PATRICE
Front.
Plissé de nuits d’hiver.
Et d’herbe du printemps.
Sourcils.
Dessinés.
Par le fer de la garrocha.
Yeux clairs.
Des Wisigoths.
Qui découvrirent la mer.
Yeux perçants.
Pour voir.
Les veaux dans les fourrés.
Yeux irrévocables.
Pour écrire le livre.
Des tentaderos.
Oreilles.
Pour entendre.
Les meuglements.
Des combats.
Les nuits.
De pleine mort.
Et le tonnerre.
De l’orage.
De fin de sécheresse.
Nez.
De naseau.
D’alezan.
Pour respirer.
Le Levante.
De juillet.
Peau.
Vieillie.
Des mangeoires en béton.
Piel.
De habas.
Y avena.
Peau
De terre.
Sèche.
Longtemps piétinée.
Par les sabots.
Des maures.
Rides.
De soleil, de pierres.
Et de pluie.
Comme autant.
De délicates blessures.
D’un temps jamais compté.
Hautaine.
Mélancolie.
De secrète aventure.
Sur la selle.
Que rythme.
L’amble de la vie.
Bouche.
De finesse.
De manzanilla.
Bouche.
Dédaigneuse.
De la futilité.
Bouche.
Muette.
De paroles.
Mais d’où.
Sortent des murmures.
Qui franchissent l’horizon.
Et font lever.
Les têtes.
Portant les cornes.
Lèvres.
D’acier.
Et de forge.
Pour la cigarette.
Du plaisir.
Du travail bien fait.
Menton.
De distinction.
Et d’honneur.
Et cou.
En sillon de droiture.
Qui ferait fi du garrot.
Par fidélité.
Au ganadero.
Suzerain.
Mais plus encore.
A ceux.
Dont il gouverne la vie
Visage impénétrable.
Interrogeant du burladero.
Le soleil de l’ombre.
Et qui ne tremblera pas.
Quand mourra sur la piste.
Celui qu’il voit pour la dernière fois.
Gueule dure.
De tendresse.
De bois d’olivier.
Dont les racines enfouies.
Disent.
Des temps anciens.
Avec, comme il convient.
Le sombrero cordobés.
Légèrement Incliné sur le côté droit.
Patrice Quiot