Vendredi 21 mai. Tendidos bien plus fournis que les jours précédents, minute de silence et hymne national.
Six toros de Victoriano Del Río, le 3 de Cortés, bien présentés, sérieux, s’avérant compliqués la plupart, le 2 s’avérant le meilleur d’un lot hétérogène.
Diego Urdiales (saluts et oreille) a mis le feu d’emblée par un maniement du capote qui a fait lever les gens par onze véroniques et la demie ! Batacazo sur le premier assaut avant un second en mettant les reins, autre démo du Riojano sur le quite, second tercio animé puis brindis à l’assistance. Silence de cathédrale faisant place aux premiers olés, derechazos bien cadencés pour imposer son rythme, changement d’aile moins probant, le Victoriano allant a menos, commençant à lorgner vers les tablas. Diego insista et finit, par son aisance technique, par améliorer les choses avant de placer une entière, le bicho, dans un dernier sursaut, ouvrant la taleguilla du puntillero. Public froid, c’est du moins mon avis, au moment de pétitionner… Le cuarto a poussé en travers sur l’unique assaut bien contenu par Óscar Bernal, puis bon second tercio avant de brinder au micro à tous ses compañeros récemment blessés par la corne. La suite en mode récital, pour le plus grand bonheur des aficionados, Diego étalant son classicisme par mouvements pouvant illustrer des traités de tauromachie. Un combat sérieux, sans fioritures, mais avec des attitudes et une planta torera remarquables. Il ne manquait plus qu’un grand coup d’épée pour remater cette belle ouvrage, Diego portant la lame en toute sincérité, le toro au tapis et le public debout, tous mouchoirs sortis ! Olé, Maestro… Grosse pétition de la seconde oreille ignorée du palco, alors que l’on a vu en décerner ici et ailleurs pour bien moins que ça !!! Franchement, je crois que l’on avait rarement vu Urdiales arborer un aussi large sourire !!!
Manzanares (saluts aux deux) prit un premier client qui ne lui permit pas grand-chose au capote, sinon sur une savoureuse demie. Premier et unique puyazo sortie fermée, second tercio applaudi, puis entame de faena par la droite en donnant la distance. La suite par naturelles relâchées avec bonnes réponses du cornu, autres séries ambidextres avant susto sur un léger accrochage, bref, une œuvre qui aurait été aboutie… si José Mari n’avait loupé son recibir à deux reprises ! Avec le quinto, on retiendra les applaudissements réservés au second tercio à Daniel Duarte, Manzana s’engageant ensuite dans des échanges quelque peu altérées par les forces défaillantes de son adversaire, le public manifestant sa déception. A partir de là, son trasteo ne put faire grimper la note, rien ne s’arrangeant sur des remates où le bicho finit agenouillé. Entière. A ndrés Roca Rey (saluts aux deux) prit un Cortés (2ème fer) colorado avec lequel on retiendra trois chicuelinas ajustées avant d’aller saluer le lancier, ou plutôt de l’envoyer violemment valdinguer avant qu’il ne se reprenne lors de l’assaut suivant. Second tercio marqué par la grosse frayeur éprouvée par Viruta au moment de poser la troisième paire, roulant au sol devant le fauve sans grande conséquence toutefois, puis par un brindis à son compatriote le Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa. Début par le haut, distance et séries enlevées remportant l’agrément du conclave. La suite inégale face à un opposant noble, mais réduisant sa charge. Voyant cela, Andrés réduisit la distance jusqu’à se faire soulever, repartant courageusement au combat comme si de rien n’était et faisant grimper la température dans les travées. Entière tombée. L’ultime prit à son tour une monopique avant un quite varié et alluré du Péruvien, puis un tercio de banderilles applaudi de José Chacón et Viruta qui ont salué. Brindis au public de Roca Rey agenouillé au centre pour deux cambios suivis de la passe du mépris en se relevant. Fuego sur les tendidos. La suite par derechazos templés, donnant la distance et visiblement désireux de faire péter le champagne. Avec le public à ses côtés, Andrés réalisa ensuite quelques passages très toreros, mais avec toutefois quelques scories, d’autant plus qu’il ne trouva pas vraiment la bonne réplique chez un adversaire décasté. Entière.
Tout bien pesé, et avec les complications inhérentes à la plupart des toros, la tarde a été celle de Diego Urdiales, non ? Ce soir, Curro Romero doit être content, lui qui a déclaré que Diego était selon lui le meilleur torero du circuit…
(Photos : copies d’écran)