sud-Ouest de Guadalajara), l’aficionado trouvera son « bonheur exotique » dans plusieurs villages de la péninsule Yucatèque. La plaza (Kááschór en langue Maya) la plus importante et réputée est celle de Tizimin (au nord de Valladolid) « Plaza de toros artesanal ».

Chaque année, et selon une coutume vieille de plus de 150 ans, à l’occasion des fêtes patronales s’érige une arène provisoire faite sur le modèle des maisons maya. Les bois utilisés sont des essences locales : par exemple, pour la Plaza de Tizimín, on mentionne le xuúl (acacia), le bojom (courbaril arbre tropical) et le kanasín pour les matériaux porteurs (Poteaux, charpentes, structures porteuses). On utilise du « bejuco » (liane) qui sert à amarrer les structures sans clou et uniquement à l’aide de cordes. Pour la partie couverte, des matériaux naturels comme le Huano (Palme) sont employés.

Cette plaza est construite quelques jours avant la première célébration de début janvier (fête des rois) et reste en place jusqu’à fin Janvier.

Ce sont les associations locales appelées « Palqueros » (ceux qui montent les palcos) qui sont chargées de la confection de celle-ci. Cette fonction de palqueros se transmet de père en fils. Les arènes de Tizimin reconnues comme patrimoine culturel immatériel de l’État de Yucatán peuvent accueillir jusqu’à 3500 personnes.

Au Sud Est et à une trentaine de kilomètre de Tizimin, se trouve le village d’Espita.

Ce village qui est  le quatrième le plus peuplé (environ 13.000 habitants) de l’est du Yucatán, s’articule autour d’une très belle église dédiée à Joseph de Nazareth.

Procession à Espita.

C’est autour de cet édifice que s’édifie la plaza de toros.

La féria en l’honneur de l’enfant Dieu d’Espita (Niño Dios de Espita) se déroule d’octobre à début janvier.

Cette année, une corrida de rejón y est organisée le jour de Noël.

A San Francisco el Grande, ce sont des théâtres (Tablao) comme ceux d’Aigues Mortes) qui sont érigés sur la place du village et qui forment une arène fermée assez pittoresque.

On pourrait ajouter à ces plazas pittoresques celle des villages de Kantuni, Tahmek, Polboc, Halacho, Tekantó, Sisbichén, Cenotillo, Bokosa, Temozón, Telchacpuerto et surement d’autres qui sont construites sur le même modèle. Même si toutes n’accueillent pas de corridas de toros formelles, elles permettent de voir des concours de « Lanzos » qui mettent en opposition deux équipes de cavaliers qui doivent attraper au lasso des toros qui sont aussi célèbres que nos taureaux pour la course camarguaise. On peut voir aussi beaucoup de « Charlotadas » sortes de capeas publiques. Selon un communiqué émanant du district d’organisation d’évènements taurins dans le Yucatán, une classification de spectacle régit les différentes manifestations.

Construction Maya

Corrida de Toros Tradicional ou ordinaire qui représentent 70 % du marché taurin sur la péninsule. Ces corridas sont généralement composées par la lidia de 2 à 4 toros par course. Ensuite viennent les corridas de Postín qui comprennent les festivals, novilladas, corrida de rejón. Ces deux catégories obéissent au règlement taurin mexicain avec la participation des cuadrillas émanant de la Union de toreros, trabajadores en plazas de toros. Les toros doivent appartenir au registre de l’association nationale des éleveurs nationaux. Il y a les corridas de medio postín qui sont souvent à la mode portugaise sans mise à mort avec des cuadrillas locales et des toros de caste insulaire. Les festivals taurins complètent cette classification avec les Charlotadas type cómico taurin. Enfin les Baxal Toro (Baxal pouvant signifier tromper, jouer) sortes d’encierros au travers des rues du village qui se terminent en capeas populaires dans les ruedos.

 

Les aficionados qui voudront retrouver ces spectacles donnés dans des lieux uniques devront scruter les différents sites Internet ou Facebook de la péninsule yucatèque pour avoir les dates et programmations…

Jean-Charles Roux