PATRICE
La ville – 50 000 habitants – de la Communauté de Madrid, à 30 km au nord de la capitale, se situe à proximité de la Sierra de Guadarrama, sur le chemin entre le Nord et le Sud de l’Espagne.
Selon une hypothèse, les origines du nom de la localité remontent à bien des siècles ; elle était alors le lieu de passage des voyageurs qui allaient de Alcalá de Henares à Ségovie. Un vieil apiculteur vivant dans les environs commença à leur offrir le gîte.
Avec le temps, certains choisirent de s’installer en ce lieu, formant ainsi un village qui prit le nom de « el colmenar del viejo », soit en français « le rucher du vieux », qui évolua en Colmenar Viejo.
L’état-major des Forces aéromobiles de l’Armée de terre espagnole se situe dans la commune.
Colmenar Viejo.
Le 30/08/1985.
Fêtes patronales de 1985 en l’honneur de la Virgen de los Remedios.
Plaza de Toros “La Corredera”.
Lleno de « No hay Billetes ».
Il était dix-huit heures et cinquante minutes
Quand “Burlero”, de Marcos Núñez, « toro negro bragado, de buenas hechuras, acodado de cuerna, astifino, bravo y encastado, repetidor y codicioso. »
Dernier toro de l’après-midi.
Portant le numéro 24.
Et pesant 497 kilos.
Transperça le cœur de José Cubero “Yiyo”.
« Ses yeux se révulsent, le cœur coupé en deux sur huit centimètres.
Il arrive à se dégager, enfin, et court instinctivement vers la barrière soutenu par El Pali, son peón de confiance.
Il souffle :
« Celui-là m’a tué“ et s’écroule. »
« Cuando lo llevaron por el callejón a la enfermería, el gesto del torero era absolutamente cadavérico: los ojos abiertos, extraviados y la tez cerúlea. Nadie podía creerlo. » José Cubero arrive à l’infirmerie.
Mort.
Dans le même costume, « un terno color granate ribeteado de adornos negros » que celui que portait Gallito le 16 mai 1920 à Talavera.
Un an et six jours avant, à Pozoblanco, c’est José Cubero “Yiyo” qui avait tué « Avispado » le Sayalero y Bandrés de «Paquirri».
Le père du “Yiyo” ainsi que ses deux frères assistaient à la corrida.
A sa mère, prévenue de la blessure et qui demandait au chauffeur de taxi qui l’emmenait à l’infirmerie des arènes s’il avait des nouvelles, le chauffeur ne sachant pas qui elle était, lui répondit :
« Ese chico, “Yiyo”, ha muerto, lo ha matado un toro…«
Le Yiyo, n’aurait pas dû être présent à cette corrida.
Le cartel avec Antoñete et José Luis Palomar devait être complété par Curro Romero.
Le Pharaon adressa un certificat médical attestant une blessure de la veille à Linares.
Et ne vint pas.
Le « Yiyo » avait toréé le 29 une corrida d’Osborne à Calahorra et, n’ayant pas de contrat pour le 30, Justo Ojeda, l’empresa, lui avait proposé de rester à Calahorra au cas où un des toreros prévus ne pourrait faire le paseo.
Yiyo refusa et préféra rentrer le soir même à Madrid où on lui proposa le remplacement de Manzanares à San Sebastián de los Reyes le 30, ainsi que celui du même jour à Colmenar.
Il choisit ce dernier au lieu et place du « Soro » qui y avait triomphé la veille avec les Benítez Cubero et auquel on avait promis le remplacement du « Pharaon ».
Que, finalement, le Yiyo remplaça facturant un million de pesetas de moins que lui, soit deux millions sept cent cinquante mille pesetas.
Le salaire de son dernier après-midi du torero.
Dans le patio de caballos de l’arène de Colmenar Viejo était garée la “BMW”décapotable avec laquelle “Yiyo” était arrivé de Miraflores de la Sierra où, à l’hôtel « Palmy », il s’était habillé de lumières.
Pour la dernière fois.
Il avait eu 21 ans le 16 avril.
Il était matador de toros depuis quatre ans.
En mai 1983, parlant de la mort, José Cubero Sánchez confiait à Radio Nacional de España : “Vous me demandez à quel moment j’y pense ? Je peux vous dire que le soir, quand j’éteins ma lampe de chevet, quand je me retrouve tout seul, je pense qu’une corne va m’arracher le cœur.”
Datos
José Cubero Sánchez « El Yiyo » né à Bordeaux (Gironde) le 16 avril 1964, mort à Colmenar Viejo (Espagne, province de Madrid) le 30 août 1985.
Présentation à Madrid en novillada : 11 mai 1980.
Alternative : 30 juin 1981 à Burgos ; parrain : Ángel Teruel, témoin « Manzanares » ; taureaux de Joaquín Buendía.
Confirmation d’alternative à Madrid : 27mai 1982 ; parrain : « Manzanares », témoin Emilio Muñoz.
Salió dos veces por la Puerta Grande de Las Ventas, el 1 y el 9 de junio de 1983.
« El Yiyo » était fils d’émigrés espagnols installés en France, puis retournés dans leur pays natal. Il est né dans une famille de quatre enfants. Il a été l’un des premiers élèves de l’école taurine de Madrid.
Une statue de « Yiyo » a été érigée à sa mémoire, près de la Grande Porte des arènes de Las Ventas à Madrid.
Il est enterré au cimetière de La Almudena, à Madrid ; sa tombe est ornée d’une statue le représentant avec une colombe dans les mains.
Ses deux frères aînés, Juan et Miguel Cubero Sánchez, ont perpétué la tradition familiale : Tous deux ont été toreros, non comme matadors, mais comme banderilleros, notamment avec « Joselito » et José Tomás.
– Très affecté par la mort du « Yiyo, Tomás Redondo, son apoderado de l’époque, se suicida en 1989 à son domicile de la plaza de Los Mostenses, Madrid.
– Rafael Atienza qui avait piqué « Burlero » est décédé dans un accident de voiture le 29 mai 1994.
– Pablo Saugar « El Pali » a 81 ans et vit à Rozas de Puerto Real.
-Juan Bellido Romero “Chocolate”, le valet d’épée du « Yiyo », est décédé le 9 avril 2017, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Aujourd’hui, 30/08/2021 :
A Colmenar Viejo – Toros de Núñez del Cuvillo pour Morante de la Puebla, Roca Rey, Francisco De Manuel.
Patrice Quiot