Règlement de 1848
Les chevaux de pique
Au moins trente chevaux doivent être présentés la veille de la course. Ils doivent être de taille et de forces suffisantes. Les chevaux – et surtout les harnais – doivent être en bon état. Tout défaut constaté est passible d’une amende. Si un cheval n’est pas jugé conforme, le fournisseur de chevaux a jusqu’au matin de la course pour en présenter un autre. Jusqu’à la fin de la course, il devra y avoir en permanence six chevaux sellés et bridés dans le patio de caballo.
Les areneros
Pendant la lidia, aux quatre coins de la plaza, deux hommes équipés de six paniers remplis de terre et de sciure seront chargés de recouvrir le sang déversé par les chevaux sur la piste. Un troisième aide sera, lui, chargé de recouvrir leur cadavre d’une bâche et d’apporter pique et étriers au picador au moment requis.
Les picadors
Trois picadors en piste, piquent le toro tour à tour, au moins une fois chacun. Le premier picador de réserve se tient, à cheval, près de la porte. Le second picador de réserve reste prêt à intervenir, mais à pied, dans le patio de caballo. Chaque picador est assisté d’un aide, ou « chulo », qui ne doit pas tenir le cheval pendant la suerte.
Les banderilles de feu
Le président peut ordonner la pose de banderilles de feu s’il juge que le toro n’a pas été correctement piqué. Depuis 1835, certaines villes ont supprimé l’usage des chiens pour châtier les toros qui refusent la suerte de varas. Cette suppression sera générale de 1850 à 1855, année pendant laquelle elle sera réintroduite. Le 1er avril 1872, le périodique taurin El Tábano, fait savoir : « Les toros entièrement mansos seront abandonnés aux chiens, ceux qui fuient le cheval mais qui chargent la cape, auront droit aux banderilles de feu ». Petit à petit, le nombre de chiens présents à chaque course se réduit de cent à vingt puis périclite.
Le règlement de Madrid, de mai 1868
Apparaît pour la première fois, la présence obligatoire d’au moins un vétérinaire, le nombre étant laissé à l’appréciation de l’empresa. Son rôle dans la vérification de la conformité des chevaux n’est pas clairement évoqué. Au moins quarante chevaux doivent être présentés deux jours avant la course. Taille, force et dressage sont vérifiés. Les chevaux conformes sont ensuite placés en stalle individuelle et seront surveillés par deux vigiles jusqu’au moment de la course, afin qu’il n’y ait pas de substitution.
Le règlement de Madrid de 1880
Deux professeurs vétérinaires désignés par la municipalité, effectueront, deux jours avant la course, le contrôle des chevaux autant que nécessaire. La taille minimale au garrot est de 1,56 mètre. La seule autre qualité requise est la « résistance ». Les vétérinaires doivent ensuite rédiger en double exemplaire une liste des animaux acceptés et de ceux qui doivent être remplacés avant la course. Les nouveaux animaux feront bien sûr l’objet d’un contrôle ultérieur.
L’année 1880 marque également un changement dans le costume du picador. Le pantalon ou calzón – constitué de deux couches, en coton épais pour l’intérieure et la plus externe en peau de daim ou de chamois, afin de résister aux chutes – ne descendait, jusqu’alors, pas plus bas que le genou. C’est Badila qui instaura un pantalon plus long, la calzona, recouvrant la mona. Les bottes sont dotées d’un double ou triple plancher et recouvertes d’une armure métallique. La veste, la chaquetilla ou casaquilla, est similaire à celle des matadors.
Le picador a maintenant son costume définitif.
Le règlement de Barcelone de 1887
Cinq chevaux par taureau. Les animaux doivent être forts, vieux et dociles et avoir une bonne bouche. Du point de vue du dressage, il leur est demandé de tourner des deux côtés et de savoir reculer.
Le règlement de Séville de 1896
Intéressant seulement pour la sanction qu’il prévoit à l’encontre des picadors.
Le premier règlement national de 1917.
« Reglamento de las corridas de toros, novillos y becerros » (Ministerio de la Gobernación)
Les articles 13, 14 et 15 stipulent que : deux vétérinaires désignés par le gouvernement se chargeront d’effectuer le contrôle des chevaux de pique – six par taureau et quatre par novillo – deux jours avant la course. La hauteur minimale, de 1,45 mètre, sera vérifiée au moyen d’une plaque métallique fixée sur la porte du patio de caballo, côté extérieur, à la dite hauteur. Ils doivent être suffisamment résistants et ne montrer aucun signe de maladie infectieuse.
La prueba se déroulera également en présence des vétérinaires. Celle-ci a pour but d’accoutumer les chevaux à la main des picadors, ainsi que de vérifier qu’ils donnent bien le reculer et tournent des deux côtés. Un certificat vétérinaire est délivré en double exemplaire : pour l’autorité et le fournisseur de chevaux. Les animaux refusés seront marqués par une perforation de l’oreille gauche de 1,5 centimètre de diamètre et immédiatement renvoyés. En ce qui concerne la gestion des chevaux blessés ou morts, il est dès lors obligatoire de couvrir d’une toile de jute les cadavres en attendant leur enlèvement.
L’article 61 stipule que « Quand un cheval est encorné, si ses viscères s’exposent à la vue du public d’une façon répugnante, le picador est dans l’obligation de retourner dans le patio de caballo afin de changer de monture ». Preuve que les mentalités commencent à évoluer. Le nombre et les dimensions des piques et des puyas sont également soumis à vérification.
La raison de cette nouvelle mesure nous sera fournie par un article paru dans le numéro 16 de l’hebdomadaire « La corrida » du 3 juillet 1921, édité à Marseille : « Le vétérinaire doit refuser impitoyablement tout animal atteint de maladie infectieuse afin d’éviter que cette maladie n’aggrave l’état du torero qui viendrait à être blessé par un taureau ayant éventré. »
(Source : LE CHEVAL DU PICADOR DANS LA TAUROMACHIE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI – THÈSE pour obtenir le grade de DOCTEUR VÉTÉRINAIRE – DIPLÔME D’ÉTAT – présentée et soutenue publiquement devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse par Margaux JUSTICE-ESPENAN- 2012)
A suivre…
Patrice Quiot