Torodelic árbol de Navidad…

 

Pour y puiser son eau.

Et celle du botijo d’argile.

Ses racines.

Iraient.

Jusqu’à la Ronda.

De Pedro le charpentier qui tout réunit.

Et à la Séville.

De Joaquín Rodríguez au nom de julot qui donna celui d’une sainte au plaisir crié d’une passe.

 

Pour le nourrir.

Et donner couleur au sable du piso.

Sa terre.

Serait.

Celle des alluvions.

Du Guadalevín au fond du Tajo.

Et du Grand Fleuve.

Qui roule à Hispalis.

 

Noir.

Comme le capote de luto quand mourut la seña.

Son tronc

Viendrait.

Du Gelves.

De José Gomez Ortega, l’immense.

Et de son frère aîné.

Qui lui aussi toréait bien, buvait du café au lait et fumait le cigare.

 

Majestueuses.

Comme la retombée de l’écriture.

Ses premières branches.

Auraient connu.

La Cordoue.

De Sénèque.

D’Ibn Rushd qu’on appela Averroès.

Et des cinq Califes.

Celles à hauteur de nos yeux Illuminés.

Seraient nées.

Entre le Madrid de Luis Miguel González Lucas.

L’Albacete du Fakir.

Le Salamanque de «L’Enfant».

L’Alicante de José Mari et des pieds-noirs rapatriés.

Et nous rappelleraient nos souvenirs.

De grilles escaladées, de pierres d’amphis et de naissance au-delà de la mer.

 

Ses petites branches du haut.

Annonceraient l’avenir.

En tardes qui chantent.

Celui d’Aaron de la Saragosse de Goya.

Celui de Clovis au caractère en épée de Luna.

Celui d’Olga dans la suite plus de deux siècles après, de Nicolasa Escamilla «La Parueleja».

Ayant connu leurs éveils d’infants.

Je suis moins certain d’être encore là pour leurs sacres.

 

Ses décorations festives.

Aux reflets de olés.

Seraient de boules de toutes les couleurs.

En nombre égal.

A celui des toreros du monde entier.

Et ses guirlandes longues et belles.

Mettraient Hinojos et Torremocha à un lance de capote d’Honolulu.

Elles illumineraient le ciel d’Agustín García Díaz «Malla» tué sur les bords du Vidourle.

Et celui des autres aussi.

 

Son étoile au sommet.

De la sierra de Guadarama.

Ferait revenir vers lui.

Les rois des légendes oubliées.

Les Gaspard des Andes de Jaime Gonzalez «El Puno».

Les Melchior de l’Orient de Saïd Kazak Manzor «El Palestino».

Et les Balthasar de l’Afrique en décomposition de Ricardo Chibanga.

Elle montrerait à l’univers la grande et magnifique folie du toreo.

Et indiquerait au musicien, au poète et au peintre une dimension de l’âme espagnole.

 

Et son odeur.

Unique.

De cigarettes.

De percale rose.

De flanelle rouge.

Et de sang séché.

Qui emplirait l’arène du plaisir.

Attirerait les mouches de l’été.

Et ferait fuir les dévots des bénitiers de la complaisance.

Comme les glissantes aiguilles de pin tombées au pied.

De ce Torodelic árbol de Navidad…

Patrice Quiot