Mithra

Dans l’Avesta, les écritures sacrées zoroastriennes des anciens Perses, Mithra apparaît comme l’esprit du bien et l’ordonnateur du monde, dieu de lumière et de sagesse. Il tue le taureau divin et, du corps agonisant de ce dernier, jaillirent toutes les plantes et animaux bénéfiques à la race humaine.

Après avoir conquis l’Assyrie au VIIème siècle av. J.-C. et Babylone au VI ème siècle av.J.-C, Mithra devint le dieu du soleil qui était désormais adoré en son nom. Les Grecs d’Asie Mineure identifièrent Mithra à Hélios, le dieu grec du soleil, contribuant ainsi à répandre son culte qui fut introduit à Rome vers 68 av. J.-C. Le mithraïsme se propagea très rapidement dans toute l’Italie et les différentes provinces romaines pendant le Bas-Empire. Il fut le rival du christianisme dans le monde romain.

Les initiés bénéficiaient de l’immortalité grâce au sacrifice d’un taureau qui reproduisait le sacrifice accompli par Mithra (pratique du taurobole purificateur). Les mystères de Mithra se célébraient dans des grottes ou des cryptes (les « mithraea »). Un taureau était égorgé, cuisiné puis mangé avec du pain et du vin.

La tauroctonie (le sacrifice du taureau) est au centre de la liturgie des banquets sacrés. Mithra poursuit le taureau, s’agrippe à lui, le garrotte, le traîne par les pattes de derrière jusqu’à un antre où l’animal est frappé au cœur par l’épaule gauche.

Symboliquement, du corps de la victime, naissent toutes les herbes et plantes salutaires, de sa moelle épinière, germe le blé, qui donne le pain de la vie, et, de son sang, la vigne, qui produit le breuvage sacré des mystères.

Plusieurs représentations montrent Mithra chevauchant le taureau. Le taureau est souvent figuré dans une sorte de barque ou de croissant lunaire (la lune est considérée comme « renfermant la semence du taureau », et l’on sait par le néo-platonicien Porphyre que l’astre passait pour être source de vie, réservoir des âmes).

En domptant et immolant le taureau, Mithra force les âmes à s’incarner ou du moins à animer le monde matériel. Le sacrifice représente la victoire de la vie sur les forces du mal.

On racontait qu’après l’immolation du taureau Mithra était monté sur le char du Soleil. Cet épisode devait se renouveler à la fin des temps et Mithra embraserait le monde, comme Phaéton avait failli le faire.

Mithra s’identifierait alors avec le Temps qui résorbe la création après l’avoir animée.

Le Minotaure

Le Minotaure était un monstre à corps d’homme et tête de taureau, né des amours adultères et contre nature de la reine de Crète Pasiphaé et d’un taureau blanc que le roi Minos, son époux, avait refusé de sacrifier à Poséidon.

par cette naissance, le roi voulut en cacher la nouvelle à ses sujets, et il fit construire par Dédale un palais aux nombreux couloirs, aux salles enchevêtrées, et il ordonna qu’on y enfermât le Minotaure. (Ce labyrinthe était prétendument bâti sur le modèle du tombeau d’un roi d’Égypte, Mendès.)

Le monstre était nourri de chair humaine, fournie en particulier par le tribut annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles d’Athènes. Cependant, les Athéniens en eurent assez de ces sacrifices et chargèrent Thésée de tuer le Minotaure.

En arrivant, Thésée rencontre Dédale et Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, qui s’éprend de lui et lui remet du fil pour en ressortir. Thésée affronte le Minotaure et le tue. Il enlève ensuite Ariane qu’il abandonne finalement sur l’île de Naxos. Découverte par Dionysos, elle fut épousée par le dieu.

De retour à Athènes, Thésée oublie de changer les voiles noires de son bateau en voiles blanches selon le code convenu au préalable, et son père, Egée, se jette dans la mer (qui depuis porte son nom) pensant que son fils est mort en affrontant le Minotaure.

