C’est incontestable.
Le torero triomphateur de la San Isidro version «Chata» est Diego Urdiales.
J’ai apprécié l’oreille de Morante, les pinceladas d’Ortega, l’oficio du Juli et l’entrega de Román.
Mais j’ai aimé Urdiales.
Deux toros de Victoriano.
Beaux.
Con pitones.
Mais.
Bravitos.
Sans plus.
Compliqués.
Un torero.
Deux faenas
Et une oreille.
Toreo pur.
Toreo de racines.
Toreo de charpentier.
Et non d’influenceur.
Comme fut le Vdel R 1.
Plus violent que réellement encasté, il créa l’illusion aux deux premiers tiers et en début de faena.
En Rioja et azabache, le charpentier lui offrit une demi-douzaine de véroniques en autant de coups de rabot.
Ceux des bâtisseurs des coques de galions.
Et la demie au centre.
Arrondie.
Comme un copeau de chêne.
Une réalité torera et non une apparence.
Deux séries à droite ciselées à la gouge d’acier.
Epurées comme le trait d’un ciseau à bois.
Graves comme les gestes de Noé assemblant l’arche.
Le passage du charpentier sur la main gauche eut raison de la vanité du V del R.
Qui vint aux planches et entreprit de seulement se défendre.
Son vrai visage.
Naturelles que l’influenceur ne méritait pas, mais qu’Urdiales, charpentier de grande cognée, tint à lui voler.
Le coup d’épée mit longtemps à réduire le Vdel R 1, qui, dans un sursaut, accrocha le puntillero.
La foule ovationna le charpentier.
Il avait fait bien plus que ce que le cahier de charges d’un calafate demandait.
Toro fino et de pelo sardo était le Vdel R 4. U n autre influenceur.
A la belle gueule.
Un Youtubeur.
Un Instagramer.
Il fait croire à droite.
Rien à gauche.
Le charpentier va la poitrine en avant.
Rioja y azabache.
Manières douces.
L’herminette remplace la hache.
Le charpentier va de face.
Derechazos et muleta al ralenti.
Douceur du poignet.
Dans les fondamentaux.
Dans les adornos.
Et trois aidées par le bas.
Glaciales.
Comme le couperet de Charles-Henri Sanson pour la tête de Capet dans la sciure.
Faisant honneur au blason de la profession :
« D’azur, à un enfant Jésus tenant un compas et mesurant un dessin qui lui est présenté par St-Joseph
Le tout d’or ».
Avec les couilles de Murat.
Le toro abandonne enfin sa morgue et livre ses origines.
Urdiales le comprend.
Le charpentier devient ébéniste.
Urdiales devient Jacob.
Le charpentier tue comme il faut tuer.
D’un coup d’épée.
En envolée de varlope.
Une oreille.
D’or.
La foule et Joseph de Nazareth demandent la seconde.
En vain.
Ficha del festejo
Vendredi 21 Mai/arènes de Vistalegre,
9ème festejo de la Féria 2021
Entrée : quasi lleno de COVID (6000 spectateurs)
5 toros de Victoriano del Río et un de Toros de Cortés (3ème) bien présentés, bien armés à l’exception du sixième fuera de tipo et commode de tête pour :
Diego Urdiales : un avis et ovation, un avis et une oreille
José Maria Manzanares : ovation, ovation
Andrés Roca Rey : un avis et ovation, un avis et ovation.
8 piques et trois chutes.
Datos :
Diego Urdiales Hernández, dit Diego Urdiales, né le 31 mai 1975 à Arnedo (Espagne, La Rioja)
Alternative : 15/08/1999 à Dax parrain Paco Ojeda et « El Cordobés », toros de Puerta Hermanos.
Confirmation : 8/07/2001.
Temporada 2015 : 16 corridas – 11 oreilles
Temporada 2016 : 19 corridas – 7 oreilles
Temporada 2017 : 13 corridas – 17 oreilles
Temporada 2018 : 6 corridas – 12 oreilles
Temporada 2019 : 22 corridas – 17 oreilles
Apoderados : FIT / Luis Miguel Villalpando.
Cuadrilla : Óscar Bernal et Manuel Burgos (picadors) ; Víctor Hugo Saugar « Pirri », Víctor García « El Víctor » et Juan Carlos Tirado (banderilleros).
Valet d’épées : Rubén Urdiales.
Ayuda : Juan José Urdiales.
Patrice Quiot