Tout est parti d’une  matinée au campo dimanche dernier au cours de laquelle plusieurs élèves du CFT ont eu l’opportunité de « s’y mettre devant », comme on dit.

J’ai pu suivre leurs évolutions, et même leur évolution lors de leur affrontement face à des adversaires exigeants qui requéraient déjà de bonnes bases et pas mal de courage.

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Résultat, ils s’en sont plutôt bien tiré, mettant en pratique ce qu’ils apprennent de semaine en semaine, se constituant progressivement un bagage qui ne demande ensuite qu’à être étayé lors de leurs prestations en public.

Certes, ils n’en sont pas tous au même niveau d’avancement, et c’est normal, mais on sait bien que Paris ne s’étant pas fait en un jour ! L’essentiel étant d’emmagasiner ce qu’ils peuvent prendre chez les uns et les autres, dans leur quête de savoir et de pratique.

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Pour cela, la première ligne est constituée du trio Le Sur, Varin et Villanueva, un trio consolidé par l’apport de quelques autres protagonistes formant somme toute une solide équipe au service de ces jeunes aspirants.

Avec Juan, nous avons fait le tour de la question, à savoir qui fait quoi et comment…

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« Quand on organise une séance au campo, on se concerte tous les trois, mais on se réserve une certaine spontanéité. Les choses ne sont pas définies de façon rigide, mais plutôt en fonction du bétail que l’on a choisi. Le but est évidemment d’enseigner, mais en limitant les dangers. D’ailleurs, jusqu’à présent, on n’a pas eu de problème grave avec les jeunes. On doit leur enseigner le maximum de recours.

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Rafael

Les gens se font de mauvaises idées, ils croient par exemple qu’on prend un gamin et qu’on le formate, mais non, on le forme. On lui apprend le fonctionnement de la charge du toro, les différents comportements qu’il peut avoir selon sa rame, et même le camargue que l’on continue d’utiliser. Après, le recours, c’est savoir déplacer un toro, et pas forcément qu’avec une cape, à banderiller, à raseter, à sauter les barrières, le but étant de leur apporter le maximum de formation. Tout compte, il n’y a pas que le toro qui peut te blesser, si tu ne sais pas sauter une barrière, ça peut avoir des conséquences importantes. Il y a des jeunes qui entrent au CFT qui n’arriveront pas au stade des premiers apprentissages, le maniement des capes, des banderilles, puis bien sûr la mise à mort. Mais ils auront essayé…

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Canten

Avec Christian et Patrick, nous sommes complémentaires. L’un peut être emmené à accompagner Rafi, l’autre peut être en déplacement, nous sommes donc assez polyvalents, même si chacun peut avoir des fonctions particulières. Par exemple, Christian, avec son épouse Sophie qui accomplit un travail énorme, s’occupe de tout ce qui concerne l’organisation. Mais outre cette première ligne, il y a aussi une forte complémentarité avec tous les membres. C’est vraiment une communauté dans laquelle tout le monde doit se sentir à l’aise dans son rôle. Quant aux élèves, le plus important, c’est qu’ils n’en sortent pas aigris, mais au contraire enrichis, notamment par le fait que quelqu’un soit capable de se mettre devant quelque chose de plus fort que soi ! C’est un peu comme dominer la nature, comme un marin lorsqu’il  part au large. Il y a marin et marin, celui qui navigue à cent mètres du large et celui qui traverse les océans ! Avec les jeunes qui passent, il faut du courage. Ça commence quand on a peur et qu’on arrive à la surmonter ! Mais il faut aussi du talent, ce qui suppose une part d’inné. Cela nécessite encore une bonne connaissance de l’animal. Il a de grandes oreilles, une vision sur les côtés et avec le fait qu’il soit sur quatre pattes, les déplacements ne sont pas les mêmes que celui d’un humain. Tout cela doit être assimilé et pris en compte.

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Clément

Avec les séances comprenant du bétail, on peut voir les évolutions, ce qui détermine les critères de passage selon l’avancement de chacun. Nous, ce que l’on veut donner à l’école, c’est un enseignement qui convienne à tous. Il n’y a pas de petits, de grands, tous ont la même passion du toro, il faut donc leur apporter la même chose. Après, il faut aussi du physique, la maitrise du corps, car devant un animal sauvage, les réflexes naturels de protection font qu’avec un capote, on doit englober sa charge comme un buvard pour capter sa violence, la canaliser, pour ensuite arriver à ce summum  que l’on recherche, à savoir le temple ! Quand on y parvient, on arrive à ce moment de grâce qui devient magique. C’est un ressenti, on ne fait plus qu’un avec l’animal, il n’y a plus cet instant de violence, tout ça est canalisée et ça devient alors de l’art !

