GARLIN
Dimanche, novillada de printemps. 10ème année de présence des Pedraza de Yeltes. ¾ d’arène. Humidité ambiante.
Novillos de Pedraza de Yeltes, le cinquième Medicito, Nº47, vuelta al ruedo.
Jorge Molina : silence après avis et silence.
García Pulido : palmas après deux avis et deux oreilles après avis.
Christian Parejo : oreille après avis et oreille.
Une minute de silence a été respectée à la mémoire de «Marcelle», grande aficionada du Sud-ouest, et de Jean-Philippe Michel, ancien président du comité des fêtes très impliqué dans la réalisation des novilladas locales, décédé récemment. Nous les regrettons tous… et ce fut un instant émouvant.
Le matin, fiesta campera, 2/3 d’arène : 2 novillos de Pedraza de Yeltes, le 1er supérieur. Jorge Molina s’est qualifié au vote du public largement devant le mexicain Bruno Aloi.
Il existe une ranchera (chanson mexicaine) qu’aiment à faire jouer les toreros d’Amérique du Sud et qui se nomme « Pelea de gallos ». Combat de coqs : la concurrence entre deux jeunes gens ambitieux aux qualités différentes fait le sel des tardes en novilladas surtout car l’entrega l’emporte sur la maîtrise qui reste encore, comme de bien entendu, à peaufiner. C’est ce duel entre Pulido et Parejo qui a donné, surtout en fin de course, l’intérêt nécessaire à une tarde garlinoise animée et qui finit ainsi à más ; chacun gardant un bon souvenir de la journée.
L’ensemble de Pedraza était conforme à son type : sympathique de tête mais, impressionnant dans son allure haut, long, osseux, lourd. Ils firent le boulot au cheval en partant de loin et en y revenant pour la plupart avec entrain, poussant avec les reins. Le premier (le matin) provoqua un batacazo spectaculaire. Par la suite, certains se livrèrent avec générosité et avec émotion, comme ce fut le cas du lot de Pulido (deuxième et cinquième). Les autres, plus réticents, louchant vers les planches, exigeaient beaucoup par leurs charges souvent violentes.
Javier Molina avait été peu convainquant dès sa qualification et cette première impression se confirma par la suite. Souvent sur le recul, la muleta touchée, il ne put dominer véritablement son sujet. Elégant certes, il n’était pas à l’aise dans une soirée qui demandait plus d’autorité et de fermeté face à des adversaires pas commodes auxquels il ne sut imposer sa volonté. Ses lacunes répétées à l’épée sont rédhibitoires. On ne peut lui trouver dans ce tiers essentiel d’excuses, tant il fut approximatif.
Bonne surprise du jour : Pulido, qui faisait sa présentation en France. Il maitrise bien son sujet. Il toucha, il faut le dire, le duo le plus amène. On sent que le jeune homme a de l’expérience et les moyens de se sortir de situations difficiles. Il brilla à la cape lors d’un beau quite par tafalleras puis par gaoneras et construisit deux travaux très cohérents et solides embarquant ses deux adversaires dans de belles séries, rythmées et conduites par le bas. On vit ainsi les qualités des Pedraza qui lui échurent. Il fit néanmoins, comme ses camarades, durer excessivement ses travaux et tua mal le premier. Une demie-épée portée avec décision emporta le morceau par la suite.
De l’enthousiasme, du courage, une entrega qui force la sympathie chez Christian Parejo. Confronté à une rude opposition, il ne baissa jamais la garde, proposant un toreo engagé et souvent à risque. Il se fit d’ailleurs toucher à plusieurs reprises, construisant au départ un trasteo de combattant sans se dégonfler devant un dur à cuire sur la défensive qui l’attendait au tournant. Il tua en deux fois. Plus à l’aise face au dernier, il lâcha les chiens et proposa là encore un ensemble émouvant, marchant sans crainte à la corne contraire et liant de bonnes séries qui portèrent sur le public. Tuant d’un estoconazo au second voyage, il gagna ainsi le droit de sortir en triomphe.
Dans cette pelea de gallos, les deux coqs sortirent ainsi des arènes de La Porte du Béarn dans un égal triomphe.
Pierre Vidal
PS Bravo encore à toute l’équipe de bénévoles garlinois pour une organisation impeccable malgré la pluie et félicitations pour ces 700 festigarbures servies à des convives ravis.
(Pierre Vidal – corridasi – Photos : Bertrand Caritey)