Samedi 22 mai. Trois quarts de la capacité permise. Minute de silence et hymne national.
Six toros de Garcigrande inégaux de présentation, de forces et de comportement, la plupart décastés. Meilleur le quinto, potables à la muleta les 3 et 6, les autres à vite oublier. En définitive, un lot décevant… comme la plupart depuis le début de ce cycle.
Morante de la Puebla (silence aux deux) ne dansa pas avec les plus belles. Le maestro de La Puebla enchanta d’emblée l’assistance par ses bonnes manières capoteras, faisant fuser les premiers olés de la tarde. Deux rencontres sans grand style, pas mieux au second tercio, toro au sol dès les premiers doblones avec pour conséquence la légitime réprobation du respectable. Relation de cause à effet, Morante endossa sa tenue d’infirmier, muletazos à mi-hauteur, public refroidi et débats sans grande consistance. Conclusion à l’unisson. Deux rencontres et un bon quite avec le cuarto, puis à la muleta, rien de bien probant lors d’une rapide faena de tanteo terminée en eau de boudin…
El Juli (silence et deux oreilles) ne put rien faire au capote face à un client se montrant guère intéressé de salida. Rencontre brouillonne avec la pièce montée, banderilles dispersées puis début par la droite qui révéla chez son adversaire des forces pas plus évidentes qu’au précédent. De là, des échanges sans grand impact avec murmures sur les étagères à la hauteur de la déception. Entière maison. Bonne réception du quinto qui poussa dans le matelas puis brindis à l’auditoire d’un trasteo débuté genou en terre. La suite par enchainement dynamiques et ajutés sur les deux ailes, Julián exposant sa décision et un répertoire largo, le tout conclu par entière alors qu’au moment de porter l’épée, quelques esprits faibles ont tenté par leurs invectives de le déstabiliser, ce qui ne les honore pas.
Juan Ortega (vuelta et oreille) débuta avec un toro peu clair dans ses premières charges. A la pique, rien de bien exaltant puis bon second tercio. Malgré les complications, Ortega ne tarda pas à exhiber son toreo posé et templé, avec lenteur et intelligence. Gros soutien du conclave qui ponctua tous ses muletazos par de vibrants olés, mais le Sévillan perdit hélas le crédit amassé avec la rapière. Dommage. Néanmoins, le cariño des aficionados n’est pas passé inaperçu et l’estime qu’ils lui portent peut être considéré comme un signe fort de son pouvoir de transmission… L’ultime l’inquiéta d’emblée par ses réactions bizarres et désordonnées, un peu comme son premier, puis poussée par-devant au cheval avec vuelta de campana à la sortie, Ortega demandant alors le changement de tercio. A la muleta, Juan fit monter la pression sur les gradins pour s’être peu à peu imposé à base d’un toreo efficace, sans grandes fioritures, mais exécuté par gestes soignés, élégants et mesurés. Une prestation encore soulignée par les olés, une entière tombée au second envoi d’effet rapide venant ensuite libérer un trophée qui aurait pu être probablement doublé sans cette conclusion discutable. L’essentiel n’était pas là, mais bel et bien les points qu’Ortega a incontestablement marqués dans ce Palacio de Vistalegre…
(Photos : copies d’écran)