ARLES
Belle matinée pascale arlésienne avec à l’appui un bon lot de toros de San Pelayo, propriété du Niño de la Capea : poids, trapío, sérieux, force, transmission…
Les cavaliers : Joao Ribeiro Telles pour le Portugal, Léa Vicens pour la France et Guillermo Hermoso de Mendoza pour l’Espagne furent tous les trois à la hauteur de leur responsabilité. 6 oreilles coupées et sortie a hombros de Léa Vicens (2oreilles) et Guillermo Hermoso de Mendoza (3 oreilles).
Joao Telles, issu d’une Dynastie de cavaleiros portugais, le plus ancien en alternative, ouvrit les hostilités. Il était opposé au N°11 né en octobre 2017 répondant au nom de Botinero.
Dans le respect des règles portugaises Telles le torea avec détermination et sincérité. Assez précis dans la pose des castigos, il toréa de face et cloua les banderilles à étrier, nous faisant admirer une cavalerie de chevaux sûrs, avec du cadre et un bon dressage. Il termina sa faena par 2 roses au caracoleo avant une entière précédée d’un pinchazo : 1 oreille.
Le N° 39 qui lui était opposé en quatrième position était plus jeune (né en mars 2019). Il le brinda à Juan Bautista et le reçut avec un lusitanien du fer de la maison pour deux châtiments, le second étant le mieux placé ; il réveilla la caste de Limeño.
Pas moins de 4 lusitanos prirent part à une faena bien construite et dominatrice dont un Coimbra et un Ortigao Costa. 1 pinchazo, une demie lame, 1 entière et deux descabellos le privèrent de trophées. Il fut cependant sollicité pour saluer aux medios pour la qualité de son travail.
Léa nous fit admirer d’excellents recortes avec sa jument Guitarra. Elle cloua avec précision deux très bons châtiments à son premier opposant qui portait le N°43, né en janvier 2019.
La Nîmoise servit une très belle faena à Botinero II. C’est avec Bético, Aladin et Deseado qu’elle cloua respectivement 3 banderilles de face, puis deux et enfin 3 roses. Le tout agrémenté de pas espagnol, de révérence, de courbette et autres déplacements latéraux. Une demie lame hémorragique clouée avec Espontaneo lui octroya 1 oreille. Le toro fut applaudi à l’arrastre.
C’est avec Cleopatra que Léa reçut le N° 6. Un des plus lourd et plus âgé car né en août 2017.
Dès son entrée en piste, Esmeraldo montra un goût prononcé pour la galopade : course folle au fil des barrières et menaces de sauter. Il sauta enfin à la porte des cuadrillas et provoqua un moment d’émotion en bousculant un agent de sécurité. Plus de peur que de mal apparemment…
La rejoneadora cloua deux castigos, le second étant le meilleur.
Diluvio entama la faena de banderilles par une série de déplacements latéraux et hanches en dedans avant de s’illustrer dans des approches de face permettant à la cavalière la pose de 3 banderilles du meilleur effet.
Deux quiebros avec Diamante pour deux bâtons longs avant de nous montrer le beau piaffer avec abaissement des hanches de Fermín. Léa cloua avec ce denier 2 courtes avant de laisser la place au fidèle Espontaneo : une demie lame et 1 descabello. 1 oreille.
Guillermo Hermoso de Mendoza toréa respectivement le 3ème et le 6ème San Pelayo.
Le N°10, né en août 2018, sortit en troisième position. Il fallut un châtiment cloué avec Alquimista pour réveiller et intéresser Esmeraldo II.
Deux banderilles de face clouées à étrier avec Ecuador (la première au 4ème passage ; la seconde fut la meilleure).
Une banderille de face en pesant sur le toro avec Basajaun.
Une banderille à la manière d’Icaro avec Ilusion, avant de laisser la place à Esencial pour deux roses et une paire de courtes à deux mains. Pour conclure avec 1 entière, ce qui lui valut 2 oreilles. Le San Pelayo s’étant amélioré au fil de la course, il fut applaudi à l’arrastre.
Sorti en dernière position, le N° 5 était né en septembre 2019. Veleto, le plus lourd et le plus puissant du lot, fut reçu avec Jibaro / 2 castigos (le premier trasero, le second en bonne place à la base du morrillo). Trois tours de piste et course poursuite bien gérés par le jeune Mendoza.
Berlin nous fit un festival de déplacements latéraux et autres contre changements de mains et hermosina avec successivement 2 banderilles clouées de face et à étrier. Avec Malbec, 1 bon bâton également avant de laisser la place à Esencial pour deux roses et une paire de courtes à deux mains rênes à la ceinture. Deux pinchazos et 1 entière : 1 oreille.
Une course harmonieuse où l’émotion fut palpable tout au long de la matinée. Avec un rythme soutenu et des toros sérieux qui firent honneur au ganadero présent. Tenus en haleine, pas un instant on ne s’ennuya. La transmission aux gradins réconcilia le public avec ce que l’on attend de cette discipline. Les cavaliers, chacun dans leur style, ont su captiver les aficionados. Tous les éléments furent réunis pour que cette matinée remporte tous les suffrages.
(Freddy Porte – Photos : Daniel Chicot)