Le Président nous avait prévenus : nous irions récupérer le minibus vendredi dès 16h. À 18h précises, nous procéderions au chargement.
 
Cela avait le double avantage d’installer tranquillement les sacs et le matériel de jour et surtout de nous éviter une opération longue le matin du départ, alors que nous serions encore en phase de réveil.
 
Aussi, à 18h, nous avons vu arriver les participants au stage, les uns après les autres, chacun les bras chargés de sacs, tous plus lourds et volumineux les uns que les autres… commence alors la séance de Tetris et de Rubik’s cube réunis. Tout est nécessaire, tout doit rentrer et Jean-Luc n’a pas son pareil pour trouver un petit endroit pour loger ce grand sac ou ranger des muletas sous les sièges.
 
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Durant tout ce moment, les parents regardent tout cela avec retenue, affichant un sourire mélangé d’une certaine mélancolie. A chaque stage, nous en sommes au 7ème, je l’ai vu chaque fois cet air, mais ce n’est qu’hier que j’ai réalisé ce qui pouvait se passer à ce moment précis : en tant que parent, on est forcément très heureux pour son enfant, car il va pouvoir vivre sa passion, durant une semaine, sur un rythme intensif. Mais, dans le même temps, on sait, dans son for intérieur, que l’enfant qu’on quitte ne sera plus celui que l’on reviendra chercher au retour. Il se sera enrichi d’enseignements techniques, sociaux, humains, aura vécu des expériences qui seront ses premiers souvenirs à lui… Je touchais là concrètement la fonction fondamentale du CFT, qui a toujours été considérée comme une école de vie, j’en vivais la preuve à cet instant.
 
Cette année 2023 marque le 40ème anniversaire du CFT. Bien que les finances de l’école soient plutôt modestes, nous avions envie qu’un stage puisse être organisé justement cette année. Priorité aux élèves, comme toujours !
 
Rendez-vous fut fixé ce samedi à 7h30 pour un départ au plus tard à 8h.
 
Chacun repartit pour une courte nuit, avec déjà des étoiles dans les yeux et une hâte de partir très palpable.
 
 Jour 0 : Le voyage vers Salamanca
 
J’ai toujours pensé que les toreros ne vivaient pas sur la même planète que nous. Mais, quand on voyait ce qui s’y passait, sur la nôtre de planète, ça donnait vraiment envie de rejoindre la leur !
 
Et pour cela, immanquablement dans les histoires de toros et de toreros, ça commençait toujours par 10 à 12 heures de voiture ou d’avion. C’était comme ça, une sorte de sas pour se préparer à vivre quelque chose d’inclassable.
 
Car après avoir fait la guerre au virus, nous étions désormais en train de faire la guerre aux Russes. Décidément, l’adage : » Le bonheur est dans le pré » n’avait jamais autant eu de sens. Il était urgent de retourner aux fondamentaux !
 
Alors, au moment de partir, les chauffeurs s’étaient rapidement consultés, la bonne option passait par Toulouse. C’était plus cher mais moins long, alors, ils ont opté pour le passage de l’ouest. Quant à moi, j’aurais plutôt préféré le sud, d’autant que les Espagnols avaient eu, depuis plus d’un an, une excellente idée, celle de supprimer le péage des autoroutes. Ça ne risquait pas de nous arriver ce genre de surprise, dans notre beau pays !
 
8 heures, départ de Caissargues, le Gps nous indiquant un horaire estimé d’arrivée vers 18 heures.
 
Au moment de partir, je vis au loin sur l’autoroute un très gros camion qui affichait sur sa bâche la marque « Mistouflette », cela m’amusa et je pris cela comme un signe que la journée se passerait bien.
 
Donc, en route via le passage de l’ouest ! Ce qui ne me plaisait pas dans cet itinéraire, c’est qu’en quittant Narbonne, où je venais de rattraper Mistouflette, il y avait, comme toujours, des travaux, des radars et donc des voitures ralenties.  Mais, tant pis, on avançait quand même.
 
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Aux alentours de Pau, les bords des routes étaient blancs, nos premières neiges de l’année.
 
Arrivés à la frontière, on a toujours l’impression d’assister à un cours appliqué sur la tectonique des plaques…. Des montagnes, percées de tunnels par les hommes, la mer, des vignes accrochées sur les versants hyper escarpés, des immeubles en rangs serrés, édifiés sur le moindre lopin de terre et des usines, des usines, un ciel souvent bas, gris, assez triste, avec un temps souvent maussade. Pas trop mon truc !
 
Aux alentours de 800m, de la neige mais rien de grave.
 
Puis, après la ringuette de dizaines de tunnels, la vallée plus large, les champs, mais encore des usines, beaucoup, c’est très industrieux par là, pas très glamour comme terre non plus.
 
Mais, finalement, le voyage se fait sans trop de difficultés.
 
 
À 18 heures, nous arrivons à notre hôtel dans une ambiance très chaleureuse, un peu comme des enfants arrivant chez leur grand-mère pour les vacances ! Le minibus arrive un petit moment après nous. 2 autres élèves arrivent en covoiturage.
 
Nous sommes rejoints par des anciens élèves, Nino, le Maestro Tibo Garcia notamment, qui se souviennent de leurs stages respectifs avec beaucoup de nostalgie et de plaisir.
 
À la fin du repas, Gérard se lève car il souhaite dire aux élèves combien il leur faut profiter de cette opportunité qu’ils ont : « Le CFT, c’est le pain, les brioches, le beurre et la confiture, puis, après en novillada piquée, il ne reste qu’un peu de pain, puis, ensuite, après l’alternative, le pain devient dur et il faut le couper à la scie, quand il y a du pain ! – alors, les jeunes, profitez, profitez de cette chance d’être au CFT pour apprendre tout ce que vous pouvez ! ».
 
Puis, comme à l’accoutumée, les portables sont consignés pour la nuit, pour que le repos et la concentration soient maximum, avec la bénédiction amusée des « anciens ».
 
Demain, à 10 heures, briefing sur le programme de la journée, puis séance d’entrainement physique. Le tentadero est prévu vers 15 heures. D’ici là, une bonne nuit sera la bienvenue. Le stage peut démarrer…