… Avant de commencer la thérapie de bonification du «Satanas» et après avoir demandé à son Père de ne pas l’abandonner, le « Galileo » s’attacha bien évidemment à examiner l’encaste d’où il était issu.

C’est ainsi qu’après avoir furtivement prélevé un poil de la longue barbe noire du banderillero, il l’envoya au département spécialisé du FBI basé à  Quantico (Virginie/USA).

Les  spies ricains aux costumes sombres, mâchoires carrées et lunettes Ray-Ban lui répondirent par retour du courrier.

Le rapport établissait les éléments suivants :

– Du coté paternel, il avait été diagnostiqué chez le sujet une manifeste ascendance pébron qui remontait à la quinzième génération et dont quelques gênes se retrouvaient également il y a deux mille cinq cents ans chez Socrate qui s’empéguait à l’hydromel et, plus près de nous, chez le général Gonzalo Queipo de Llano qui lui était accro à la cerveza et au skaï ; à un degré moindre, mais cependant présent, le gêne se retrouvait aussi, mais  sous une forme atténuée, chez Ortega Cano.

Le rapport ajoutait que le premier s’intéressait à la philosophie ainsi qu’aux garçons, le second à la répression anti communiste  ainsi qu’aux putes et le troisième au toreo et au maniérisme.  

– Du coté maternel, il avait été observé une composante de sadisme assez exceptionnelle par son caractère génétique unique et très proche de celui d’Élisabeth Báthory de Ecséd, comtesse hongroise née en Hongrie deux cents ans avant que Pedro Romero naisse à Ronda et à laquelle l’histoire attribue al menos six cents meurtres précédés d’extravagances sexuelles.

Le rapport laissait aussi entendre, mais sans cependant vraiment l’acter, une similitude chromosomique de la maman du « Satanas » avec les pratiques de l’impératrice Catherine II de Russie pour les histoires de fesse mais établissait de façon certaine que même ce fieffé coquin de matador de toros qu’était José Ulloa Navarro dit «Tragabuches » et qui portait lui aussi un soupçon du gêne ne se serait jamais laissé aller à occire un tel nombre de ses contemporains.

A la lecture de l’expertise, le « Galileo »  se dit : «Joder ! Danger goudron ! Mauvaise gaseosa ! Là, il y a du lourd de chez lourd dans l’encaste

Une sorte de croisement névrotique d’Aguirre et de Sánchez Ibarguën sans l’apport adoucissant Tamarón.

C’est donc sur ces bases malaisées que Jesús Cristo débuta la faena de rehabilitación.

Tout d’abord il conseilla au « Satanas » d’essayer de bien observer les enfants à leur salida de l’école pour mieux les comprendre.

Pour ce faire, il lui préconisa de les faire venir en agitant des «Chupa-Chups», imaginant qu’à la vue des yeux émerveillés des gniards galopant vers le glucose coloré, le banderillero s’attendrirait un peu et commencerait à prendre le chemin de la rédemption.

C’était faire preuve d’une totale méconnaissance du lascar qui  certes, achetait les dits sucre d’orge et  les présentait aux enfants en les citant de loin.

Mais lorsque les mioches s’arranquaient comme des malades, il  se fourrait les golosinas dans le coco en leur tirant à tous un bras d’honneur et en mettant de gros emplâtres à ceux d’entre eux  qui pleuraient.

A l’image de ce qu’il  pratiquait avec un art exquis lorsqu’il faisait sciemment taper les novillos contre les planches.

« Complicao, el tío » se disait le «Galileo».

Un peu déçu de cet échec thérapeutique, il pensa alors à la lecture et proposa au «Satanas» de se former à l’aménité humaine en se plongeant dans «Les aventures de Babar » de Cécile et Jean de Brunhoff, ainsi que dans les romans de la Comtesse de Ségur, de la collection « Bibliothèque Rose ».

Le «Satanas» obéit à son maestro et chourava au Rastro les bouquins du couple de parisiens et de la ruskoff Sophie Rostopchine.

Il lut les œuvres au cabinet.

Il en tira la conclusion que cet idiot d’éléphant vert ferait mieux de laisser tomber la Vioque, de mieux s’occuper du cul de la Céleste et de profiter de sa nomination de Roi pour exploiter les pauvres et ainsi se gaver de fric.

Comme José Flores «Cámara » le fit avec Manolete pour le fric, comme il aurait  probablement aimé le faire avec la Lupe pour le cul et comme il ne le fit pas avec la doña Angustías qui, entre nous, devait être une brave casse couilles !

Quant à  «François le Bossu», «Satanas» estima qu’il n’avait que ce qu’il méritait et que lui n’avait rien à cirer des invalides à l’exception des gamines infirmes auxquelles il fourguait les photos du «Nano », le mozo bègue et illettré à poil sous la douche.

Il ajouta que, si le « Galileo » trouvait Paco « El Jorobado » à son goût, il n’avait qu’à le prendre comme valet d’épée en remplacement de l’idiota qu’il avait actuellement.

En face de  ce second extraño, le «Galileo» commença à douter.  

« Ad vitam aeternam » avait fait rajouter au contrat de fichaje la Marie en bleu.  

«Ad vitam aeternam, ça fait long à se farcir une telle bourougne !» pensait Jesús Cristo.

Pour essayer de rentrer dans le registre du « Satanas », le torero lui présenta l’engaño du Divin Marquis dont le banderillero ne retint que le : « La cruauté, bien loin d’être un vice, est le premier sentiment qu’imprime en nous la nature ; l’enfant brise son hochet, mord le téton de sa nourrice, étrangle son oiseau, bien avant que d’avoir l’âge de raison (extrait de « La philosophie dans le boudoir). »

Puis, mettant en œuvre le principe qui confortait ce qu’il pensait, il alla tirer une  gosse branlée au « Nano ».

Le « Galileo » alla au burladero  de la cuisine boire un verre d’eau et réfléchir à la manière de poursuivre la faena sans aller au fracaso.

C’est alors qu’il pensa à la France où il avait une prochaine fecha.

«La France, pays de culture, de liberté et de tolérance, seguro, ça va le faire» se dit-il.

Et il revint au centre du salon où, haletant de bave verte, l’attendait le «Satanas».

A suivre…

Patrice Quiot