PATRICE
1971.
Tokyo.
Barrio de Saitama.
Atsuhiro Shimoyama y nait.
Rien de particulièrement original.
A treize ans.
Il devient gymnaste.
Et danseur de ballet.
Dans la ville de Yukio Mishima.
C’est bien.
Un jour.
Au cinoche.
Atsuhiro voit «Sangre y arena».
Dans sa version avec Sharon Stone.
C’est décidé.
Comme Benítez quand il avait vu «Currito de la Cruz».
Au «Ciné Jerez» de Palma del Río.
Il sera torero.
Atsuhiro achète les tomes du « Cossío ».
Dont il découpe les photos.
Qu’il placarde sa chambre.
Il fait comme beaucoup.
Et, comme pour beaucoup, sa famille ne comprend pas.
Au tout début des nineties.
Atsuhiro va plus loin.
Et part en Espagne.
A Séville.
Ville de l’éphémère.
Il a vingt-trois ans.
Ecole de tauromachie.
D’Alcalá de Guadaíra.
Et rencontre avec John Fulton.
Il devient «El Niño del Sol Naciente».
Un Quijote nippon dans la locura du toreo.
Début en public en 1995.
A Alcalá de Guadaíra.
Atsuhiro fonctionne un peu.
Il torée onze novilladas.
Et vient à Béziers.
Le 16 août mille neuf cent quatre-vingt quinze.
Dans la plaza abulense de Pedro Bernardo.
Le novillo «Vergonzoso» le rend hémiplégique du côté gauche.
A l’hôpital.
On lui annonce.
Qu’il ne pourra plus jamais retoréer.
Il n’y croit pas.
Antonio Corbacho.
L’aide à considérer sa nouvelle vie d’infirme.
Comme celle d’un samouraï.
Honneur et dépassement de soi.
Aujourd’hui Atsuhiro.
A cinquante ans.
Et vit à Séville.
De sa pension d’invalide.
Il peint.
Et est accro à Internet.
Il est marié.
A un fils.
Et trois chiens.
Qu’il rêve de pouvoir promener dans le Parque Infanta Elena.
Il rêve aussi.
De pouvoir.
Se remettre un jour devant une becerra.
Aujourd’hui, John Fulton et Antonio Corbacho sont morts.
« Pero Atsuhiro no tira la toalla.
Porque sigue pensando, viviendo y sintiendo en torero.
Sigue siendo El Niño del Sol Naciente.»
Ecrit Fernando Carrasco dans ABC de Sevilla le 23/01/2015.
Mais aucune rue.
Ni à Tokyo dans le barrio de Saitama.
Ni dans le recinto ferial de Séville.
Portera le nom d’Atsuhiro Shimoyama.
Ni celui de Taira Nono.
Ou de Masashi Yanamaka «El Terremoto de Japón ».
Patrice Quiot