« La convoitise des richesses nous fait commettre des indignités qui nous couvriraient de honte, si, en nous les inspirant, elle ne nous apprenait à n’en point rougir. » 
 
Louis Bourdaloue / Pensées et réflexions (1704)
 
C’était.
Il y a longtemps.
Quelques dizaines d’années.
 
C’était.
Systématique tout matin.
De día de toros.
 
Dans le hall.
Des hôtels attendaient.
Les periodistas taurinos.
 
Assis dans des fauteuils.
Ils commentaient.
L’actualité.
 
Copitas.
Fumée de tabac.
Y putadas.
 
Tout le monde.
Savait.
Pour quoi ils étaient là.
 
Personne.
Cependant.
N’en parlait.
 
C’était comme ça.
Ça faisait partie de l’usage.
Dans le mundillo de l’Espagne.
 
Du début des seventies.
Où à Madrid.
Camino demandait trois millions de pesetas.
 
Parce que 
Le Cordobés.
En prenait deux et demi.
 
Quand Capea.
Était leader de l’escalafón.
Avec quatre-vingt-six corridas dans l’esportón.
 
Quand, en plein été.
A Tarazona de la Mancha.
Pour les fêtes de San Bartolomé.
 
José Fuentes, José Ruiz “El Calataveño” et Antonio Rojas.
S’envoyaient le 24 août.
Une épouvantable corrida de Pío Tabernero de Vilvis.
 
Et quand.
Dans un tunnel creusé sous la rue Claudio Coello
Une bombe de l’ETA.
 
Envoyait au ciel.
La Dodge Dart GT 3700.
De l’amiral Carrero Blanco.
 
Alors que.
Pépère revenait.
De la messe.
 
Francisco Franco.
Didacturait.
Et Julián Grimau avait été fusillé dix ans avant.
 
Assis dans les fauteuils.
Des hôtels.
Les periodistas taurinos attendaient.
 
Le mozo.
Apparaissait
Des enveloppes à la main.
 
Blanches.
Larges.
Et rebondies.
 
Il faisait le tour.
Des assis.
Dans les fauteuils.
 
«Pa’ti Juan».
« Pa’ti Miguel».
« Pa’usted Don Antonio».
 
« Vale y suerte »
Répondaient.
Les fauteuils.
 
Qui finissaient.
Leurs copitas.
Se levaient et s’en allaient.
 
Pour rentrer à leur maison.
Et y déjeuner.
Avant d’aller à la plaza.
 
Et le lendemain.
Leurs papiers.
Paraissaient dans chacune.
 
Des revues.
De la presse spécialisée.
Qui les employait.
 
Cobrar.
€a s’appelait.
En espagnol.
 
Patrice Quiot