PATRICE
L’expansion de la corrida dans le Nord de la France est due, pour l’essentiel, à l’Exposition Universelle de Paris de 1889.
À cette occasion, quelques éleveurs espagnols se réunirent pour financer une grande « Plaza de Toros » de 22.000 places qui, d’après les photographies de l’époque, pouvait rivaliser avec l’actuelle Plaza de Madrid.
Ce sont les arènes de la rue Pergolèse à Paris, qui succédaient à l’hippodrome de Vincennes où se donnaient des spectacles de tauromachie parodique depuis 1865, et aux premières arènes de la rue Pergolèse, construites en bois pour 14.000 spectateurs lors de l’Exposition Universelle de 1867.
La mode des corridas se répandit jusque dans le Nord de la France, notamment à Roubaix et au Havre, ainsi que le rappelait Francis Marmande dans Le Monde du 16 juillet 2010.
Les grandes arènes de la rue Pergolèse, qui pouvaient contenir 20.000 spectateurs, ne furent en activité que pendant trois ans. Mais elles drainèrent des figuras espagnoles qui, sur le chemin de Paris, accordaient des conditions abordables aux impresarios du sud de la France.
Parmi ces figuras qui se sont produites rue Pergolèse, on peut citer notamment : Luis Mazzantini, Frascuelo, Lagartijo, El Gallo, El Gordito.
Ainsi la corrida s’est greffée sur la vieille tradition tauromachique de ces régions.
Cette fin de siècle voit d’ailleurs l’engouement pour les corridas proliférer au nord d’une ligne de démarcation définie plus tard par la « tradition ininterrompue ».
Mais en cette « époque de ferveur tauromachique, » les entrepreneurs espagnols mettent à profit un courant de tolérance gouvernementale pour organiser des courses de taureaux dans des régions de France où il semble difficile d’imaginer qu’elles puissent s’implanter.
Deux corridas eurent lieu à Rochefort-sur-mer en 1897 avec la participation du torero Pepete. Mais elles furent sans lendemain. Des corridas furent organisées ensuite par Félix Robert, matador français et empresa, à Limoges, au mois de juillet 1899, et elles s’arrêtèrent là.
En revanche, les arènes de Roubaix et les arènes du Havre connaîtront une existence moins éphémère. Dans les premières, une dizaine de corridas intégrales furent montées avec Luis Mazzantini, Antonio Reverte, Guerrita et d’autres toreros moins célèbres, sans que l’on connaisse les dates exactes de chacune d’elles.
On sait néanmoins que les arènes de Roubaix furent actives de 1899 à 1901, et Mazzantini qui s’en était improvisé empresa avait organisé un combat de « taureau étique contre un lion édenté », ce que lui reprochèrent les aficionados méridionaux, car cette entreprise ridicule faisait le jeu des adversaires de la corrida.
Il est possible que Mazzantini se soit également présenté dans les arènes du Havre. De grandes contradictions entourent sa carrière et la date de ses exploits. Le Petit Journal annonce le 15 septembre 1895 qu’il est reconduit à la frontière en habit de lumières, avec sa cuadrilla, avec interdiction de courses dans le Midi.
Mais en 1899 il torée de manière certaine dans les arènes de Roubaix, selon le cartel du 18 juin 1899.
Les adversaires de la corrida se manifestèrent mettant en péril la position de tolérance adoptée en 1897 par Louis Barthou.
La S.P.A. lança de nombreuses poursuites en justice à la suite desquelles organisateurs et toreros furent relaxés.
En réponse, Monsieur Vienne, directeur des arènes de Roubaix, organisa une corrida le 8 octobre 1899 dans la commune de Deuil-la-Barre près d’Enghien-les-Bains, avec la participation des matadors Lagartijillo, Félix Robert, Llaverito.
« Il fit construire une arène démontable en bois, non pas circulaire, mais avec six tribunes les unes à la suite des autres, avec des espaces vides. Le premier taureau, Romito, de l’élevage Filiberto Mira, franchit la barrière, le couloir de protection, et se fraya un passage au milieu des spectateurs affolés. Douze personnes furent blessées dans la bousculade et la course fut suspendue par décision du sous-préfet de Pontoise. »
Les interdictions en seraient peut-être restées là si les organisateurs de corrida n’avaient récidivé l’année suivante à l’occasion de l’exposition universelle. Le 15 janvier, une proposition de loi tendant à interdire la corrida sur tout le territoire français était présentée à la Chambre des députés par Paul Charles Bertrand, député de la Marne, pour que la loi Grammont soit révisée.
