C’était en septembre dernier.
Le 8.
A 8h32.
J’allais au tabac du pueblo chercher la dose quotidienne de la chose qui, un jour, me tuera.
C’est en manœuvrant que je vis le canon.
Il faisait du jogging.
A peu près trente herbes, grande, blonde, les pommettes hautes, les jambes fines, les épaules droites, le pecho por delante. Le canon était habillé de blanc.
Un acrobate de Minos au-dessus d’un taureau ailé.
Peau fine et légèrement hâlée.
Le canon courait.
Pas de tatouages ou de piercing.
Aucune de ces vulgarités.
Pas de casque, pas de mesureur de tension et de rythme cardiaque sur le bras.
Epure d’un remate de Talavante.
Elle était presque nue.
Seule, une boucle d’oreille en or l’habillait.
Un adorno de cartel.
Une splendeur.
Una estampa.
Un encanto.
Un frisson.
A la rue, Marylin, à la rue Rita, à la rue Ava, à la rue Liz, à la rue Brigitte.
Elle, comme une figure de la porte du Pardon de la cathédrale de Séville.
Ce qui était admirable avec le canon, c’est qu’en plus de sa grâce, elle n’avait pas l’air gentil.
Regard glacial et moue dédaigneuse.
Elle observait le monde d’un aristocratique dédain.
Arrogante comme Luis Miguel.
Le soleil du matin illuminait sa course solitaire.
A voir une chose si belle, on vient à se demander si Dieu n’existe pas.
Et à essayer de lier pour elle, au pied du Golgotha, le capote de paseo des mots.
Le canon disparut après le virage qui conduit au cimetière.
J’aurais aimé que ce fût celui de San Fernando ou de La Alameda.
Je ne connaitrai rien d’elle et ne la reverrai jamais.
Mais, dans ma mémoire le canon s’appellera Septembre.
For ever.
C’était en septembre dernier.
Le 8.
A 8h32.
Le canon.
Une troublante poésie en mouvement.
Comme le toreo.
Patrice Quiot
Résultats du quizz taurin…
1b. 2a. 3b, et 49 novilladas. 4c.5b. 6c. 7a. 8 aucun. 9b. 10 aucune : il y en a eu dans les trois. 11 aucun, c’est Rafael Alberti…