Eclairage éclairant…

(Source : LE CHEVAL DU PICADOR DANS LA TAUROMACHIE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR VETERINAIRE

DIPLÔME D’ÉTAT présentée et soutenue publiquement devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse par Margaux JUSTICE-ESPENAN- 2012)  

« … Le Règlement Taurin Municipal Français prévoit:

ARTICLE 60 : L’organisateur devra présenter le matin de la course à 10 heures au minimum (seulement trois heures avant la course pour les arènes portatives), quatre (six pour les arènes de première catégorie) chevaux destinés aux picadors.

Ces chevaux devront être convenablement dressés et dotés d’une mobilité suffisante, sans être l’objet de manipulations tendant à modifier leur comportement. Le bandage des deux yeux est explicitement autorisé, en revanche, si un cheval est suspect (s’il semble avoir été tranquillisé chimiquement), le vétérinaire pourra refuser l’animal et en avertir le Président qui prendra la décision d’effectuer les analyses nécessaires – un contrôle antidopage. (Ils ne doivent présenter aucun signe de maladie infectieuse).

Le poids des chevaux net et sans harnachement devra correspondre à celui fixé par le Règlement des Spectacles Taurins Espagnol en vigueur, c’est-à-dire entre 500 et 650 kilos. (Dans ce but, les chevaux seront pesés dans les arènes possédant une balance. Dans les autres plazas, le fournisseur des chevaux devra présenter un certificat vétérinaire datant de moins d’un mois, précisant le poids de chaque cheval. Les chevaux ne doivent pas appartenir à une race de trait.)

Chaque picador, par ordre d’ancienneté et de commun accord avec ses collègues, choisira le cheval qu’il utilisera au cours du combat sans pouvoir refuser ceux approuvés par les vétérinaires. Lorsqu’un cheval sera blessé ou se révélera impropre à être utilisé au combat, le picador pourra changer de monture.

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ARTICLE 61 : Le caparaçon protégeant les chevaux de picadors, fait de matériaux légers et résistants, devra correspondre aux normes définies par le Règlement des Spectacles Taurin Espagnol en vigueur. (Il doit couvrir les parties de la monture les plus exposées aux coups de corne, son poids ne doit pas excéder vingt-cinq kilos avec une marge de quinze pour cent pour l’alourdissement lié à l’usage.)

Les tabliers protecteurs, présents sur les parties antérieure et postérieure du cheval ne pourront pas descendre à moins de trente centimètres du sol. En aucun cas, le port du caparaçon ne doit entraver la mobilité du cheval ; deux ouvertures verticales pourront être présentes du côté droit de la protection, afin d’en atténuer la rigidité. Afin de garantir une sécurité maximale aux chevaux, ces derniers seront équipés de manguitos dont le poids total ne pourra pas excéder quinze kilos. Il en sera de même pour les étriers (l’étrier droit est un étrier intégral à double plancher, il ne doit pas présenter d’arête susceptible de blesser le toro ; l’étrier gauche est un étrier de doma vaquera.

Les cuadras de monsieur Alain Bonijol et monsieur Philippe Heyral confectionnent leurs propres caparaçons. Seul le modèle de monsieur Bonijol est breveté. Les chevaux harnachés attendent dans le patio de caballo. Noter l’étrier droit à double plancher, le manguito qui recouvre presque intégralement les membres antérieurs. Le protège-queue en cuir protège le cheval du frottement continu sur le bord du caparaçon.

Arrêtons-nous sur plusieurs détails d’importance : Le caparaçon doit s’arrêter à une distance minimale du sol de trente centimètres afin de ne pas gêner la locomotion du cheval et lui permettre de se relever sans trébucher. Les manguitos en revanche, peuvent – et doivent – descendre plus bas, jusqu’au boulet. Parfois, la protection s’arrête plus haut, mais est complétée par des guêtres. La protection du bipède latéral droit peut aussi être un peu renforcée par rapport aux membres du côté gauche.

L’aspect conique du fond de l’étrier droit vise à faire glisser tout coup de corne. On peut d’ailleurs voir au musée taurin de Valence, un étrier en fer épais transpercé par un coup de corne.

Les estribos sont attachés au caparaçon, afin d’éviter qu’ils n’aillent heurter le cavalier à l’occasion d’un coup de corne ou lors d’une chute. La fenêtre pratiquée dans le caparaçon au niveau du flanc gauche du cheval et par laquelle la jambe gauche du cavalier pourra se faire ressentir. Un volet pliant permet de la fermer, ce qui est fait systématiquement avec les chevaux suffisamment dressés et réactifs. On minimise de cette façon, le risque de cornada.

Les étrivières (lanières de cuir tenant les étriers) : Au moment d’équiper les chevaux, les monosabios s’assurent de leur bon état. La rupture de l’étrivière droite, sur laquelle le cavalier s’appuie de tout son poids au moment du châtiment, pourrait, en effet, avoir de graves conséquences. Le picador les règlera à sa convenance au moment de monter.

Les rênes sont en cordes de section circulaire afin de glisser sur la corne au cas où elles viendraient à s’enrouler autour de l’armure. Elles ne devraient même pas être attachées entre elles… mais le sont toujours en vérité, car il est trop vite arrivé d’en laisser tomber une par terre et de perdre alors tout le contrôle de la direction.

Les chevaux ont de préférence la crinière coupée très court pour éviter que les crins ne viennent s’emmêler avec le harnachement.  Le règlement ne fait aucune mention des bouchons que l’on met – toujours – dans les oreilles des chevaux afin de les isoler des bruits qui ne feraient que les apeurer.

Jusqu’au début des années 1990, il était d’usage de remplir le pavillon de chaque oreille avec une double page de papier journal, froissée sur elle-même dans la diagonale, puis de maintenir l’oreille fermée avec de la ficelle de cuisine ou du ruban adhésif. Cette technique, qui passait pour cruelle aux yeux du public, a été abandonnée au profit de bouchons en mousse synthétique que l’on utilise en course de trot – moins efficaces selon monsieur Heyral qui a désormais opté pour un autre type de bouchons dont lui seul a le secret. En Espagne, certaines cuadras fabriquent des bouchons en remplissant un bas de femme avec du coton ; qui a l’inconvénient de se tasser avec le temps. Pour bander les yeux, on opte pour une cagoule ou un bandeau à velcros.

Cette pièce de harnachement doit être très facile à enlever ; le cheval devant presque toujours recouvrer la vue, pour pouvoir se remettre debout après une chute.

A plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent, les chevaux de piques sont des mâles, hongres pour la grande majorité d’entre eux.

La raison remonte à l’époque où de très nombreux chevaux étaient tués dans l’arène ; un règlement espagnol stipula que les juments seraient « interdites de corrida », à moins de présenter un certificat vétérinaire d’infertilité les concernant, mesure visant au maintien des effectifs de la population équine.

Cette clause n’est plus d’actualité, mais la coutume est ancrée et pour beaucoup, la tauromachie reste de toute façon, une « affaire d’hommes »… »

Patrice Quiot