C’est à ce moment-là qu’éclatèrent les incidents provoqués par la S.P.A. le 4 juin, à l’inauguration des « Nouvelles arènes d’Enghien » sur un terrain voisin des précédentes à Deuil-la-Barre.
Un Suédois, nommé Aguilin, tira au revolver sur les toreros, en blessant sans gravité un banderillero. La corrida eut lieu normalement, troublée seulement par les cris de contestataires et la trompe dans laquelle soufflait le docteur Philippe Maréchal, anti-corrida notoire.
Antonio Montes estoqua quatre taureaux, et malgré la performance médiocre de Félix Robert, la presse taurine salua une corrida intéressante.
Mais le développement de la corrida au Nord s’arrêta là, car cette « ferveur tauromachique » relevait plus d’une mode que d’une réelle afición de la part de populations férues d’« espagnolades. »
Il n’y eut aucune révolte contre la loi pour maintenir la corrida comparable au soulèvement du Midi.
Auguste Lafront rappelle aussi que l’organisation de corridas formelles entre 1898 et 1901 avait été favorisée par la baisse du cours de la peseta qui reprit de la force à partir de 1902, ce qui aboutit du Sud au Nord de la France à une diminution de moitié des spectacles tauromachiques espagnols.
Dans le centre de la France, l’Auvergne est représentée par les arènes de Vichy à partir de 1899 (30 juillet). Ces dernières ont subsisté jusqu’au XXe siècle.
Richard Milian s’y est présenté pour la première fois en novillada piquée le 17 juillet 1977 à l’âge de 17 ans.
Elles ferment en 1991.
D’autres lieux sont cités dans le Nord de la France comme ayant donné des spectacles de corrida : Maisons-Laffitte (printemps 1895, corrida privée organisée par l’industriel Lebaudy) ; Nantes (arènes de Longchamp, juillet 1906 avec Noble, Murciano et Loreto) ; Malo-les-Bains (9 août 1903 avec Carrita).
Elles n’ont néanmoins pas survécu au début du XXe siècle.
(Photo : Arènes de Roubaix : Paseo 1899)
Toros dins lou Sud
Mercredi 29/09/2021. Plaza de toros de La Real Maestranza de Caballería de Sevilla. Décima de la Feria de San Miguel. Casi media entrada, de acuerdo con el aforo permitido. Toros de Fuente Ymbro.
ANTONIO FERRERA : silencio y silencio.
MIGUEL ÁNGEL PERERA : silencio y silencio.
DANIEL LUQUE : ovación tras aviso y silencio
Incidencias: En banderillas, se desmonteró en el segundo Javier Ambel. En el quinto, hizo lo propio Curro Javier.
La reseña del « Rubio
« Ojinegro, 630 kg et 5 ans de réflexion, est franc et sincère mais il aime la baston et le combat de près. Ferrera a abandonné la démagogie pour la vertu sévillane. Mais par manque d’engagement, il sert seulement quelques passes isolées. Une entière concluante au deuxième voyage.
Le jabonero Hortelano est doux comme une savonnette à la fleur d’oranger. Mais trop fragile pour Perera qui aime les grosses cylindrées avec du moteur et qui n’arrive pas à s’accorder. Une grande estocade au premier voyage.
Levítico, six ans de réflexion, des tatouages partout et un morrillo comme le Mont Saint-Michel. Mais son péché, c’est les planches. Luque lui dégaine sept véroniques et une demie de soie qui lui font oublier d’où il vient ; trois chicuelinas du même tissu pour la mise au cheval. Cinq séries droitières magnifiques, trois moins profondes à gauche et une entière au deuxième voyage avec mort lente. Le natif de Gerena confirme son retour au plus haut niveau et sert une faena classique clean de toute scorie. Forte pétition.
Soplón lui aussi frôle l’âge de raison. Il est de mauvais poil et pour le punir Ferrera lui met deux grosses rations au cheval.
Disconcerted devant un toro qui pourtant permet, le Gaditano abrège les débats d’une épée tombée.
Vinazo a eu le temps d’étudier la géographie. Le cul aux planches, il attend les banderilleros jusqu’à une troisième paire splendide. A toro faible, Perera démuni. Pour les mêmes raisons qu’à son premier, il n’arrive pas à s’accorder. Final en deux piqûres, un tiers de l’âme et le coup de bourreau.
Guardés vient lui-aussi de rentrer au CP, mais c’est un élève franc du collier qui proteste devant certaines approximations du maître. Faena hachée mais courageuse de Luque dans un petit périmètre. Une entière au deuxième voyage. »
Patrice Quiot