Il voulait être torero.
Et ça ne l’a pas fait.
Même si, en 1982, figurant au cartel avec Olivier Baratchart, Michel Bertrand, Philippe Burgain, Evelyne Fabregas, Roger Ferreira et Olivier Martin devant des becerros de François André, il avait rempli les arènes de son pueblo.
Alors, il s’est reconverti.
Mozo d’espadas en cravate négligemment nouée et veste chiffonnée.
Revendeur de billets s’empaillant grave un jour à Dax avec José Pérez Clemente « El Canalla ».
Ayuda rêvant d’être Don Livinio.
Un peu de bric et beaucoup de broc.
Il vit en Espagne depuis près de vingt ans.
Les toros toujours dans la tête.
Une maïsse gitana avec l’accent de Dédé Prat.
Et la débrouille por delante.
Ainsi, il était le fournisseur de foie gras que continuait à fabriquer sa grand-mère décédée.
De presque tout le mundillo.
De Tarifa à Hinojos.
Et du fils du Cordobés dont il avait l’exclusive dans ce domaine.
Un carnet de commandes de clients dont le « pâté » marquait l’ascension sociale.
Un carnet d’adresse épais des mêmes.
Et qui laissait croire.
A une amitié.
Ainsi, « By appointment of His Majesty The Duck ».
A la venta « El Soldao » de San José de Malcocinado, entre Benalup et Casas Viejas,
On trouve dans la vitrine réfrigérée, à côté de la morcilla, des chicharrones, du lomo blanco, le produit sui generis étiqueté « Foie gras du Périgord ».
… A 1491 km de Sarlat !
Il bricole.
Par ci.
Par là
Dinero y poésie de comptoir.
Ainsi, il s’essaye à organiser des festivals.
Dont celui de Pomarez en 2011 avec Curro Díaz, Finito et Morenito de Aranda.
Un fracaso financier.
En fumée de cigarettes et distillats d’armagnac.
Maletilla du comercio.
Trafiquant du plaisir.
Vagabond du sentiment.
Solitaire des chemins de traverse.
Il va.
Il vient
Personnage de bande dessinée.
Nomade du paysage taurin.
Loin.
Loin des Landes, des pins.
Du stade La Fougère.
Et de la banda Esperanza pour la Ste Cécile.
Séville et Aracena.
Sa peña au nom de «El Pato, Arte y Sentimento »
Peut-être.
Et le temps qui passe.
Sonnent.
Les clarines de l’âge.
Pour le dernier tiers.
Et lui, sigue continuando.
Outrance en paillettes.
Volubilité en adornos.
Arlequinades de façade
Et solitude au centre du ruedo de la vie.
Les discours, le mousseux et les chips de la retraite.
Ne sont pas dans son ciel.
Et ses rêves pas aboutis.
N’ont pas encore l’accent de l’aigreur.
Il roule a su aire.
Rigolant de se cabosser les ailes.
Au rugueux des murs
Qui ne connaitront probablement jamais le lustre des carteles qu’il imagine.
Il est comme il est, le Pato.
Une nomenclature de l’excès.
Un Zampano de l’outrance.
Qui laisse entrevoir la tristesse d’un long hiver.
Il est comme il est, le Pato. Beaucoup se moquent de lui.
Certains le rejettent.
Pas moi.
C’est le Pato de Tyrosse.
Et Jacques Joulin
Est son nom.
Patrice Quiot