Tel est leur slogan. Le message est clair, ces musiciens, réunis depuis trois ans, ont en commun la passion et sont très attachés à tout ce qui tourne autour de notre Culture Régionale, de nos traditions. Avec une place prépondérante pour le Taureau, ou le Toro.
Petit à petit, cette formation s’est fait une place dans l’animation des ferias, de soirées taurines et plus récemment, sous le nom de « Autre re’Gard Ruedo », dans l’accompagnement de corridas, bref, de tout ce qui gravite autour de la tauromachie.
J’ai récemment rencontré Anne Brunissandre Leche, saxophoniste, poumon et cheville ouvrière du groupe, qui est au four et au moulin et qui s’investit à fond dans cette démarche initiée grâce à l’idée originale du producteur de spectacles Bob Adrizza. Faisons plus ample connaissance…
« Etant alors à Béziers, je jouais à seize ans dans la Lyre Biterroise qui accompagnait les corridas et j’ai participé à des concerts internationaux. Plus tard, après avoir vécu à Bordeaux, je suis revenue dans la région nîmoise et j’ai alors découvert de près le taureau, au pré, dans les arènes, dans les fêtes locales. Je vis des moments forts en émotions avec le toro, et je réalise que cette richesse est unique, c’est pourquoi je soutiens les tauromachies ainsi que les fêtes camarguaises. Après une parenthèse de trois ans à Lyon, je suis revenue m’établir ici car c’est vers les traditions gardoises que je suis attirée et notamment pour l’activité musicale de mon mari trompettiste.
J’ai joué aussi dans des peñas, dans les apéros, dans les abrivados, dans les fêtes votives, mais ce n’était pas pareil. Ce que je souhaite avec Autre re’Gard, c’est apporter de jolies musiques qui sont en relation avec les traditions taurines, notamment au travers du costume. Il est unique, on ne le trouve qu’ici, et je souhaitais le mettre en avant dans l’orchestre.
C’est vrai que lorsque l’on fait l’entrée des arènes, ça suscite pas mal d’intérêt, on nous pose des questions, et là, c’est mon côté passionnée qui prend le dessus pour raconter le temps d’une pause les traditions taurines et les raisons pour lesquelles j’ai envie de les soutenir car il y a des choses qui sont méconnues, ou mal connues.
Avant tout, c’est une histoire de passion, d’aficion, qui m’anime. Le point de départ, ça a été l’interdiction des corridas en Catalogne, ça m’a beaucoup interrogé et je me suis dit qu’il ne fallait pas que ça arrive un jour chez nous. De là l’idée de créer un groupe de musique dans le but de promouvoir les traditions taurines et locales et de les faire découvrir autrement aux gens. Autre re’Gard, parce que j’aimerais justement que les gens portent un autre regard sur nos traditions ! Beaucoup ne les connaissent pas, ou mal, et en parlent parfois sans savoir, sans essayer de les comprendre, de les intégrer, du moins de les accepter, c’est pourquoi j’aimerais leur faire mieux connaître… Autre re’Gard aussi, avec un grand Gard, parce que nous sommes de ce département. C’est quelque chose d’identitaire, il est unique, comme plus de la moitié de notre répertoire, et personne ne met comme nous en avant le costume, qui lui aussi est unique. D’ailleurs, je fais confectionner les costumes chez nous car je considère que défendre les traditions, c’est aussi défendre le tissu économique local !
Nous sommes une dizaine, j’ai fait un recrutement autour de mon mari et moi pour recruter des instrumentistes d’excellent niveau. Il faut dire que mon mari Jean-Claude est médaille d’or de conservatoire et excellent joueur de pasodobles. Ça me faisait un peu de peine de le voir jouer dans des peñas, j’ai alors réalisé que ce n’était pas le genre de musique que j’avais envie de jouer, le pasodoble m’attirait toujours plus. Je voulais quelque chose de plus abouti, j’ai alors réuni des musiciens de grand talent, qui ont un gros parcours musical en tant que professionnels et surtout qui adhèrent au projet. La motivation a d’ailleurs été un élément fondamental dans mes choix.
