Madrid seule et solennelle, juillet t’avait surprise avec ta joie
De rayon de miel pauvre ; claire était ta rue,
Clairs étaient tes songes.
 
 
Un hoquet noir
De généraux, une vague
De soutanes rageuses
Rompit entre tes genoux
 
 
Ses eaux boueuses et leurs ruisseaux de fange.
Les yeux encore tout meurtris de sommeil,
Avec un vieux fusil et des pierres, Madrid,
Récemment blessée,
 
 
Tu te défendis. Tu courais
Dans les rues
Laissant les traces de ton sang sacré
Rassemblant, appelant d’une voix d’océan
 
 
Avec ton visage à jamais changé
Par la lueur du sang,
Madrid,
Comme une montagne vengeresse,
 
 
Comme une sifflante
Étoile de couteaux.
 
Lorsque dans les ténébreuses casernes,
Dans les sacristies de la trahison,
 
 
S’enfonça ton épée ardente,
Il n’y eut qu’un long silence d’aube,
Il n’y eut que le pas haletant des drapeaux,
Et qu’une honorable goutte de sang sur ton sourire.
 
Pablo NERUDA
 
(Recueil : « L’Espagne au Cœur »)
 
Datos  
 
Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes Basoalto, né le 12 juillet 1904 à Parral (région du Maule) et mort le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien.
 
Il est considéré comme l’un des quatre grands de la poésie chilienne avec Gabriela Mistral, Pablo de Rokha et Vicente Huidobro et l’un des artistes les plus influents de son siècle.
 
Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1971. Engagé au Parti communiste du Chili, dont il a été membre du comité central, il a aussi été sénateur et ambassadeur du Chili en France.
 
Il meurt douze jours après le coup d’État de 1973, selon la version officielle d’un cancer de la prostate, mais l’hypothèse d’un assassinat par empoisonnement perpétré dans le contexte de la répression politique est de plus en plus évoquée à partir de 2011 par le gouvernement chilien et des experts.
 
17 juillet 1936 : 
 
L’insurrection militaire de juillet 1936 survient après plusieurs mois de grèves, d’expropriations, de batailles entre paysans et gardes civils. Francisco Largo Caballero, chef de l’aile gauche du parti socialiste, avait demandé en juin d’armer les ouvriers ; mais Manuel Azaña avait repoussé cette proposition. Le soulèvement débute le 17 juillet au Maroc espagnol où Franco prend le commandement des troupes, après être arrivé en avion des îles Canaries via le Maroc français, mettant sa femme et sa fille en lieu sûr à Casablanca. Le putsch gagne l’ensemble de la métropole dès le lendemain. En fait seule une partie de l’Espagne s’est ralliée, c’est un échec technique. Quand l’insurrection éclate, le gouvernement républicain se trouve paralysé. Ses premiers communiqués, au bout de 24 heures confuses, se veulent rassurants, reconnaissant seulement qu’une partie de l’armée s’est soulevée au Maroc. À Séville, des travailleurs désarmés tentent en vain de s’opposer au soulèvement dirigé par Queipo de Llano. Le gouvernement, par crainte de les voir tomber entre de mauvaises mains, refuse de donner des armes aux travailleurs qui en réclament, menaçant de faire fusiller ceux qui leur en fourniraient.
 
Le gouvernement républicain tente une conciliation avec les militaires. Le président Manuel Azaña propose la mise en place d’un gouvernement de compromis à la place du Frente popular : le 18 juillet, il nomme Diego Martínez Barrio chef du gouvernement, mais doit rapidement constater l’échec de ses efforts.
 
Ni du côté nationaliste avec Mola, ni du côté républicain avec le socialiste Francisco Largo Caballero, on ne veut de compromis. L’issue guerrière est inévitable, et dès le lendemain de sa nomination, Martinez Barrio démissionne, remplacé par José Giral.
 
Le 17 juillet, à Barcelone, les militants de la CNT commencent à s’armer, dans les arsenaux et les chantiers navals. Leur détermination fait basculer de leur côté la Garde civile et la Garde d’assaut, obligeant les militaires à capituler dans cette ville qui est la deuxième du pays.
 
Quand le gouvernement décide de donner des armes à la population, celle-ci est, de fait, déjà armée.
 
Cette année-là, Domingo Ortega sera leader de l’escalafón avec 45 corridas de toros.
 
Patrice Quiot