Lleno. Toros de José Cruz, le troisième comme sobrero.
 
JUAN LEAL : oreille et oreille après avis.
 
CLEMENTE : ovation après avis et deux oreilles.
 
ÁNGEL TÉLLEZ : silence après avis et silence.
 
Belle présentation des pupilles de José Cruz, un poil disparate. L’ensemble maniable, mais manquant de force et parfois de transmission. Les plus compliqués : troisième et sixième, violents sans jamais rompre. Bon le premier, noble qui a duré.
 
jl27h
 
Juan Leal a touché le bon lot et il a conquis le public de Gamarde à ses deux passages. Le premier, amène, demandait à être toréé à la bonne hauteur et dans le tempo. Juan a été parfait dans ces deux registres et sut donner la distance nécessaire à un travail agréable et complet. Il tua d’un estoconazo foudroyant qui lui permit d’ouvrir les débats avec une première récompense. Le second était plus complexe, manso il avait tendance à partir aux planches. Juan sut le retenir et proposer un ensemble habile qui a porté sur le public parce que varié et portant sa marque de fabrique : cette entrega que nous aimons. Une entière trasera et desprendida limita le succès à un seul trophée.
 
clem27h
 
Clemente a dessiné sur le sable de Gamarde deux faenas complètes, parfaites et surtout portant la marque d’une esthétique très personnelle qui puise son inspiration dans les effluves de la marisma andalouse. Disons-le, ce fut une sorte de Nirvana, un moment de grâce céleste tombé sur le ruedo landais. Un pur instant de ce duende qu’a théorisé García Lorca…
 
Il y a chez Clément (le bien nommé) cette manière subtile de se déplacer dans l’arène, cette construction de l’intelligence comme on l’a vu nettement lors de sa seconde faena: elle s’adapte aux qualités et défauts de l’animal et surtout ce sens de la beauté, de la douceur, du tempo. Du naturel. Le toro est alors un instrument et l’artiste penché sur lui en tire ce qu’il y a de meilleur. Ce que les plus perspicaces avaient entrevu chez lui s’est épanoui dans deux grands moments de toreo, le second surtout. A ceux qui doutaient on peut dire aujourd’hui: “homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?” (Mathieu XIV,31).
 
Faenas complètes, sans accros, ni doutes, ni concessions et cela du début à la fin de ses travaux, précédées d’excellents moments à la cape maniée dans la pure tradition andalouse. La première sans doute n’a pas eu l’écho mérité, mais la seconde effectuée dans le silence reçut une adhésion totale de l’assistance ravie. On a envie de dire : « a star is born », mais on le sait le chemin est long et les embûches nombreuses sur cette route qui mène à la gloire. En tout cas, Clemente aura fait une démonstration remarquable de ses ambitions légitimes désormais.
 
at27k
 
Peu de choses à écrire sur Ángel Téllez qui toucha un lot désagréable. On voit qu’il a du recours et sans doute de bons principes, il fut en définitive ni bien ni mal, passant sin pena ni gloria, ce qui est, dit-on, le pire. A sa décharge, il était bien difficile de passer après les sommets gravis par Clemente…
 
(Pierre Vidal – corridasi – Photos : Bruno Lasnier)