Dimanche 2 mai. Gradins occupés selon la jauge permise, soit 6000 aficionados. Minute de silence et hymne national en fin de paseo. Après une saison blanche, le fait que Las Ventas soit à nouveau ouverte mettait du baume au cœur des présents, comme aux nombreux aficionados qui ont certainement suivi les débats devant leur petit écran.
Diego Ventura (deux oreilles) a offert une prestation aboutie démarrée en allant attendre avec Campina son adversaire à la sortie du toril. Premiers applaudissements sur une unique farpa, puis banderilles avec Fabuloso, un cheval qu’il vient d’inclure dans sa cuadra qui par son excellent comportement, a contribué à faire le spectacle à base notamment de temple. Puis avec Lío, Ventura fit encore grimper la température sur des poses au quiebro citées de frente a frente, un trasteo qui a porté sur des tendidos visiblement désireux de soutenir un Diego qui ensuite avec Bronce se libéra de sa bride pour poursuivre sa lidia dans un pouce de terrain, avant de terminer avec Guadiana pour la pose des courtes précédant un rejón de muerte. Ovation de gala pour un centaure au sommet de son art qui fit admirer son envie et sa maitrise face à un bon toro de Capea…
Enrique Ponce (silence) se fait applaudir au capote avant un puyazo qui vit le Juan Pedro Domecq manifester quelques carences au niveau de la force à sa sortie du peto. Protestations sur les étagères, seconde rencontre furtive puis tercio de banderilles interrompu par la sortie d’un mouchoir vert. Il n’eut gère plus de chance avec un premier sobrero du même fer qui à son tour a été renvoyé aux corrales pour les mêmes raisons, remplacé par un exemplaire de Carmen Lorenzo (Capea) qui ne tarda pas à afficher lui aussi de piètres conditions, notamment dans le domaine de la robustesse. Le maestro de Chiva tenta bien de l’animer, pour ne pas dire le réanimer, mais malgré quelques gestes distillés avec élégance, la partition avait un goût d’inachevé, faute d’une opposition trop mièvre, les aciers n’arrangeant rien.
El Juli (deux oreilles) a réussi face à un toro encasté de Garcigrande à emballer le conclave tout au long d’un trasteo tournant au récital. Julián entendit les premiers olés dès sa réception suave au capote, puis après avoir brindé à un de ses jeunes supporters atteint d’une grave maladie, il s’engagea dans un labeur de haute volée, aidé en cela par les qualités d’un opposant dont les charges étaient propices au bon toreo exécuté par le Madrilène. De la belle œuvre conclue par une entière, puis descabello libérant deux récompenses chaleureusement fêtées.
Manzanares (oreille) prit un « Toros de Cortés » qui ne permit guère à l’Alicantino de briller capote en mains, puis qui poussa au cheval, se montrant peligroso par la suite. Avec lui, José Mari exposa ses ganas, une détermination qui lui permit sur certains mouvements d’exécuter un toreo alluré qui porta sur les tendidos. Entière et oreille du mérite.
Miguel Ángel Perera (oreille) a entamé sa faena brindée à l’auditoire par cambio arrodillado sur la bouche d’arrosage. L’Extremeño poursuivit en donnant la distance lors de tandas appliquées et allurées sur les deux bords, profitant de la bonne embestida d’un Fuente Ymbro envoyé ad patres par entière.
Paco Ureña (silence) prit un Vegahermosa qui ne se fixa pas au capote, subissant ensuite lors de son affrontement avec le lancier. Brindis au ciel d’un trasteo réalisé face à un toro sans grande classe ni transmission, le maniement de la rapière ne pouvant pas faire remonter la note. Cependant, dans sa façon de construire sa faena et sur quelques gestes au tracé bien dans son corte, le maestro de Lorca n’a pas pour autant démérité.
Guillermo García (oreille) a fermé le ban, tout content certainement de se retrouver en si bonne compagnie. Il reçut son exemplaire d’El Parralejo par deux largas de rodillas, se signalant ensuite par véroniques et medias ajustées. Deux rencontres, poussée la seconde mais bien contenue par David Prados, puis brindis à tous ses compañeros d’un jour avant d’étaler ses bonnes manières et son envie sur des séries appliquées. Guillermo se comporta en novillero, bien soutenu par l’assistance, mais il se fit ensuite sérieusement secouer, se trouvant au sol à la merci de son adversaire. Le novillero de l’école de Madrid se reprit bien, avec vaillance, détermination et pas mal de cran et d’allure, avant toutefois une nouvelle voltereta apparemment sans trop de mal. Entière au deuxième envoi libérant une récompense d’encouragement qui finalement n’avait rien de bénévole.
(Photos : copies d’écran)