Dimanche 19. Arènes du Soubestre, novillada sans picador d’ouverture de la saison française : lleno, 1000 spectateurs environ.
 
Six novillos des frères Gallon. Tous applaudis à l’arrastre.
 
Andoni Verdejo : une oreille après un avis et saluts après un avis.
 
Aarón Palacio :   une oreille et deux oreilles
 
Victor : une oreille après avis et vuelta après une forte pétition d’oreille.
 
Salut du ganadero au cinquième toro.
 
Le trophée du jambon de cristal a été remporté par Aaron Palacio.
 
On attendait beaucoup de cette novillada d’ouverture compte tenu du contexte et on n’a pas été déçu : succès public puisque les arènes du Soubestre étaient pleines comme elles ne l’ont été que rarement et que plus de 500 repas ont été servis par les bénévoles du club et succès artistique grâce au comportement des novillos et des jeunes gens en piste.
 
Comme l’année précédente, les novillos de Gallon ont donné un spectacle prenant, émouvant, enthousiasmant même. Bien présentés, plus forts et mieux armés l’année précédente, ils ont été aussi plus nobles et plus maniables avec une classe indéniable que l’on notait dans leurs charges profondes, répétées, munies de cette capacité trop rare à humilier. Il ne fallait pas cependant en abuser en raison de leurs forces parfois limitées, mais au contraire les soigner et savoir s’accorder à leur générosité.
 
av19h
 
Andoni Verdejo, le nouvel atout d’Adour Aficion, a fait meilleure figure à son premier passage qu’au second. Bon capeador, dans un style classique, dans ce registre, il eut du mal à construire des travaux complets et se fit toucher la muleta trop souvent. Par contre, si l’on reconstitue sa prestation, on verra qu’il eut de bons moments, s’accordant bien par moment avec l’animal. Il a de la volonté, mais cette absence de cohérence a nui à l’ensemble de sa prestation. Il connut des difficultés à l’épée puis au descabello, à son second, un toro exigeant qui lui donna du fil à retordre.
 
ap19h
 
Révélation du jour, l’Aragonais Aarón Palacio a fait justement grosse impression sur le public avisé du Soubestre. On mettra à son crédit sa décision marquée dès le départ par des largas à genoux. Avec la cape, il excelle ; il est à la fois élégant et varié avec un répertoire très large : véroniques naturellement, mais aussi saltilleras, gaoneras, chicuelinas et même un quite magnifique par faroles. Cette diversité, on la retrouve à la muleta. Il la manie avec douceur, entrant dans le tempo de l’animal, ce qui était devant les Gallon la clé du succès. Courageux, il se croise et possède un aguante qui impressionne, mais il n’y a rien de vulgaire, sa variété ne se manifeste jamais au détriment de la pureté de son toreo vraiment séduisant. Il a manié l’épée avec habileté, concrétisant ainsi un succès sur toute la ligne qui nous a fait penser à celui, l’an dernier, de Cristiano Torres. Nouvelle révélation aragonaise accompagnée d’un fort contingent de supporters venus de l’autre côté des Pyrénées.
 
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On attendait beaucoup du jeune Victor, fils d’un célèbre manadier camarguais (M. Clauzel), suivi lui aussi d’une forte délégation venue du Sud-est – la maire des Saintes Maries de la Mer avait fait le déplacement. Pour cette présentation en costume de lumières, le jeune homme aura laissé une impression positive. Il a une classe naturelle, une vraie personnalité aussi et il ne manque pas de courage. Ce sont là des qualités essentielles sur lesquelles on peut bâtir un avenir dans cette difficile profession. Même s’il se retrouva parfois en difficulté et qu’il apparut alors que sa technique était encore défaillante, jamais il ne perdit les papiers. Il sut se reprendre et se sortir avec élégance des situations difficiles. Son épée défaillante le priva d’une seconde récompense, mais pour lui aussi le bilan de cette première expérience est positif.
 
Bref, une ouverture en Gallon majeur, un très bon moment, la joie des retrouvailles d’une famille, la famille taurine, au moral intact et qu’il sera bien difficile d’abattre.
 
Le matin, les élèves de l’Ecole Adour Aficion se sont produits devant du bétail de Michel Agruna. Parmi eux Eskaitz Moreno, Luca Spagna, Hugo Alquié et Gweem Jimenez sous l’œil avisé du Maestro Richard Milian.
 
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Puis, en traje corto, Dorian Canton était invité par le club taurin local à tuer un toro de Gallon très noble, mais manquant un peu de transmission. Faena bien construite du matador d’Asson, menée dans un rythme adéquat qui porta sur le public par son élégance et sa profondeur. Un estoconazo lui valut les deux oreilles et la queue qu’il porta sous les acclamations d’un public déjà nombreux (plus de demi-arène). Les progrès du torero béarnais sont vertigineux ; sa confiance et sa volonté de faire les choses bien ne cessent de nous surprendre agréablement.
 
(Pierre Vidal – Corridasi – Photos tarde : Roland Costedoat)