Sur le chemin de Mont-de-Marsan, j’en ai profité après un an et demi sans Sud-Ouest, pour faire un détour jusqu’au « Cantaou », à Bars, histoire de faire connaissance avec les toros reseñés pour l’événement de la première corrida qui se déroulera dans les arènes de Riscle jusque-là réservées aux novilladas… Franchement, quand je suis allé reconnaitre les toros avec l’éleveur, j’ai tout de suite pensé que pour une arène de troisième catégorie, ils avaient vraiment fière allure. Du tamaño, des armures, bref une présentation qui laisse espérer des ramages à la hauteur du plumage…
« Cette année, le Tendido Risclois me permet de présenter mes toros, ce qui représente une belle opportunité pour moi après la déception d’Eauze où la course avait dû être annulée. Il faut donc que je me refasse la cerise afin de préparer une éventuelle reprise en 2022. Riscle représente donc une marche importante malgré les conditions sanitaires et cette temporada à moitié escamotée.
Mes toros sont tous catreños, ce qui correspond à la demande de l’empresa et de Stéphane Meca et concernant les toreros, je suis content qu’il s’agisse de trois jeunes qui eux aussi auront une belle opportunité par rapport à leur futur. Tout le monde a joué le jeu, autant les toreros que moi, pour parvenir à monter ce plateau. C’est en quelque sorte la corrida de la solidarité dans la mesure où chacun a fait un effort, sans compter des initiatives privées, car comme on dit, si personne n’avait « mis la jambe », ça n’aurait pas été possible. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit et tous ont fait un effort : musique, transport des toros, hébergement des toreros à l’hôtel Solenca, et bien d’autres choses…
Concernant mes toros, à la base des Camino de Santiago, les vaches venaient de Santafé Martón avec des sementals du Marquis de Domecq. Mais cette corrida est encore d’une autre origine, d’une autre famille, celle de García Palacios à qui j’ai acheté trente becerras neuves et deux sementales de la rame Albarreal. Les six toros qui sortiront à Riscle viennent de là.
Tout cela me remplit d’espoir, même si je sais bien que dans le monde de l’élevage tout reste compliqué. C’est pour ça que je garderai toujours de l’humilité car on ne se sait jamais trop comment ça va se passer, ce qui vaut aussi pour les plus réputés.
Ma dernière facture de vente des toros, c’était le 1er mars 2020, un festival à Mont-de-Marsan, avec deux de mes toros et les deux autres d’Alma Serena. Depuis, je n’ai plus rien vendu !
Donc, la prochaine facture, ce sera celle de Riscle ! Pour nous, c’est catastrophique car on ne vit que de ça ! On a tout misé là-dessus, c’est peut-être une erreur, le reste étant la restauration lors de fiestas camperas, mais c’est resté fermé pendant huit mois ! On a un peu repris ces derniers temps avec deux journées, mais sinon, il n’y a plus personne qui vient ! On a juillet, août, septembre vide… ce qui est plus qu’inquiétant ! C’est le reflet de la situation ganadera actuelle, que ce soit en France ou en Espagne. On a raccourci le nombre de vaches et on va encore l’épurer cet hiver. En espérant que l’on tienne le coup financièrement, physiquement et surtout mentalement…
Le travail reste le même, voire plus important, les toros mangent tous les jours et l’on n’en tire aucun revenu ! Et nous, dans la région Occitanie, on n’a eu aucune aide ! Ceux du PACA et de l’Aquitaine ont touché, mais pas nous ! Cette discrimination est lamentable et pour nous, c’est terrible.
Après, la situation est compliquée partout et je pense que ce sera difficile de faire revenir les gens aux arènes car l’on a vu sur les premières courses que les jauges étaient rarement atteintes. Sans les fêtes de rues, ça va être encore plus difficile de faire revenir le monde ! Pour cela, il va falloir attendre 2022.
En ce qui me concerne, j’ai un novillo en non piquée à Mont de Marsan ce dimanche, huit jours après, ce sera la corrida de Riscle puis la semaine suivante, j’aurai quatre novillos à Soustons, avec toujours du Camino. Après, j’aurai un eral à Bayonne et à Seissan, dans le Gers, il y aura quatre becerros pour Galtier et ses prácticos, ainsi que deux novillos pour Andy Younes et Solalito et un novillo de l’Astarac pour un concours à Aire pour les Arsouillos en fin de temporada. L’an dernier, je n’ai rien eu et cette année, les coups de fil se font attendre. Le peu qu’ils vont faire, ce sera avec les espagnols…
En définitive, je crois que tout ce que l’on fait actuellement, c’est pour préparer 2022. Je pense aussi que l’on fera une grosse journée au campo en fin de saison car les gens aiment bien découvrir et vivre au plus près d’une ganadería. Il faut être proche des aficionados, savoir leur parler, leur expliquer le travail de l’élevage. Certains me disent même qu’ils préfèrent ça aux corridas ! A Pentecôte, on a eu Chacón et Alejandro Marcos et cette journée a été révélatrice de l’importance de notre travail et de l’envie de transmettre… »
On va évidemment souhaiter à Jean-Louis une pleine réussite pour dimanche, ainsi que pour ses autres courses, notamment l’événement de Riscle, la même chose pour ses compañeros, dans l’espoir bien entendu que ce soit une amorce de plus vers la normalité. Suerte, ganadero !
(Photos Torofiesta avec aussi les toros reseñés pour Riscle)