Au départ, on était huit, c’est le premier noyau, puis d’autres musiciens nous ont rejoints, et pour l’anecdote, en 2010, notre premier contrat a été l’animation le 1er mai du semi-marathon de Nîmes ! C’était fabuleux d’entrer à Nîmes et à partir de là, nous nous sommes produits souvent autour des arènes et en animations de rues avec la tenue de gardian, de cérémonie ou champêtre.
Nous jouons des pasodobles anciens, sortis des oubliettes, créés pour les jeux de gardians, certains datant de la première partie du siècle dernier. Airs oubliés, mais aussi pasodobles taurins très récents, tels que « El Callejón ou encore « Asociación taurina », œuvres qui m’ont été offertes par les compositeurs eux-mêmes… On a développé notre répertoire au fil du temps au fur et à mesure de nos contrats et je me suis rendu compte qu’il y avait aussi une réelle demande pour la musique de salon, style musette, ça plait énormément aux gens qui dansent dessus, donc on a complété le répertoire de musiques taurines avec des morceaux de musette pour répondre à cette demande.
Ensuite, Paquito Leal nous a sollicités en 2011 pour animer son spectacle taurin de Saint-Etienne du Grès, c’était notre premier contact avec la tauromachie espagnole et ça m’a permis de créer un répertoire pour la corrida. J’ai alors sollicité le célèbre compositeur Abel Moreno, je l’ai rencontré à Séville et il a accepté d’être le parrain de l’orchestre ! J’en ai profité aussi pour rencontrer le directeur de la banda de la Maestranza de Séville, José Manuel Tristán, qui lui aussi nous soutient dans notre projet, et à partir de là, ça a représenté un grand pas dans la création de l’orchestre des arènes.
Notre objectif est de diversifier notre activité, à savoir les animations de rues ou de fêtes, l’accompagnement de spectacles taurins, mais aussi les concerts. Je me souviens de l’époque où j’étais saxophoniste dans les arènes de Béziers, quand on accompagnait notamment Nimeño II, c’était une grande émotion. En 2010, lorsque j’ai commencé à parler de mon projet, j’ai rencontré des personnes du mundillo à Béziers qui me soutiennent, et mon but, en premier lieu, c’est donc de reconstituer l’orchestre des arènes avec une musique de grande qualité.
En 2012, nous avons notamment animé la soirée de « Corridafrance » à Lunel et la journée de l’assemblée générale de l’Union des Clubs Taurins Paul Ricard à Méjanes… D’autre part, en ce qui concerne pour le moment l’accompagnement des corridas par « Autre re’Gard Ruedo », nous sommes engagés à Alès pour les corridas de la feria, puis à Vauvert le 7 juillet, le festival de Saint-Gilles en octobre, la fête des Toros d’Oc à Béziers, et d’autres contrats sont en cours de négociation…
J’ai un autre gros projet qui me tient à cœur, c’est de faire venir l’orchestre de Séville du maestro Tristán. On pourrait par exemple faire une première partie avec Autre re’Gard et une deuxième avec l’orchestre de Séville. Il est d’accord, et même emballé par ce projet car c’est son rêve de venir jouer en France ! Reste à trouver les budgets, les lieux et les dates, mais on va tout faire pour donner corps à ce projet. Il est clair qu’à les faire venir, j’aimerais concrétiser avec plusieurs de nos villes taurines…
Concernant notre diffusion, il est évident que nous avons pensé à faire un CD. Nous sommes en contact avec AGORILA, qui est la référence en la matière, et Jean Meyzenc, le directeur, nous a dit que l’on pourrait enregistrer quand on le voudrait. Pour l’heure, je n’ai pas encore étoffé certains pupitres et l’on fera des enregistrements, c’est prévu, lorsque tous les mille détails à régler seront au point… »
Bonne concrétisation des projets et bonne route à cet orchestre que vous rencontrerez sûrement en cours de temporada. Avec peut-être… un autre regard !!!