Il y a quelques semaines, Monsieur Raymond Rebier, natif de Paris, a envoyé un courrier à l’attention d’Yves Lebas, directeur de l’École Taurine du Pays d’Arles. Il désirait revenir sur les lieux d’une aventure taurine vieille de 70 ans.
 
Ecoutons-le égrener quelques souvenirs de cette épopée :
 
« Curieusement, c’est le drame de Linares (Mort de Manolete) en août 1947 qui fut le déclic de ma vocation taurine.
 
Dès l’âge de 17 ans, j’ai envoyé une lettre à Monsieur Pierre Pouly, directeur des arènes, lui demandant conseil pour devenir torero !
 
Il me conseilla de passer par une école taurine ; celle d’Arles (ETA) récemment créée par Luis Muñoz, sise 33 rue des Arènes, et celle de Béziers, à la charge de Monsieur Fangeau.
 
Mon second courrier fut à destination du Directeur Mr Muñoz qui me conseilla d’avoir un travail, car les frais étaient de 1000 francs (30 euros) par mois.
 
Grâce à l’émancipation parentale (la majorité était alors à 21 ans), je descendis à Arles avec un petit pécule pour trois semaines. J’ai « campé » quelques temps dans le Jardin des Alyscamps avec pour matériel une couverture militaire et un plastique en guise de toit.
 
Je fus engagé à Hôtel du Forum par Monsieur Ogier comme homme de chambre (sic), travail le matin, une chambre sous les combles et toutes les après-midis, entraînement.
 
La promotion 1952 était restreinte : Pierre Schull, Antonio Montiel, Marcel Barré de Lille, Julien Pattarone, Bernard Gilbert Mistral.
 
L’enseignement pouvait se faire à l’heure par leçon particulière, le professeur en chef était un espagnol grand et élégant, Pedro Romero.
 
J’ai acheté mon premier costume aux banderilleros espagnols qui venaient en France.
 
Je l’ai étrenné de 52 à 54 à Istres, Lunel, Beaucaire et en levée de rideau des spectacles à Arles.
 
eta30h
 
Lors d’une capea à Fourques, un toro de Fanfonne Guillerme m’a transpercé la cuisse et scellera mon avenir de torero cet été 1954. »
 
Après cet entretien, j’ai piloté Monsieur Rebier aux arènes, au siège de la nouvelle École Taurine.
 
jl01h
 
Ayant visité la famille Ogier la veille ; grâce à la gentillesse de Patrick Laugier, nous avons pu organiser une visite au campo.
 
Au moment de notre séparation, Raymond et Rose Eliane avaient les yeux brillants en cette fin d’après-midi arlésienne, le Mistral sans doute.
 
Beau moment de vie et méditation pour nos jeunes toreros….
 
Jeudi 14 octobre 2021
 
Jacques Lanfranchi « El Kallista »