Apis

Le culte du dieu égyptien Apis est attesté à une date très ancienne dans la ville de Memphis. L’institution de son culte est attribuée à Ménès, le premier pharaon égyptien (vers -3000)

Il était représenté sous la forme d’un taureau noir que les prêtres savaient reconnaître à certaines marques mystiques: il devait avoir une tache blanche triangulaire sur le front, ainsi que des taches blanches évoquant un vautour sur le dos et un croissant de lune sur le flanc droit.

Symbole de force et de fécondité, Apis était associé à Ptah et à Rê (présence dans les représentations du disque solaire entre les cornes du taureau); puis il le fut surtout à Osiris, comme dieu funéraire.

L’intronisation et les funérailles du taureau Apis étaient célébrées dans le faste et avec des processions. Le corps du taureau, une fois embaumé, était déposé dans un caveau funéraire puis les prêtres recherchaient le successeur du taureau défunt et l’on fêtait l’intronisation du nouvel Apis.

Chaque taureau avait sa sépulture particulière. C’est sous Ramsès II, qui régna de ~ 1301 à ~ 1235, que l’on construisit une sépulture commune, le serapeum, découvert par Mariette à partir de la description de Strabon. Le serapeum lui-même était creusé sous terre et contenait les sépultures de vingt-huit Apis dans des sarcophages de granite.

Autres taureaux mythiques

Dès les premiers temps de la civilisation sumérienne, la puissance magique du Taureau s’exerçait à la fois sur les troupeaux et sur les récoltes. Ce culte participait encore du mimétisme préhistorique bien plus que du sentiment religieux, et certaines opérations avaient pour but de transférer la force fécondatrice de l’animal à la terre cultivée.

L’origine du culte du taureau se perd dans la nuit des temps et remonte sans aucun doute à la période néolithique et peut-être au-delà encore.

La représentation fréquente de bovidés sur les parois des grottes labellisées « préhistoriques » montre bien l’importance accordée alors à ces animaux.

Outre les exemples de taureaux divins cités plus haut on peut mentionner:

Dans l’Ancien Testament : mention du « Veau d’or », terme impropre et évidemment péjoratif: il s’agit en fait d’un taureau dont l’origine mésopotamienne est évidente.

Dans la cité d’Ougarit: « Baal Iglu », signifie taureau et c’est précisément ce nom, éguel en hébreu, que l’Exode utilise pour désigner le veau d’or.

A Ougarit encore le mot « thor » est également employé pour désigner un taureau adulte ou âgé associé à El, le père des Dieux.

En Assyrie, les grands taureaux à tête d’homme coiffés de tiares comme les souverains et les pontifes, et pourvus de grandes ailes

« Moloch », dieu féroce, a une tête de taureau sur un corps humain.

Dans l’épopée de Gilgamesh, le héros est aussi aux prises avec un taureau divin:

« À leur retour de la forêt des Cèdres et après leur victoire sur le géant monstrueux Humbaba, ils sont fêtés comme ils le méritent, mais l’exploit a également attiré sur Gilgamesh l’attention d’Ishtar, déesse à la fois de l’Amour et de la Guerre. Celle-ci lui fait des avances, mais le héros l’éconduit injurieusement. Ivre de rage, la déesse envoie sur Uruk une créature de cauchemar, le Taureau céleste, qu’elle a réussi à obtenir de son père Anu, roi des dieux. Gilgamesh et son compagnon Enkidu en triomphent cependant, et ridiculisent la déesse déconfite en lui jetant à la figure un (le!) membre de la bête. »

Dans la religion celtique on trouve le récit de la « Táin Bó Cúalnge » , ou « Razzia des vaches de Cooley », qui raconte la guerre entreprise par la reine du Connaught, Medb, alliée aux autres provinces d’Irlande, contre l’Ulster, pour la possession d’un taureau divin, le Brun de Cúalnge, qu’on lui avait refusé.

Fuente :

« Autour de l’Atlantide et de l’hypothèse de civilisations antédiluviennes oubliées ? Rêves, mythes, conjectures et réalités… » Par Denys EISSART

Patrice Quiot