Un prénom.
Marc Antoine.
Celui d’un consul.
Celui d’un triumvir.
Un prénom d’aventure.
Et de périls.
Un prénom de guerrier.
Un diminutif. Marcou.
Qui va du minot natif des berges du Rhône.
Et du gamin au grand cœur d’ «Heureux qui comme Ulysse»
Un diminutif qui court des embuscades canailles du quartier de la Roquette.
A l’Orénoque et au Venezuela au-delà du charco.
En une ascension de Puerta Grande.
Une aventure.
En contrepoint.
De l’école en guenilles de la rue Léon Blum.
Et des tables de pois chiches de la rue Tour du Fabre.
Aux lustres du «Colón».
Et aux fauteuils de cuir du « Wellington ».
Une vie coquine en traje de plata et plaisirs partagés.
Un chemin.
En dérapages.
Des arènes de Fourques.
Et des charlotades de nuit sous les ampoules jaunes
Aux lances de capote.
Et palos al sesgo au soleil des plazas de primera.
Une route de sinuosités et de remates.
Une aisance. En équivoque.
Une allure de Cartouche.
Une manière de Mandrin.
Une façon de dire.
Une façon de faire.
Et une tranquillité troublante.
Un toreo de guerre.
Sans concession.
Pas de faux semblant.
Pas de cuento.
Capotazos sans pitié.
Banderilles comme des épines.
Et la puntilla pour achever.
Une parole.
De verdad.
Droite comme une arrancada.
Dure comme une lame.
Argotique comme celle des prisons.
Mais ronde comme un galet roulé au pied du phare de la Gacholle.
Et qui reste comme une belle cicatrice.
Un éclectisme.
De savoir-faire.
Torero.
Acteur.
Bistrot.
Apoderado.
Empresa.
Une solidité.
De tour sarrasine.
Construite.
Carrée.
Sans fissure.
Sans équivoque.
Et, en son sommet, una bandera en bleu et jaune portant le sceau du lion passant contourné, les griffes de la patte levée tournées vers le sol.
Un encaste.
De lujo
Des collines de Logroño les cendres d’une arrière-grand-mère le regardent.
Celles de Pedro aussi.
Lui.
Julio.
David.
Et Christian.
Ses frères.
Tous toreros.
Et qui n’oublient pas.
Un nom.
Comme un jaleo.
Marc Antoine Romero Goitia.
Patrice Quiot