Sin ambición ninguna…
Autant j’aime le titillement de la livraison quotidienne.
Comme la pression.
De cette exigence que je me crée.
Autant je prends un plaisir singulier.
A perpétuer.
Cette ascèse matinale.
Autant je me sens tenu.
Par la régularité.
De faire ainsi.
Autant le tout.
Ne me pose pas.
Question.
Chaque jour j’empile des mots.
Je bricole des phrases.
Je m’essaye à formaliser des idées.
Dans le respect de la syntaxe et de la grammaire.
Mais prenant plus de libertés avec le registre.
Je les assemble a mi aire.
Je vais et viens
Entre les lignes, entre les paragraphes.
De las tablas al centro.
Sans lidia.J’organise la chose.
A l’air du temps.
Je torée le vent.
La pluie.
Les oiseaux, les pierres, les fleurs.
Sans destination.
Je fais celui qui écrit.
Pour le seul plaisir de le faire.
Je m’encanaille avec l’anecdote.
Prends la main de l’événement.
Flirte avec la chronique.
Je rode.
Me promène.
Déambule.
Dans le souvenir.
Dans le pompeux.
Ou la gaudriole.
Plus qu’un intermittent.
Je suis un vagabond.
Un maletilla permanent de la langue.
Qui me ronge.
En me nourrissant de ses cailloux.
Et me désaltérant de son eau fraîche.
Souvent débordé par elle.
Quelquefois par elle mis en déroute.
Je m’interroge sur ma pratique.
Que fais-je ?
Peu.
Ou du moins pas beaucoup.
Que dis-je ?
Pas grand-chose.
Ou presque rien.
Suis-je utile ?
J’en doute.
Probablement pas.
Peut-on appeler ça écrire ?
Peut-être.
Je n’en suis pas certain.
Occasionnellement satisfait d’une livraison.
Je me laisse aller à penser.
Que, ma foi…
Mais quand je lis les uns.
Ou relis les autres.
Je reviens vite sur mon sentiment.
Et en seul et sec hachazo.
L’envoi suivant.
Me le confirme.
Aussi, je me vois.
Plus comme un peón d’albañil gâchant le mortier du texte.
Que comme un maitre compagnon qui en bâtirait les cathédrales.
Je me considère comme un apprenti.
Un práctico.
De la page blanche.
Qui seule va.
Près ou loin.
Au gré de ses caprices.
Qui ne n’appartient plus.
Dès le moment.
Où elle est commise.
Même si de temps à autre elle me satisfait.
Des aumônes.
Des quelques-uns qui la lisent.
Sachant cependant qu’être loué.
Ou maudit.
Me da igual.
Ainsi avec le détachement.
Que donne le temps.
Qui détruit tout avec lenteur.
Ainsi avec l’éxito.
Le fracaso.
Ou la cornada qui m’indiffèrent.
Avec le peu me chaut.
De la première.
Ou de la dernière de couverture.
Mais avec l’alegría matutinale.
A la fois juvénile et vieillissante.
De le faire dans l’ivresse d’un abandon de ravissement.
Sin ambición ninguna.
J’écris.
Sans me sentir pour autant écrivain…
Patrice Quiot
