Samedi 12 juin. Environ 5000 personnes, selon la jauge établie, toutes vaccinées ou testées. Une minute d’applaudissements à la mémoire des aficionados récemment décédés, puis ovation pour El Rafi qui a tenu à y associer ses deux compañeros, avant d’ouvrir la séance, ce qui logiquement aurait dû être l’apanage d’Ortega, lui aussi étant venu confirmer. Mais bon, cette inversion n’était pas non plus l’affaire du siècle…

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Quant à Rafi, on aura noté sa cape de paseo, offerte par le plasticien Claude Viallat, suspendue au boudin devant Nathalie, sa maman, et Eric, son beau-père.

Six toros de Victoriano del Río bien présentés, donnant un jeu le plus souvent limité, deslucidos, la bonne surprise venant de l’ultime, encasté, qui a constitué pour Rafi une opposition bien plus intéressante que celle de ses prédécesseurs.

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Antonio Ferrera (oreille et silence) n’a guère pu s’exprimer au capote face à un premier long à fixer avant un premier puyazo sur le réserve en mode batacazo puis un second sortie fermée. Il brinda ensuite une faena aux contours inégaux, comprenant toutefois quelques échanges valeureux conclus par une estocade trasera à la rencontre, en citant de loin puis marchant. Plus tard, face à son second, l’Extremeño ne trouvera jamais la solution, son adversaire le laissant sans option dans la torpeur générale.

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Juan Ortega (silence aux deux) était très attendu par l’aficion nîmoise, le protégé de Robert Pilès, jouissant d’un préjugé plutôt favorable suite à plusieurs triomphes qui l’avaient propulsé aux avant-postes. Mais aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été le plus heureux au sorteo, tombant sur deux opposants manquant singulièrement d’allant pour donner plus d’éclat à ses trasteos. On aura toutefois noté, à chaque fois que c’était possible, quelques gestes de bon niveau, mais pour quelque chose de plus abouti, il faudra attendre une meilleure occasion. Et un meilleur répondant !

Reste Rafi (oreille et deux oreilles), qui quelques jours à peine après son alternative arlésienne devant les Pedraza s’était somme toute bien passée, sans être pour autant transcendantale. Ce jour, dans son « pétoulié » dont il connait le moindre recoin, Rafi est allé a más pour nous proposer un final de grande émotion, pour le moins taurine, et même plus… 

En effet, quand on connait un peu le contexte et ce que représentent ces arènes depuis tout petit, dans le sillage notamment de son grand-père paternel Guy Raucoule qui depuis des dizaines d’années n’a guère manqué de jours de présence en ce lieu, et à qui il a d’ailleurs brindé la faena de la confirmation, il y avait de quoi ressentir la chair de poule en le voyant quitter la piste par la porte des Consuls. Rarement, le mot confirmation n’aura d’ailleurs été autant  chargé de sens que ce samedi…

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Pourtant, on ne pouvait pas dire que les choses avaient de quoi nous renverser au toro de la cérémonie. Au  capote, on retiendra un quite applaudi, mais plus tard, face à un adversaire un poil accrocheur, Rafi se montra inégal, esquissant toutefois quelques gestes méritoires au son d’Opera Flamenca avant de conclure par entière.

Mais c’est avec le sixième que le nîmois allait pouvoir donner sa pleine mesure, l’arène plombée jusque-là par une chaleur saharienne, se réveillant au fur et à mesure d’un combat  qui laissa entrevoir progressivement le potentiel artistique de Rafi. Avec cette chose que l’on n’attend plus mais qui parfois finit par se produire. Les chroniqueurs sportifs connaissent bien ça et lui ont trouvé un nom… la chatte à Dédé !!!

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En l’occurrence, c’est bien sur Rafi qu’elle est tombée, comme un don du ciel, avec cet ultime toro, « Cantaor », venu apporter de l’alegría et redonner des couleurs aux aficionados lors d’une faena qu’il leur avait brindée. Des minutes de pur bonheur partagé, notamment sur de profonds mouvements droitiers au son de « Nerva »,  avant un final  par entière faisant tomber les deux oreilles de la Porte des Consuls…

Quelque part, pour Rafi, le plus dur est fait. Finies les angoisses liées à un contexte qui n’a pas été forcément le meilleur pour se préparer au passage dans la classe supérieure, mais il doit à présent se tourner vers son avenir. Pas mal de challenges l’attendent, ce ne sera pas facile, mais il a des arguments, il est bien entouré, et perso, j’y crois. Pour au moins une raison, et ça me parait essentiel, c’est qu’il me semble qu’avec le temps et dans un contexte plus apaisé, Rafi aura encore beaucoup de choses à dire…