Mikhaïl Koltsov, correspondant de la Pravda et commissaire politique de l’URSS lors de la guerre civile espagnole, pensait reconnaître dans les brindis  que les toreros faisaient à Dolores Ibárruri «La Pasionaria»  en août 1936 à Madrid, l’expression d’une foi révolutionnaire.

Quelques brindis notables :  

Celui d’Ignacio Sánchez Mejías, à Zaragoza, à son ami  José Pérez de Guzmán :

«  Te brindo la muerte de este toro… y espero que la Virgen, la nuestra, la del Rocío, recalcó no ésta, la del Pilar, me ayude. »

Celui de « Cúchares » toréant à Paris une corrida organisée par l’impératrice Eugénie de Montijo.

Le torero ayant remarqué l’emploi du «Vous» qu’il entendait «Bu», brinda ainsi son toro à l’empereur Napoléon III, à sa femme l’Impératrice Eugénie de Montijo et au prince héritier Louis-Napoléon :

« A Bu, a la señora de Bu y al Busito chico » !!!

Celui de Rodolfo Rodríguez «El Pana», que brinda sa dernière faena à la Monumental de Mexico aux putes :

«Quiero brindar este toro, el último toro de mi vida de torero en esta plaza, a todas las daifas, meselinas, meretrices, prostitutas, suripantas, buñis, putas, a todas aquellas que saciaron mi hambre y mitigaron mi sed cuando El Pana no era nadie, que me dieron protección y abrigo en sus pechos y en sus muslos, base de mis soledades. Que Dios las bendiga por haber amado tanto. ¡Va por ustedes!»   Celui de «Rafaé» «El Gallo» qui brinda le même toro à la présidence, puis à un ami, puis «a las mujeres de bandera». D’un pas ferme  «Rafaé» se fut au centre du ruedo, et, montera à la main, brinda le toro  « por el sol», «por la sombra» y » por los buenos aficionaos de Seviya».   Il alla ensuite brinder le même à un autre ami qui était sur les gradins : « Brindo por el torero «honrao», porque se coma lo que ha ganao ».

Ces sept  brindis terminés et au lieu d’aller vers son toro, le «Gallo» s’en fut vers «Joselito», son frère, avec qui il partageait le cartel et lui dit : «Ya he «brindao», José; ahora, mátalo tú» !

Celui du même «Rafaé» qui brinda son toro au Capitán General de la Guardia Civil avant de refuser de mettre à mort le biou !

Celui de Miguel Abellßn qui, mécontent de voir que le président de la course avait renvoyé les picadors alors que lui estimait que son toro nécessitait une autre pique, est allé lui brinder son toro en lui servant : « Voyons si à nous tous nous ferons de vous un bon aficionado » !

Celui de Miguel Ángel Perera, novillero, envers un policier. Dans la matinée Perera, torée et triomphe. L’après-midi, en civil, mais sans autorisation légale, il assiste à la corrida depuis la contre-piste. Chargé de l’ordre public, le policier le fait déguerpir. Trois mois plus tard, montera à la main, Perera lui brinde son novillo :

« Est-ce que tu aurais eu les couilles de faire ce que tu m’as fait à une figura del toreo ? »

Celui de « El Barbero » (1812-1854) qui abreuva d’injures un président. Il voulait se faire arrêter sur le champ pour ne pas avoir à affronter un toro qui lui faisait peur !

Celui de Jaime Ostos qui alla offrir le combat de son toro au micro de la télévision espagnole en dénonçant la vénalité et l’incompétence du commentateur Lozano Sevilla, par ailleurs sténographe personnel de Franco.

Celui de Roberto Domínguez qui dira au ministre de la Justice Fernando Ledesma, qui s’était levé de son siège, de se rasseoir ; l’honneur n’était pas pour lui, mais… pour son voisin de gradin !

Celui d’Ivan Fandiño Barros  au père de Victor Barrio :

Padre de torero grande, este brindis es una mierda porque seguramente no cambie nada. Lo que si que te puedo decir es que tu hijo ha dignificado nuestra profesión y que gracias a él, nosotros nos podemos sentir muy orgullosos y defendidos en todo el mundo. Ahora también es cierto una cosa, él está en la Gloria, donde la mayoría de los mortales sueñan con estar y jamás podrán. Va por ti”.

Celui de Luis Miguel Dominguin à Franco : « A vous la meilleure muleta d’Espagne. »

Celui de  Román au roi Juan Carlos: « Va por usted, por España… y que disfrute la jubilación ! »

Patrice Quiot