A l’issue de l’interprétation de Carmen puis de la Marseillaise, Robert Lexa « Panthère » et Claude Cancel se sont avancés jusqu’au centre de la piste. Là, ils reçurent une formidable et émouvante ovation pour avoir œuvré pendant environ 50 ans au service des arènes du Plateau de Valras. Deux « figuras » qui ne seront jamais bien loin de cette plaza, tellement elles ont fait partie de leur vie. Et de leur passion. Bonne retraite et enhorabuena aux deux…
Temps chaud, vent gênant par moments. Environ 5000 personnes. Cinq toros de Garcigrande, le 5 de Domingo Hernández, même maison, formant un ensemble inégal, tant en présentation qu’en comportement, la plupart se montrant décevants à la muleta.
Antonio Ferrera (oreille et silence) a débuté la course avec un adversaire pauvre de tête et de gabarit limité qui prit deux piques avant un brindis à l’assistance. Antonio aligna par la suite plusieurs séries bien enchainées, le bicho étalant une bonne dose de noblesse, sans manifester trop de résistance. Un labeur de pro ponctué d’un recibir. Avec le cuarto, arborant une carcasse impressionnante, on assista à un tercio de piques mouvementé dans la mesure où le Garcigrande alla taper très fort dans le matelas, le lancier se trouvant déséquilibré et une fois au sol, il se fit reprendre violemment par le toro, au point d’être évacué. S’il put finalement retrouver sa place, c’est sur le réserve que le toro fonça un peu plus tard. Pour le titulaire, Antonio Prieto, plus de peur que de mal en définitive, s’en tirant avec un susto de gala ! Par la suite, faena de tanteo contrariée par le vent, Ferrera ne tardant pas à plier les gaules, faute d’options. Débâcle aux aciers.
Manzanares (palmitas et deux oreilles) sera lui aussi victime des caprices d’Eole qui ne l’autoriseront pas à sortir le grand jeu. L’Alicantino essaya bien d’animer sa partition, sans dépasser le stade des bonnes intentions. Toro long à cadrer, puis entière. Avec le quinto, ce fut une tout autre chanson. Bien piqué les deux fois, on aurait pu penser plus tard qu’après un début de faena un peu mièvre et hésitant, les choses risquaient de ne pas trop trainer. Or, peu à peu, par petites touches, Manzana sut donner confiance à son opposant, nous offrant alors une leçon de « buen toreo », en Maestro. A partir de là, ce fut une succession de muletazos aboutis sur les deux ailes, le cirque entrant en ébullition jusqu’à l’estocade qui fit tomber deux pavillons… qui n’avaient rien de complaisance ! Dans une feria où il y eut un peu de tout, Béziers venait de trouver son indiscutable triomphateur…
Juan Ortega (silence et oreille) n’a rien pu faire au capote lors de la réception de son premier. Deux piques où le Garcigrande s’est quelque peu employé puis quelques échanges fluides à la faena, mais sans vraiment connecter avec le respectable. Bref, malgré quelques beaux gestes épars, la mayonnaise n’a pas vraiment pris, l’emploi du verdugo après entière n’arrangeant rien. Mais avec l’ultime, Juan fit apprécier sa maitrise dès la réception capotera, signant par la suite une partition bien léchée à la muleta, malgré les courants d’air, au point qu’après une demi-lame, il alla récolter une oreille, celle du mérite et des bonnes manières…
En matinée, sortie a hombros de Lenny Martin au terme d’une novillada non piquée qui comprit quelques bons moments. Mais de cela, nous reparlerons plus en détails dans le courant de ce lundi, ainsi que de tout ce qui s’est passé dans l’Hexagone taurin Dax, Roquefort, Alès…