Je n’étais pas à Arles le matin du 6 juin 2021.
Mais j’ai vu une vidéo d’elle.
Une vidéo de 6’et 22’’.
Dix-sept ans.
Présentation.
A Arles.
Brune.
Grande.
Belle.
Habillée de parme.
Ou peut-être de magenta, de lilas, de violine…
Violette des champs.
Manganèse et pérylène.
Colorido del cielo.
Couleurs toreras.
Yeux sombres et lumineux d’intelligence.
Un sourire de gentillesse à se damner.
Et un toreo à se pendre.
Grave et léger.
Rebelle comme le chêne vert.
Profond comme un divan.
Tendre comme la rosée.
Toreo d’une jeune fille qui a beaucoup à dire.
Capoteo de soie.
Sans accroc.
Plein de sens.
La demie au centre.
Rigoureuse comme une syntaxe.
Douce comme un printemps enfin revenu.
« Con dos dedos basta para mover un capote como te salga del corazón” disait Salomon Vargas.
Cela vaut aussi pour Raquel Martin.
Muleta à gauche.
Les pieds tanqués
Dans le sable du Rhône.
Son œil dans celui du novillo de Gallon.
Petits pas de cadrage en escarpins de marquise.
Petits coups de menton d’une infante du campo charro.
Directs comme un jab.
Aguicheurs comme un clin d’œil
Légers comme un papillon.
Palo tenu au milieu.
Engaño offert
Comme une friandise.
Une douceur de Borgia.
Pata palante.
Una libertat volguda.
Una volontat de fèrre.
Y vaya torera.
Ronds les muletazos.
Longs.
Comme le silence.
Incisifs.
Comme une serpe.
Lents.
Comme les vaguelettes du Vaccarès.
Infinie la passe de poitrine.
Machistes les estoconazos.
Donnés pour tuer.
Sans pitié.
Trois oreilles.
De poids.
Es de Salamanca y se llama Raquel Martin.
Datos :
Coliseo de Arles (Francia). Erales de Gallon (4• y 5• premiados con la vuelta al ruedo).
Fabien Castellani: ovación y oreja tras aviso
Raquel Martín: oreja tras aviso y dos orejas tras avisos
Antonio Plazas: vuelta al ruedo tras aviso y silencio
Patrice Quiot