SAINT-MARTIN-DE-CRAU
Demi arène environ, météo sibérienne. Corridaconcours avec par ordre de sortie des toros de Concha y Sierra, Valverde, Hubert Yonnet, Jalabert frères, Christophe Yonnet et San Sebastian.
Les arènes Louis Thiers ont été ce samedi le théâtre d’une séance collective de surgélation, et il est évident que les débats ont été, du moins en partie, tributaires de ces conditions pour le moins spéciales, pour ne pas dire désagréables… ou même exécrables. Dans ce contexte, il n’a pas été très surprenant d’avoir pu constater quelques manques liés en premier lieu aux caprices d’Eole.
A noter qu’à l’issue du paseo, une minute d’applaudissements a été observée à la mémoire de Maurice Sambain qui a beaucoup œuvré pour les toros à Saint-Martin, avant qu’Alberto Lamelas ne soit récompensé par la Unica qui lui a remis en piste un trophée comme triomphateur de l’édition précédente au cours de laquelle le Madrilène s’était mis en évidence en coupant une oreille de chacun de ses Yonnet. Dans la foulée, les représentants des critiques taurins du Sud-Est ont remis un trophée aux dirigeants de la Unica pour le travail accompli en faveur de la tauromachie à St-Martin.
Tout ceci s’est terminé par une vibrante Marseillaise exécutée par l’orchestre Chicuelo II avant la sortie du premier fauve…
Paco Ramos (silence aux deux) ouvrit le bal avec un superbe exemplaire de Concha y Sierra de 570 kg long à mettre en suerte et qui alla ensuite trois fois au cheval monté par Gabin. Plus tard, ce superbe jabonero jouera avant tout la défensive, Ramos tentant bien sans grand succès de proposer un trasteo construit, mais en définitive, il se distingua surtout par son aguante qui lui permit de résister à la menace. Entière. Il prit ensuite un castaño des frères Jalabert qui sortit avec fougue que Tito Sandoval allait ensuite parvenir à canaliser en trois rencontres applaudies. Brindis à l’assistance avant une trasteo inégal, quelques gestes aboutis sortant du lot, mais d’autres venant tiédir la note. Entière au deuxième envoi.
Alberto Lamelas (saluts oreille) prit en premier lieu un imposant Valverde de 590 kg, âgé de six ans à deux mois près, « con toda la baba », comme on dit. Le tonton se montra rapidement incierto avant trois piques poussées puis un second tercio lamentable. A la muleta, combat décidé mais improbable, marqué par la vaillance, « à l’ancienne », quoi. Entière al encuentro puis demie et un descabello. Avec un quinto cinqueño qui prit trois piques de différente intensité, de Christophe Yonnet – 580 kg -, Alberto afficha sa détermination en s’engageant dans une partie qui était loin d’être gagnée. Brindée aux travées, la faena fit ressortir sa volonté de s’imposer par petites touches, lui valant en définitive l’unique oreille de la tarde, un trophée en guise de récompense pour un diestro qui, quelles que soient les circonstances, étale un pundonor à soulever des montagnes. Demie…
Maxime Solera (silence aux deux) n’a pas passé une tarde bien confortable. Aux éléments déjà évoqués, il a ajouté les deux fois une terrible inefficacité avec les aciers. Le toro d’Hubert Yonnet – 540 kg – qu’il combattit en premier lieu prit quatre piques administrées par Jean-Loup Aillet pour un tercio applaudi. Plus tard, le toro accusera un peu le coup. Noble, il lui manqua toutefois un poil de chispa et face à lui, Maxime eut progressivement quelque mal à transmettre. Applaudissements à l’arrastre. Le diestro de Fos mit un terme aux débats avec un sérieux client de San Sebastian – 500 kg – piqué en trois fois avant une faena une nouvelle fois délicate dans sa conclusion après un labeur inégal de la part d’un torero que l’on a eu vu plus confiant.
Petite remarque au passage concernant le tercio de piques. Dans une corrida concours, le règlement impose un tracé au sol marquant les deux zones, celle du toro et celle du piquero, ainsi que plusieurs marques à respecter dans le placement correspondant aux distances entre toro et cavalier, allant de la plus proche pour le premier assaut et s’éloignant progressivement vers le centre pour les suivants.
Or, à plusieurs reprises, on a pu constater ce jour qu’après une première pique à la bonne distance, les suivantes étaient à géométrie variable. Par exemple, une deuxième avec placement au centre et une troisième plus près. Juste pour dire que s’il doit en être ainsi, autant supprimer deux choses, ce que stipule le règlement dans ce domaine, et bien entendu, la chaux nécessaire au tracé…
A noter encore que le prix au meilleur toro est resté desierto.
En matinée, première prise d’air frais avec la novillada non piquée pour quatre aspirants sur laquelle nous reviendrons. Disons qu’avec des erales de Yonnet intéressants, les jeunes ont connu des fortunes diverses, la palme allant à la jeune Estrella Magán qui a coupé l’unique oreille. Côté bétail, le second a été crédité de la vuelta posthume.