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Valentin

En même temps, si ça parait facile, les gens ne s’imaginent pas le nombre d’heures que les gamins ont à leur actif, ne serait-ce que pour le maniement des capes ! Après, il y a aussi un travail sur soi, c’est bien pour ça que nous avons aussi un coach sportif. On apprend encore à gérer la peur car ça peut totalement bloquer la gestuelle et donc à ce moment-là, on n’est plus en train de dominer et de toréer, et c’est là que l’on subit. Et si on subit, ça devient très délicat !

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Miriam

Chaque être humain est différent. Il y a des écoles taurines, mais nous, on n’essaie pas de changer le caractère des gens, non. Il y en a qui vont mettre deux ans puis qui vont se révéler, il n’y a pas de rythme défini. Par exemple, on accueille Miriam Cabas qui est arrivée l’an dernier. Elle était alors sans recours, mais avec un courage que l’on ne peut pas enseigner. Les progrès effectués en un an sont gratifiants, mais ça, c’est dû aussi à la volonté de chacun.

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Enhorabuena…

Nous sommes toujours dans le dialogue, l’analyse. Après une activité, que ce soit au campo ou lors d’une course, il y a systématiquement une phase de dialogue, de débriefing, comme on dit maintenant. En général, ça se passe au cours suivant, avec l’apport des technologies actuelles, comme la vidéo ou des photos, ce qui nous aide énormément car les images parlent d’elles-mêmes, ce qui leur apprend l’autocritique. On n’est pas là pour s’extasier, mais au contraire pour analyser à partir de ce qui nous dérange. On analyse, on commente, et c’est bien à partir de défauts, d’erreurs ou d’insuffisances que l’on peut apporter des remédiations. Par exemple, ça permet de travailler le positionnement afin d’éviter justement les positions de déséquilibre car en cas de chute, le toro ne nous ratera pas… On doit leur apprendre aussi à se reprendre, par exemple lorsqu’un torero se fait attraper, il doit s’en sortir en reprenant ses appuis car dans l’instant, il est souvent livré à lui-même.

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Avec Noélie

Il est évident que sans établir de classement trop rigide, tous les élèves ne sont pas au même niveau. Il y a ceux qui sont au rang de la novillada sans picadors, en étant capables de tuer des mâles de deux/trois ans, comme Rafael, Canten et Clément, mais encore Miriam, qui est inscrite à l’école d’Algeciras, mais qui se trouve actuellement en stage chez nous. Il y a aussi Nino, mais il est parti actuellement à Salamanca. Il vient d’ailleurs de s’illustrer lors d’un certamen. Après, d’autres sont en capeas, capables de toréer en tienta une vache et de temps en temps un novillo, mais sans tuer. Il ne faut pas brûler les étapes, chacun doit aller à son rythme et selon ses capacités, être capable de répondre. Par exemple, à Plan d’Orgon, où les barrières sont basses et les toros bien plus hauts, il faut y aller prêt. On ne peut pas lâcher en piste un jeune si on ne le juge pas apte à surmonter l’épreuve.

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Manuel

Je pense que le moment est aussi venu d’évoquer Rafi, élément ô combien emblématique du CFT. Personnellement, ça me touche beaucoup car j’étais au collège avec son père, sans parler de Guy, son grand-père, toujours fidèle aux arènes de Nîmes. Sans aucun souci de polémique, ce que je désire, c’est évidemment sa réussite. C’est une belle personne, une belle image, et quelque part, ça se retrouve chez d’autres. Par exemple, on a un petit Clovis dont l’idole est Rafi et plus généralement, les gamins rêvent à travers Rafi. Ils viennent tout seuls, on n’a pas besoin d’aller les chercher. C’est un excellent vecteur, d’ailleurs Rafi vient à l’école quand il le peut, il y a une sorte de continuité et quelque part, il est toujours présent avec nous. C’est un moteur, mais aussi un modèle.

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Il est passé depuis le début des centaines d’élèves, et ce qui est important, c’est que chacun soit reparti avec une aficion qui va être beaucoup plus du cœur par une meilleure compréhension venant du fait d’y avoir goûté. En définitive, le CFT, c’est avant tout une école de vie… »

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Que peut-on souhaiter à tous ces jeunes ? En premier lieu, qu’ils se réalisent tout en prenant du plaisir. Dans les jours qui viennent, que ce soit à Arles ou à Nîmes, dans les gradins ou devant la télé, ils seront tous derrière Rafi. A qui, bien sûr, on souhaite le meilleur…

En ce qui concerne la journée au campo de dimanche dernier, voir aussi le reportage publié par le CFT en cliquant ICI