Comme une fantasmagorie taurino-shakespearienne… (2)
Le fog du Mont Olympe s’était épaissi ; il faisait nuit noire et les ombres faisaient ressembler Hyde Park au train fantôme de la foire St Michel sur le Jean Jaurès de Nîmes. Depistados par les ténèbres, Hernia, Lisandro, Elena et Demetrio s’y perdirent et erraient séparément, seulabres comme des galgos un matin de Nochebuena dans les rues de Coria del Río.
Obero et Titiana, eux avaient décidé de réunir leur cour à Hyde Park ? mais un lío se créa entre eux au sujet de l’endroit idoine pour la chose. Le roi avait une préférence pour le «Speakers Corner» au motif qu’il aurait souhaité s’adresser à ses courtisans debout sur une caisse à savon, mais l’idiota était tenante du coté Kensington Palace où avait vécu Diana Spencer. N’arrivant pas à trouver un gentleman agreement conclu par le traditionnel apretón de manos, ils s’empaillèrent comme des chiffonniers d’une chabola d’El Vacie.
Obero céda et se cassa plantant la reine, mais se réservant le droit de lui faire payer son inconvenance.
Lui aussi se perdit dans les deux cent cinquante hectares du parc dans lequel se trouvait également une troupe de théâtre amateur venue là pour répéter «Pyrame et Thisbé», une pièce de leur répertoire qui avait connu un fracaso gordo à Olympie et un autre pire à Bolaños de Calatrava. Les baladins étaient là pour théâtrer de salón avant leur présentation à la salle des fêtes d’Earl’s Colne (Essex) et essayer de corriger les carences de Bottom, l’un d’entre eux, qui était à Molière ce que «El Chihuahua» est à Talavante et qui, aussi bien à Olympie qu’à Bolaños de Calatrava, était sorti de scène protégé par les boucliers de la police grecque et de la Guardia Civil.
Errant dans Hyde Park, Obero le roi rencontra Elena la bailadora qui lui fit état de son désespoir à se voir délaissée par Demetrio et de rester ainsi sentada de cœur et peut-être aussi d’autre chose. Le roi eut pitié de sa détresse et ordonna à Puck son fidèle mozo de trouver Demetrio et de déposer sur ses paupières le suc d’une petite fleur qui le rendrait ennemi juré du Betis FC et amoureux fou de la danseuse.
Obero confia à Elena que la recette avait fonctionné aussi bien pour Ulysse et Pénélope que pour Enrique et Ana.
Mais Puck était devenu un peu chuchi après sa période militante à l’Opus Dei et son état s’était aggravé après qu’il eût consulté la pythie de Delphes. Aussi, equivocandose, Puck déposa la poutingue magique sur les paupières de Lisandro le señorito torero qui tomba immédiatement amoureux d’Elena comme le fit Onassis, el de los barcos, del dinero y de las gafas avec Jackie, la viuda.
Pendant ce temps à Athènes, sur l’Agora, Démosthène «El Tartamudo» avait un peu de mal à reconstituer les fils de l’histoire aux pékins en toge qui l’écoutaient…
(A suivre)…
