L’amphithéâtre de Nîmes, date de la fin du Ier siècle de notre ère. En plan, l’édifice se présente comme une ellipse de 133 m de long sur 101 m de large, avec une piste centrale de 68 m sur 38 m. La façade, composée de deux niveaux de 60 arcades superposées et d’un attique séparés par une corniche, mesure 21 m de haut. Au sommet de la façade, on observe des pierres en saillie trouées qui servaient à fixer le velum qui pouvait s’étendre au-dessus des gradins pour protéger le public du soleil.
La cavea, entourant la piste, divisée en 60 travées rayonnantes et 34 rangs de gradins, pouvait accueillir 24.000 spectateurs. Les 34 rangs de gradins de la cavea sont répartis en quatre maeniana horizontaux, séparées par un couloir de circulation et un muret, appelé balteus.
Chaque maenianum était réservé à une classe sociale, à savoir les plus aisés aux premiers rangs et les plus modestes aux derniers rangs, et chacun desservi par une galerie voûtée, appelé vomitorium.
Les vomitoria sont réunis entre eux par des escaliers, ce qui évite la confusion et l’engorgement lors de l’afflux de spectateurs. Sous la piste, se trouvaient plusieurs galeries souterraines où se situaient les coulisses. L’accès à la piste par les gladiateurs se faisait directement par des escaliers depuis les galeries souterraines. L’édifice présente peu de décors sculptés puisque son architecture suffit à lui donner une allure monumentale. La façade est rythmée par des pilastres et des colonnes engagées d’ordre dorique.
L’amphithéâtre de Nîmes est comparable à celui d’Arles, datant de la fin du Ier siècle, qui est très proche sur le plan de la conception et de l’architecture. En effet, l’amphithéâtre d’Arles présente également deux niveaux d’arcades en façade très peu décorées. La cavea de l’édifice se composait de 43 rangées de gradins et pouvait accueillir jusqu’à 25.000 spectateurs.
L’amphithéâtre de Nîmes peut également être mis en relation avec le Colisée de Rome. Le Colisée, terminé en 80 de notre ère, aurait servi de modèle dans la construction de l’amphithéâtre de Nîmes, ce qui montre que la ville de Nîmes voulait se rapprocher au mieux de la civilisation romaine. Nous pouvons noter tout de même quelques différences entre les deux édifices. D’abord, nous observons que le plan du Colisée est moins allongé que celui de l’amphithéâtre nîmois. La façade du monument romain se compose de trois niveaux d’arcades, alors que celui de Nîmes n’en comporte que deux.
Bien que monumental, l’amphithéâtre ne comporte que trois éléments décoratifs : la louve romaine allaitant Romulus et Rémus, deux gladiateurs combattant, ainsi que deux bustes de taureau surmontant une des nombreuses arcades de l’amphithéâtre.
Focus two sur les avant-corps de taureaux qui décorent la porte principale du monument. On croit généralement que ces figures sont un symbole de la destination de l’édifice. En réalité, les figures n’ont aucun rapport avec les courses de taureaux; mais il se peut qu’elles caractérisent, les grands travaux de maçonnerie de l’époque augustéenne.
Auguste eut, très manifestement, une prédilection particulière pour les images de taureau.
On s’est efforcé d’attribuer ce penchant à plusieurs causes. Prosper Mérimée qui, le premier, a noté cette prédilection, dit, en se fondant sur un texte de Suétone, que des têtes de taureaux décoraient la maison paternelle d’Auguste.
Au vrai, l’historien latin n’est pas aussi explicite; il se contente d’indiquer qu’Auguste vint au monde au Palatin ad capita butina, près des têtes de bœuf, ce qui ne peut être que le nom d’un quartier. Rien ne s’oppose évidemment à ce que l’empereur ait voulu rappeler l’endroit de sa naissance en mettant des taureaux ou des avant-corps de taureau sur certaines de ses monnaies ou sur des monuments bâtis par son ordre; mais il est vraisemblable cependant que ce ne fut pas la seule raison qui guida son choix.
Les ancêtres d’Auguste étaient originaires d’une ville de Lucanie appelée Thurim dont le taureau était l’emblème. Lui-même, dans sa jeunesse, porta le nom de Thurinus. M. Blanchet, de l’Institut, a supposé que ses monnaies au revers du taureau sont imitées de celles de Thurium, il avait déjà pensé qu’Auguste avait voulu créer une monnaie concurrente de celle de Marseille.
Mais les avant-corps de taureau tiennent aussi sans doute à d’autres causes. La famille des Jules était venue à Rome d’une localité du Latium appelée Bovillœ, les étables à bœufs. Depuis César, le taureau était l’emblème de la vie légion Victrix.
M. Constans toutefois ne s’en tient qu’au surnom de Thurinus qu’il ne croit pas sans rapport avec le sujet qui nous occupe. « Dans ce cas, dit-il, la présence du taureau sur les monuments d’Arles et de Nîmes serait un hommage à Auguste dont les dits monuments sont effectivement contemporains. »
Source : Emile ESPÉRANDIEU.
L’amphithéâtre de Nîmes, 1933
Patrice Quiot