ARLES
Temps agréable, un quart d’arène environ. Trois novillos de Jalabert (1, 3 et 5), les trois autres de Roland et Rafi Durand, bien présentés et la plupart donnant un jeu intéressant.
Avant de détailler les combats des trois novilleros, il convient de mentionner le chaleureux accueil réservé à Juan José Padilla lorsqu’il est entré dans le callejón avant le paseo. Une ovation de gala à laquelle il répondit par des saluts appuyés, allant même en piste pour accentuer l’hommage et ce qu’il ressentait. Un moment de grande émotion, Padilla regagnant ensuite le couloir d’où il joua à fond son rôle d’apoderado auprès de Manuel Perera, le plus souvent aux côtés du diestro mexicain « El Quitos », qui lui aussi laissa à l’époque son empreinte sur la piste arlésienne, notamment pour une miurada qui fait encore parler…
Adam Samira (oreille et oreille) démarra en se faisant applaudir au capote avant que son adversaire ne donne quelques signes de faiblesse sous le fer où il fut préservé. Brindis à l’assistance d’une faena appliquée mais limitée en transmission, une série de redondos faisant ensuite grimper la note et déclencher l’harmonie. L’Arlésien subit une voltereta sans conséquences, puis se reprit bien avant de conclure par trois quarts d’effet rapide. Il reçut son second a portagayola, se faisant arracher le capote avant de poursuivre notamment par une larga de rodillas. Après deux rencontres, il brinda à Diego Ventura un trasteo décidé, comprenant, bien qu’inégal, quelques mouvements bien construits, l’ensemble étant rapidement plié par une estocade décisive. Comme on dit, les toros, il faut les tuer, et ce jour, Adam a gagné du crédit là où d’autres en ont perdu ! Résultat, une sortie par la grande porte, là où d’autres auraient pu l’accompagner s’ils avaient su mieux liquider l’affaire…
Miguel Aguilar (vuelta et saluts) a mangé la feuille avec le meilleur novillo de l’envoi à cause de son piètre maniement du verdugo. C’est d’autant plus dommage que l’on venait de voir au cours d’une faena brindée à Diego Ramos qui allait ensuite s’atteler à décorer les arènes pour les trois goyesques à venir sur deux jours, quelques gestes somptueux au cours d’une copie de bonne note. Bien piqué en deux fois, il faut dire que le novillo n’a pas donné sa part au chat et a été ovationné à l’arrastre. A noter que Marcos Prierto avait salué au second tercio. Quant au novillero mexicain, il n’est pas passé loin d’un succès majuscule… On dit que les occasions perdues ne se rattrapent plus, et c’est bien vrai si l’on tient compte du second combat de Miguel, différent, valeureux certes, mais qui n’a pas eu le même éclat. Dans un autre registre, il s’est montré sérieux, en valiente, ne manquant pas de recours, sans pour autant totalement s’imposer. Demie tendida.
Manuel Perera (saluts et vuelta) prit d’abord un Jalabert qu’il reçut genoux en terre au capote. Au second tercio, saluts de Javier Perea puis brindis au respectable d’une faena qui mit en exergue son envie et sa vaillance jusqu’à une voltereta sans dégâts apparents, reprenant un combat soutenu, bien qu’inégal, quatre pinchazos balayant ensuite tout espoir de récompense. Le protégé de Juan José Padilla alla recevoir l’ultime a portagayola par gaoneras, la bicho réalisant alors un bond prodigieux comme rarement vu ! A la pique, Gabin est sorti sous l’ovation après deux puyazos bien contenus, l’orphéon soulignant ce bon tercio. Brindis à l’auditoire, début au centre agenouillé puis âpre affrontement marqué par la décision du novillero dont l’insistance, certainement en rapport avec ses ganas, face à un opposant vite arrêté, finit toutefois par indisposer une partie du conclave. Mais on ne pourra pas lui reprocher d’avoir tout tenté pour s’imposer. Entière.
A l’issue de la course, plusieurs prix ont été remis en piste, celui du meilleur novillo à « Algar », de Durand, sorti en seconde position, et celui de meilleur novillero à Miguel Aguilar, cette dernière décision ne faisant pas l’unanimité. On peut cependant la comprendre car le mexicain a certainement exécuté les meilleurs gestes, notamment à son premier, mais n’était-ce pas quelque part un peu dévaloriser aussi les mérites d’Adam Samira qui avait coupé deux oreilles et qui s’apprêtait à sortir a hombros, ce qui je crois est synonyme de triomphe, qu’on le veuille ou non ? La comparaison vaut ce qu’elle vaut, certes, mais ne dit-on pas en sport qu’il n’y a que le résultat qui compte. Alors…