Samedi 8. Entrée en fonction de la jauge autorisée. Une minute de silence a été respectée à la mémoire de Pepe Moya, ganadero d’El Parralejo, suivie de l’interprétation de l’hymne national espagnol.

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Six toros d’El Parralejo bien présentés, monopiqués, donnant un jeu inégal, mais toujours intéressant. Meilleurs le lot de Marín et le premier de Román.

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Javier Cortés (saluts aux deux) a reçu une sympathique ovation pour son retour dans les ruedos après sa grave blessure subie à Las Ventas en 2019. Il est allé ensuite se présenter à la porte des chiqueros, ce qui n’est pas très habituel chez lui, pour recevoir son premier adversaire « a portagayola ». A l’évidence, il a voulu ainsi marquer ses ganas et après un bon capoteo, premier et unique puyazo pas très orthodoxe. Premier contact muletero assez violent, Javier s’efforçant avec succès de rendre ses charges plus suaves, à base de temple et de quiétude. Surpris sur une tanda de la zurda, le maestro de Getafe retourna illico fréquenter un piton droit plus avenant pour tirer avec application d’autres muletazos valeureux. Final en terrains rapprochés, desplante puis conclusion par entière tombée. Bonne réception du cuarto qui partit ensuite inquiéter le piquero de puerta, un tercio de piques protesté car limité à sa plus simple expression. Quite par chicuelinas, second tercio éparpillé duquel est ressortie une bonne paire estampillée Molina puis brindis au conclave et redondos au centre pour lancer les débats. La suite à gauche face à un bicho qui ne l’aide pas, son adversaire n’ayant qu’une très vague idée de la répétition. Javier fit l’effort d’animer son opposant manquant clairement de caste, trop inégal dans ses embestidas. Entière perpendiculaire. Javier n’a pas été le plus heureux au sorteo, mais ce jour, on peut tout de même affirmer qu’il a étalé des ganas et des qualités toreras de bon augure pour la suite…

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Román (saluts aux deux) se fit ovationner sur sa réception capotera puis rencontre poussée malgré une sortie fermée sur un unique assaut suivi d’un quite applaudi par saltilleras. Second tercio sans saveur puis brindis à l’assistance d’une faena débutée par le haut marquée par les bonnes intentions du Valenciano qui plus tard se fit spectaculairement attraper, sans que ça ne l’empêche pour autant de reprendre le combat, notamment pour interpréter une partition encimista qui porta sur les tendidos. Manoletinas, desplante et… atravesada qui lui ôta tout espoir de récompense. Le quinto prit un bon puyazo, les gens manifestant leur désarroi lors de la sonnerie des clarines car ils auraient bien aimé voir un tercio plus fourni, la règle semblant être ce jour la monopique. Second tercio ovationné avec saluts de Lipi, puis brindis au ganadero de Las Monjas et début entreprenant en donnant la distance, notamment sur des redondos ajustés sur la bouche d’arrosage. La suite à l’avenant, lors d’un long trasteo essentiellement droitier, avec chez Román une décision bien visible à la hauteur de la bonne charge de son opposant. Atravesada.

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Ginés Marín (deux oreilles et oreille) prit un premier client qui manifesta à son entrée une certaine aversion pour le capote du Jerezano qui finit par lui voler quelques véroniques. Monopique sans s’employer puis quite varié de Ginés avant saluts au second tercio de Rafael Viotti. Brindis au fils du ganadero défunt et entame de faena de rodillas qui remua les gradins. Suite cohérente et appliquée dans l’exécution des suertes avec mando, distance et temple sur les deux bords. Final dans les cornes, grande série de bernardinas puis estocade libérant deux trophées. L’ultime a été reçu avec les honneurs dus à son rang par le capote de Ginés. Bon puyazo, mais encore une fois limité à sa plus simple expression, ce qui  eut pour effet de provoquer la réprobation bien compréhensible du respectable. Second tercio applaudi avec un Antonio Manuel Punta qui salua avant un brindis au centre auquel a répondu une chaleureuse ovation au public, visiblement à fond derrière lui. Belle entame genou à terre soulevant les olés, d’autant plus qu’il y a eu un torero, mais aussi un toro ! La suite, un pur régal, Ginés soignant le geste et la posture, le tout soutenu par un public aux anges. Un chef d’œuvre d’émotion esthétique et de transmission. Forte montée de température sur les travées au rythme d’échanges variés, templés, de la part d’un torero en plein dans son sujet. Las, l’épée de traviole n’a pas été niveau de ce qui a précédé, alors que tout le monde attendait un coup de canon. Le public, aveugle, partisan ou ignorant, mit la pression sur un président qui finit par céder, octroyant à Ginés un trophée qui n’avait pas la même valeur que les deux précédents à cause de ce bémol dans la partition.

On retiendra toutefois une prestation plus que méritoire et le jeu intéressant de la plupart des toros, Marín n’ayant pas été le plus malheureux dans l’affaire. Il en a profité et il a bien eu raison, l’important dans le toreo restant de ne pas laisser passer sa chance lorsqu’elle se présente. Dommage qu’il y ait eu cette épée à son second, sinon pour Marín, c’aurait été à coup sûr une tarde de quatre oreilles ! Mais on peut dire qu’aujourd’hui, il a marqué des points au tableau d’affichage…

Dimanche, même endroit, même heure, cartel de « expectación » qui après la victoire de Nîmes Olympique à Metz en première partie de la tarde, devrait finir de remplir mon dimanche ! On peut toujours rêver, non ?

(Photos : copies d’écran)