J’ai réellement fait la connaissance de Marc Serrano lors de sa venue à Paris pour une soirée et un stage de Toreo dans le cadre de l’association « Culturafición-École Taurine de Paris » que je préside, il y a douze ans. Depuis, nos chemins se sont souvent croisés de Nîmes à Madrid en passant par Paris, notamment pour un second stage de Toreo en 2018.
Marc est membre d’honneur de « Culturafición ».
Il a découvert la Corrida, à Nîmes, grâce au « sixième toro ». En effet, à une époque où l’on était moins regardant sur les questions de sécurité, on ouvrait, les jours de course, les grilles des arènes au dernier toro de l’après-midi. Marc ne s’en est jamais vraiment remis… Il veut devenir torero ! Et bravant les légitimes résistances maternelles, il entre, à 11 ans, au CFT de Christian Lesur.
Il fait partie des plus doués de sa génération et effectue un brillant cycle novilleril où il connaîtra des succès importants dans des arènes de première catégorie en France comme en Espagne.
Depuis l’alternative nîmoise (Celestino Cuadri, Zotoluco, parrain, et José Luis Moreno, témoin), le 8 juin 2000, il y aura 21 ans au printemps prochain, Marc n’a jamais baissé les bras malgré les difficultés. Comme d’autres toreros de talent, le maestro nîmois peine à signer des contrats. Marc n’est pas dans le « club » et ses petits arrangements entre apoderados-empresas et empresas-apoderados… Il parvient, malgré tout, chaque année, à glaner quelques contrats jusqu’aux Amériques et même à sortir triomphateur dans des arènes à l’impact médiatique malheureusement médiocre.
En 2007, lors d’une corrida de 6 matadors français à Nîmes, Marc sort son épingle du jeu et coupe une oreille importante. Mais ce succès sera sans vrai lendemain…
En 2011, il est sévèrement châtié dans les arènes nîmoises par un toro de Virgen María. Grièvement blessé en fin de faena, l’intervention chirurgicale rencontre des difficultés. Et la convalescence en sera ralentie.
En septembre 2014, Marc confirme l’alternative à Las Ventas (Toros de Saltillo, LM Encabo, parrain, Joselillo, témoin). Sa prestation est très honorable, recevant au toro de confirmation une belle ovation devant du bétail peu coopératif. C’est pour moi un très beau souvenir. Marc m’a gentiment proposé de monter dans le coche avec lui du célèbre hôtel Wellington jusqu’aux arènes de Las Ventas ! via la chapelle et le patio.
Le torero est répété à Madrid en juin 2019. Mais les toros ne permettent rien.
Il a également connu le triomphe dans plusieurs arènes américaines.
Jamais un seul jour, Marc oublie qu’il est torero. Aujourd’hui surtout basé à Madrid, il s’entraîne toujours quotidiennement.
Heureusement, les qualités intrinsèques toreras de ce jeune quadra lui permettent d’être régulièrement invité à des tentaderos par des éleveurs, de Yonnet à Victorino, qui ont toute confiance en la « vista » du torero. Et puis, « garder le sitio ».
Marc est prêt. Il a plusieurs fois été malheureux car les toros échus ne permettaient pas le triomphe. Il suffirait d’un bon toro, à Madrid si possible, pour que tout s’envole !
Marc a gardé « l’envie » du novillero puntero qu’il fût, qu’il est resté.
Homme de cœur, le matador organise chaque année, à Samadet dans le Sud-Ouest, un festival de Bienfaisance au profit du service pédiatrique de l’hôpital de Mont-de-Marsan.
En ce début de saison, même malmené par le virus, nous pensons à ce « Torero singulier », qui, jamais, n’a perdu la « ilusión ».
Suerte, maestro de verdad !
Vincent Blondeau-Goyens.